Touxtes dans la rue pour une grève féministe générale

solidaritéS partage le constat de la Grève féministe et d’autres mouvements sociaux partout dans le monde : le capitalisme détruit nos vies et la planète. Basé sur un système patriarcal, le capitalisme ne cesse d’appauvrir les plus précaires au bénéfice des intérêts du 1% des plus riches. Non seulement il n’arrive pas à relever les défis de la catastrophe climatique, de l’intensification des guerres et des mouvements migratoires, mais en plus il en est la cause ! 

Visuel de solidaritéS pour la Grève féministe 2023

Pour lui résister et revendiquer un changement de système, solidaritéS défend un féminisme des 99 %, en lien avec les luttes d’émancipation sociale, résolument anticapitaliste et internationaliste. 

Les mobilisations féministes d’ampleur sur le plan international ces dernières années ont permis la construction de rapports de force politique sur nos lieux de vie. Sur nos lieux de travail, d’études et de formation, dans nos quartiers, dans nos familles et nos communautés ou encore dans la rue, faisons entendre nos voix. 

Prouvons, une nouvelle fois, que les mobilisations féministes sont à l’avant-garde des mouvements de résistance et de la lutte pour l’émancipation de touxtes. 

Un salaire minimum : une avancée féministe

Dans le canton de Vaud, les femmes sont deux fois plus concernées par les bas salaires que les hommes. D’une part, elles exercent souvent des métiers peu valorisés comme la vente, le nettoyage ou les services et, d’autre part, elles sont trois fois plus nombreuses que les hommes à avoir recours aux emplois à temps partiel, souvent pour pouvoir concilier vie familiale et vie professionnelle.

Ensemble à Gauche, dont solidaritéS fait partie, a donc récemment décidé de lancer deux initiatives cantonales pour introduire un salaire minimum légal. Son montant est fixé à 23 francs de l’heure. 

L’introduction d’un salaire minimum permet la revalorisation des métiers précaires, principalement exercés par des femmes, des personnes racisées et des personnes queer. Cette valorisation salariale a des effets sur toutes les étapes de la vie, car elle permet également une augmentation des rentes à la retraite. 

Pour un système de retraite solidaire et féministe

En Suisse, le système de retraite est principalement pensé sur un modèle d’activité typiquement masculin, un revenu à temps plein sans interruption dans la carrière. Les femmes, les personnes migrantes et racisées et les personnes queer dont les trajectoires de vie sont diversifiées et les carrières interrompues souffrent de bas salaires durant leur vie professionnelle et de rentes de misère à la retraite. 

À ce jour, les femmes exercent encore 60 % du travail non rémunéré. Le 1er pilier est la principale source de revenus pour les femmes retraitées ; 50 % des femmes reçoivent une rente du 2e pilier contre plus de 70 % des hommes. 

Après l’adoption de la réforme AVS 21 en automne passé qui oblige les femmes à travailler un an de plus, l’Assemblée fédérale revient avec une réforme du 2e pilier (LPP 21). Ce projet imposé par la classe capitaliste et ses élites est une trahison de plus envers les femmes : il augmente les cotisations et baisse les rentes ! Il n’est donc pas dans l’intérêt des travailleur·euse·x·s !

La réforme féministe du système de retraite que nous proposons exige de mettre fin au système de capitalisation individuelle sur lequel repose le 2e pilier. Il propose d’intégrer le 2e pilier au 1er pilier (AVS), seul pilier solidaire fondé sur la répartition

Cette fusion impliquerait le renforcement du 1er pilier, tandis qu’il intégrerait des mécanismes de bonus, seuls outils actuels permettant de reconnaître le travail reproductif (domestique, familial, care). 

Finalement, nous exigeons la prise en compte de la diversité des parcours de vie par la régularisation des personnes précarisées dans le monde du travail telles que les travailleur·euse·x·s du sexe ou de l’économie domestique et informelle.

Pour un féminisme anti-impérialiste et pour l’ouverture des frontières

Nos luttes féministes doivent prendre en compte le rôle de la Suisse et de sa place financière à l’international. C’est depuis ici qu’est orchestrée une part importante de l’appauvrissement des pays du Sud global. Les multinationales dont le siège est situé en Suisse, comme Nestlé ou Glencore, jouent à cet égard un rôle massif, comme dans la crise climatique qui touche et continuera de toucher disproportionnellement les populations du Sud global. 

Cette précarisation extrême due à l’exploitation de ressources naturelles et humaines par le patronat suisse en dehors de la Suisse mène à des mouvements de migrations.  

Arrivées en Suisse, une grande partie des travailleur·euse·x·s migrant·e·x·s se retrouvent dans des situations précaires, qui les empêchent d’avoir accès à des emplois et logements décents. 

Nous exigeons un accueil digne et la liberté d’établissement sur le territoire suisse, sans exception pour toutes les personnes fuyant des conflits, des catastrophes naturelles, des régimes autoritaires ou encore la précarité dans leur pays d’origine.

Nous dénonçons aussi l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes contre les hommes issus de ces migrations, qui suppose un Occident ouvert et progressiste face à des populations étrangères présentées comme rétrogrades et misogynes. 

Nous défendons des mesures contre les violences sexistes et sexuelles qui n’ont pas recours à la répression policière dans l’espace public. Notamment, des moyens pour la prévention et le soutien aux victimes de violences, ainsi qu’un observatoire national des violences sexistes et intra-familiales.

Pour une organisation de la vie queer, collective et solidaire

En Suisse, le principal modèle familial reconnu et valorisé par l’État est celui de la famille nucléaire, composée d’un homme (cis) et d’une femme (cis) mariés et de leur(s) enfant(s). Si l’accès au mariage pour les couples de même genre représente une avancée, cette mesure ne permet pas de dépasser ce modèle. 

Or, si la famille peut représenter un lieu de repli et de solidarité face aux attaques du néolibéralisme, elle reste le cadre de la majorité des violences sexistes, sexuelles et à l’égard des enfants. La famille nucléaire est aussi le lieu par excellence du travail reproductif non rémunéré, soit le travail nécessaire au maintien de la vie

Il est temps de penser un modèle au-delà de la famille nucléaire, qui permet de reconnaître la diversité des modes d’organisation de la vie collective et de sortir des logiques de violence et d’exploitation. 

En ce sens, solidaritéS défend l’élaboration de cadres juridiques qui reconnaissent des modes d’organisation collectifs au-delà du mariage, de la famille nucléaire et des liens de filiation génétiques. 

Nous exigeons également que ces modes d’organisation soient reconnus comme valides pour l’accès à des allocations, au partage et à l’héritage des ressources économiques et pour l’accès au droit d’asile et au titre de séjour. 

solidaritéS soutient également l’accès libre et remboursé à la procréation médicalement assistée, y compris les parcours effectués à l’étranger. 

Tract diffusé lors de la Grève féministe 2023