Chômeurs/euses argentins à la pointe de la lutte

Chômeurs/euses argentins à la pointe de la lutte

Le déclin des travailleuses/eurs organisés
comme facteur de changement social
est-il inexorable avec la montée
structurelle du chômage et de la précarité?
Le Mouvement des chômeurs/euses
argentins montre qu’il n’en est rien, à
condition d’opter pour l’auto-organisation
à la base, l’action directe et de nouvelles
formes de lutte.

James PETRAS*

Pour expliquer le mouvement des chômeurs/euses en
Argentine, il faut tout d’abord le replacer dans le
contexte du projet néolibéral qui a ravagé la vie des
travailleurs/euses et des paysans/nes dans toute
l’Amérique Latine. Lorsque le gouvernement argentin
s’est mis à suivre la ligne préconisée par les
idéologues libéraux, il a mis en place des politiques
aux effets prévisibles. Les entreprises publiques ont
été vendues et leurs nouveaux acquéreurs ont licencié
des milliers de salarié-e-s. Les unités de production
réputées non profitables, y compris les mines et les
centrales énergétiques, ont été fermées, créant
pratiquement des villes fantômes, dans lesquelles
l’ensemble des secteurs socio-économiques se sont
trouvés dangereusement affectés. Les conditions de
salaire et de travail des fonctionnaires ont été
péjorées, tandis que nombre d’entre eux/elles étaient
licenciés. Des milliers de salarié-e-s de la fonction
publique ont été des mois sans recevoir de traitement.
Les syndicats ont été attaqués et leurs membres jetés
à la rue. Les services sociaux ont été brutalement
réduits, aux dépens des retraité-e-s et de toutes celles
et ceux qui ne pouvaient payer une éducation ou des
soins médicaux privés.

Cataclysme néolibéral

Le flux d’investissements étrangers a nourri une
spéculation rampante, qui a débouché sur un crash
financier, et conduit la bourgeoisie argentine à mettre
«à l’abri», hors du pays, quelque 130 milliards de
dollars (l’équivalent de la dette publique de la nation).
Une dépression s’en est suivie, dès 1997, qui a pris la
forme d’une profonde dépression en 2001. Selon la
région, 30 à 80% de la force de travail est actuellement
au chômage ou sous-employée. (…) Partout, la
grande majorité des foyers sont tombés en dessous
du seuil de pauvreté, déjà très modeste.

Ces difficultés ont été exacerbées par le contexte politique.
Non seulement, les trois plus récents
présidents (Alfonsin, Menem, et de la Rua) ont bradé
les «bijoux de famille» de la nation aux capitalistes
argentins et étrangers, tout en démantelant de façon
agressive la législation sociale existante, mais ils ont
aussi soustrait à la justice les responsables militaires
de 30’000 assassinats et disparitions. Pour calmer les
pauvres, les deux principaux partis, radical et
péroniste, ont occasionnellement distribué nourriture
et emplois à leurs partisans fidèles, mais ceci de
façon tout à fait inadéquate.

Conditions objectives favorables

Ces conditions économiques, sociales et politiques
ont convergé avec d’autres opportunités favorables
pour produire des organisations de masse. Nous
pouvons faire une distinction entre les conditions
relativement objectives favorables à l’organisation et
les stratégies conscientes des organisations
elles-mêmes. Parmi les conditions objectives
favorables, on relèvera:

  • Une forte concentration de travailleurs/euses industriels au chômage, de jeunes non encore employés et de femmes cheffes de famille dans des quartiers largement discriminés et relativement homogènes, échappant largement à l’influence de classe de la petite-bourgeoisie.
  • Dans ces quartiers, il y avait un assez grand nombre de chômeurs/euses de l’industrie disposant d’une expérience syndicale et familiers de la lutte collective.
  • La nature prolongée de la crise a dévasté les foyers d’une telle manière qu’elle a poussé une proportion particulièrement élevée de femme à l’action militante (ceci est vrai aussi des adolescent-e-s, dont la plupart n’avaient encore aucune expérience professionnelle et se trouvaient sans avenir).
  • Ces quartiers sont situés à proximité des grands axes routiers par lesquels les biens et les travailleurs/euses sont déplacés entre les grandes villes et par-delà les frontières.

Auto-organisation et action directe

(…) [Pourtant], les organisations doivent aussi
répondre avec des stratégies et tactiques adaptées.
Le succès du mouvement des chômeurs/euses et précaires
argentins d’aujourd’hui est dû au fait qu’il a
appris par l’expérience à éviter les erreurs du passé en
s’organisant de façon indépendante, par quartier, en
maintenant son autonomie par rapport à la
bureaucratie syndicale, aux partis électoralistes et à
l’appareil d’Etat. Les syndicats, en particulier la
Confédération Générale des Travailleurs (CGT), ont
été dirigés par des groupes corrompus de dirigeants
répressifs, grassement payés, étroitement alignés sur
le régime de Menem et opposés à toute confrontation
avec le gouvernement de la Rua ou avec sa politique
régressive. Les dénonciations occasionnelles et
même les grèves générales ont été perçues par tout le
monde – le régime et les travailleurs/euses – comme
un rituel symbolique et dépourvu de sens pour «faire
un peu de bruit» avant de se soumettre. (…)

Le rejet de la politique clientéliste des dirigeants des
partis électoralistes et des syndicats est aussi un
élément fondamental pour expliquer le succès des
nouvelles organisations de chômeurs/euses, de
même que leur recours à l’auto-organisation et à
l’action directe. Le MTD (Mouvement des Travailleurs
au Chômage) a vu le jour et a continué son essor
comme un mouvement de base organisé et dirigé par
des éléments du quartier et de la ville. Il dispose de
structures très décentralisées. Chaque ville a sa
propre organisation qui s’appuie sur ses propres
quartiers. Dans un quartier, chaque ensemble de
blocs dispose de ses militant-e-s et de ses leaders
informels. Chaque ville s’organise à partir de
l’assemblée générale de ses militant-e-s actifs.
La politique est décidée en assemblée; les
revendications et l’organisation du blocage des routes
sont arrêtés collectivement en assemblée.

Couper les routes
et négocier collectivement

Lorsqu’une autoroute ou une artère principale est
désignée, l’assemblée organise le soutien du quartier.
Des centaines, voire des milliers de femmes,
d’hommes et d’enfants participent au blocage,
installant des tentes et des distributions de soupe au
bord de la route. Si la police menace, des centaines de
personnes supplémentaires accourent des bidonvilles
avoisinants. Si le gouvernement décide de négocier, le
mouvement demande que des négociations aient lieu
avec l’ensemble des piqueteros [participant à un
piquet] présents. Les décisions sont prises sur le lieu
de l’action par une assemblée.

Par expérience, les piqueteros ne font pas confiance
dans l’envoi d’un délégué, même d’un militant-e local,
pour négocier individuellement dans les bureaux du
gouvernement, parce que, comme le remarque un
leader piquetero, « ils l’achètent avec un job ». Une
fois que les revendications – généralement un quota
d’emplois temporaires financés par l’Etat – sont
satisfaites, la distribution des emplois est décidée
collectivement sur la base de critères déterminés à
l’avance et qui tiennent compte à la fois de la situation
familiale et de l’engagement actif aux piquets.
L’allocation d’emplois se fait sur une base tournante,
lorsqu’il y a moins d’emplois que de chômeurs/euses.
Une fois encore, les piqueteros ont appris par
l’expérience que, lorsque les leaders individuels
négocient et distribuent les emplois, ils tendent à
favoriser les membres de leur famille, des amis et
d’autres, se transformant en caudillos (petits chefs)
avec un mécanisme de clientèle qui corrompt le mouvement.

Des revendications immédiates

La tactique de couper les grandes routes est aussi
essentielle pour comprendre le succès du MTD. C’est
l’équivalent fonctionnel des travailleurs/euses qui
posent les outils de travail. Elle paralyse la circulation
des marchandises, autant les inputs destinés à la
production que les output destinés aux marchés
intérieur et extérieur. Le blocage du trafic constitue
aussi un événement électrifiant à proximité des
quartiers populaires. Ceux qui organisent le blocage,
comme Pepino, Hippie ou Piquete, à General Mosconi
[ville de 20’000 hab. au nord de Salta, près de la
frontière bolivienne, ndlr], sont ceux qui sont les plus
courageux pour prendre la parole et formuler des
revendications. La population du quartier les soutient,
même si elle se montre plus craintive pour
s’exprimer ; elle s’implique cependant massivement
dans le soutien au blocage le plus proche, facilement
accessible, empêchant les gendarmes d’arrêter leurs
leaders. De victimes passives de la pauvreté, de la
désorganisation sociale et des manipulations
opportunistes, elle devient active dans un puissant
mouvement de solidarité, engagée dans l’organisation
sociale autonome à la base et dans l’action politique
indépendante.

La demande immédiate du mouvement des
chômeurs/euses pour des emplois financés par l’Etat
et administrés localement est suivie d’autres
revendications : distribution de nourriture, libération
de centaines de militant-e-s du mouvement
emprisonnés, ainsi qu’investissements publics dans
les domaines de l’eau, des routes et de la santé. La
demande d’emploi va au-delà de postes temporaires
de subsistance et concerne aussi des emplois stables
avec des salaires permettant de vivre. A General
Mosconi, les leaders du mouvement ont formulé plus
de 300 projets – dont certains fonctionnent avec succès
– afin de fournir nourriture et emploi, dont une
boulangerie, organic gardens XXX, une usine de
traitement des eaux, des dispensaires dans les
quartiers, etc.

Le Mouvement des Travailleurs/euses
au Chômage (MTD)

Le MTD est devenu une force avec laquelle il faut
compter en Argentine. Il a essaimé rapidement
de Salta, Juijuy et Natanzas, vers les ceintures
suburbaines paupérisées de Buenos Aires,
Cordoba et Rosario et les « villes fantômes » de
l’intérieur. Les organisations locales ont formé
des fédérations nationales, comme le montre
l’exemple des deux congrès mentionnés cidessous.
Ce succès se fonde sur la mobilisation
de dizaines de milliers de travailleurs/euses au
chômage, l’énergie de milliers de militant-e-s
syndicaux, la part prise par les femmes et les
adolescent-e-s dans le mouvement comme participant-
e-s actifs/ves (peut-être 60% des participant-
e-s sont des femmes), ainsi que la conquête
de concessions (limitées) du pouvoir.

La force du mouvement repose cependant
essentiellement sur l’échelon local, fondé sur les
liens de voisinage, la confiance mutuelle et les
revendications concrètes. De même, son principal
atout réside dans le fait que le MTD catalyse
l’action – l’action directe – dans une société
épuisée par des politiques d’ajustements structurels
sans fin, des coupes budgétaires, de multiples
emplois mal payés, ainsi que par la corruption
et l’impuissance du Parlement, de même
que par la nature autoritaire et élitiste de
l’Exécutif. (…)

Une ville dans les mains des chômeurs

La ville est dirigée de facto par le Comité local du
MTD, tandis que les représentant-e-s officiels de la
ville ont été mis de côté. Dans certains quartiers populaires
périurbains, le MTD a pratiquement conquis
des zones quasi-libérées, où le pouvoir de mobilisation
neutralise ou est supérieur à celui de l’administration
locale, et se montre capable de défier l’Etat et
le régime fédéral sur les objets particuliers qu’il met
en avant. L’émergence d’une « économie parallèle »,
sur une échelle limitée, à General Mosconi, entretient
la mobilisation populaire d’une lutte à l’autre et offre
une idée des possibilités qu’ont les chômeurs/euses
de prendre le contrôle de leur vie, de leur quartier et
de leurs moyens d’existence.

Au-delà de ses revendications locales et immédiates,
le MTD a exigé l’arrêt du paiement de la dette et des
programmes d’austérité, l’abandon du modèle
néolibéral, et le redéploiement d’un développement
économique financé et régulé par l’Etat. Au début septembre
2001, deux congrès nationaux des groupes de
chômeurs/euses se sont tenues à Matanza et La Plata.
Ces réunions ont rassemblé plus de 2000 délégué-es
de dizaines de groupes de chômeurs/euses, de syndicalistes,
d’étudiant-e-s, d’artistes et de membres
d’ONGs. Le but était de coordonner des activités, de
partager des idées, et de forger un programme
national et un plan de lutte (voir encadré ci-après).
(…)

Précarité et organisations de classe

L’un des débats sur la force déclinante du mouvement
des travailleurs/euses met l’accent sur la prolifération
des emplois précaires, le développement du secteur
informel et le nombre croissant des chômeurs/euses.
Les leaders syndicaux mentionnent constamment la
difficulté d’organiser les chômeurs/euses, leur
manque d’emprise sur le système économique et leur
manque d’intérêt pour l’action collective. La croissance
massive du MTD en Argentine met ces affirmations
en question et soulève de nouvelles interrogations.
L’expérience argentine démontre que les
chômeurs/euses peuvent être organisés, s’engager
dans l’action collective, se donner les moyens de
paralyser le système économique, et sont capables de
négocier et d’arracher des concessions, dans une
mesure que les syndicats organisés n’ont pas atteinte
dans les années récentes.

Cela suggère que le déclin du travail a moins à voir
avec la nature du chômage et de la précarité, qu’avec
la structure, l’approche et le leadership des
syndicales. Le mouvement des chômeurs/euses
s’organise de bas en haut, en recrutant directement
dans les quartiers pauvres. Les bureaucrates
syndicaux ignorent les travailleurs/euses non
cotisants et, quand ils veulent les organiser, ils leurs
envoient des permanents. Résultat : ils n’arrivent pas
à gagner la confiance des chômeurs/euses, encore
moins à les organiser. Deuxièmement, le mouvement
des chômeurs/euses a une structure horizontale, dans
laquelle leaders et militant-e-s viennent de la même
classe et discutent et débattent en égaux dans des
assemblées ouvertes. (…)

Les armes stratégiques
des groupes «marginalisés»

Le blocage des routes est devenu la tactique générale
des groupes exploités et marginalisés dans toute
l’Amérique Latine. En Bolivie, des dizaines de milliers
de paysans et des communautés indiennes ont bloqué
des autoroutes, demandant des crédits, des
infrastructures, le droit de planter de la coca, et des
ressources supplémentaires pour la santé et
l’éducation. Pareillement, en Equateur, des blocages
massifs des routes ont répondu à la dollarisation de
l’économie et l’absence d’investissements dans les
régions de montagne. En Colombie, au Brésil et au
Paraguay, des blocages de routes, des marches et des
occupations de terres ont été combinées pour
appuyer des revendications immédiates et des
politiques de redistribution. Ainsi que pour exiger la
fin des politiques néolibérales et l’annulation de la
dette.

La Plata, septembre 2001:

Congrès national des groupes de chômeurs/euses

Six revendications immédiates appuyées par deux
blocages nationaux des routes:

  1. L’abandon des politiques d’ajustement structurel, de déficit zéro et de poursuite judiciaire contre les militant-e-s, notamment arrêtés.
  2. Le retrait du budget d’austérité.
  3. La défense et l’extension des programme d’emploi et d’aide alimentaire publics pour tous les chômeurs/euses de plus de 16 ans; l’établissement d’un registre général des chômeurs/euses sous le contrôle des organisations de chômeurs/euses réunies dans l’assemblée.
  4. Le paiement de 100 pesos [à ce moment, 1 peso valait 1 $ US, ndlr] par hectare aux petits et moyens paysans pour qu’ils puissent ensemencer leurs terres.
  5. L’interdiction de licencier.
  6. Le retrait immédiat de la police de la ville de General Mosconi.

Cinq objectifs stratégiques:

  • Le non-paiement de toute dette extérieure illégitime ou frauduleuse.
  • Le contrôle public des fonds de pension.
  • La re-nationalisation des banques et des entreprises stratégiques.
  • L’effacement des dettes des petits paysans et l’établissement de prix acceptables pour leurs produits.
  • Eviction des régimes qui affament la population et refus de tout recyclage de politiciens.

L’assemblée s’est conclue par un appel à une
grève générale de 36 heures et à la mise en place
d’un comité national pour coordonner les actions
avec la confédération syndicale dissidente, la
Central de Trabajadores Argentinos (CTA).

Ce que tous ces groupes ont en commun c’est qu’ils
sont des groupes non-stratégiques pour l’économie
qui agissent sur des aspects stratégiques de
l’économie. Les secteurs d’exportation, les banques,
les minerais et le pétrole, ainsi que certains secteurs
manufacturiers, sont les principaux capteurs de
devises extérieures (pour payer la dette) et
producteurs de revenus et de profits pour les élites.
La nourriture est importée, comme les articles
manufacturés intermédiaires et les biens de
production. Du point de vue des élites qui contrôlent
le procès d’accumulation, les activités des
paysan-nes, des chômeurs/euses, des Indien-nes,
des fermier-e-s, des petites entreprises commerciales
et manufacturières locales sont superflues,
surdimensionnées et irrelevantes par rapports aux
activités principales – exportations, transactions
financières et importation de biens de luxe. Mais ces
flux de biens et de capitaux exige le libre passage sur
les routes pour atteindre leurs marchés. Et c’est là que
les «groupes marginaux» deviennent des acteurs
stratégiques, dont les actions directes interfèrent avec
le circuit des élites et interrompt le procès
d’accumulation.

Grève de la production,
blocage de la circulation…

Les blocages routiers des chômeurs/euses sont
l’équivalent fonctionnel de l’arrêt des machines et des
lignes de production par les travailleurs/euses: l’un
bloc la réalisation des profits, l’autre la création de la
valeur. L’organisation de masse en dehors du système
manufacturier prouve la viabilité de cette stratégie
lorsqu’il échappe au contrôle des partis électoralistes
et des syndicats bureaucratisés. L’organisation
autonome, voilà la clé en Argentine et dans le reste de
l’Amérique Latine. L’expérience montre que ces
nouveaux mouvements de masse peuvent mener des
luttes, résister à une répression violente et gagner des
concessions temporaires immédiates.

La formation d’un comité national de coordination des
organisations de chômeurs/euses en Artgentine, ainsi
que d’organisations nationales similaires parmi les
paysans et petits fermiers en Amérique Latine,
montre que des mouvements locaux peuvent devenir
nationaux et se confronter potentiellement à l’Etat.

De nombreuses questions demeurent sans réponse.
Ces nouveaux mouvements peuvent-ils s’unifier en
une force politique nationale et transformer le pouvoir
d’Etat ? Des alliances peuvent-elles être forgées avec
des des travailleurs/euses urbains employés et avec
les secteurs de la classe moyenne en voie de
paupérisation afin de créer un bloc puissant pour
transformer l’économie ? Est-ce que des assemblées
locales peuvent devenir la base d’un nouveau
socialisme conseilliste?

En Argentine, le succès du Mouvement des
Travailleurs/euses au Chômage (MTD) a ouvert une
nouvelle perspective pour faire avancer la lutte dans le
contexte d’une dépression prolongée de plus en plus
grave. Avec les progrès de mouvements d’action
directe similaires qui se développent en Amérique
Latine, il n’est pas difficile d’imaginer la confluence de
ces classes « marginales » en un formidable défi à
l’empire US et à ses collaborateurs locaux.

*professeur de sociologie à Binghampton University, New York et
auteur de nombreux travaux sur le mouvement social en Amérique
Latine, le développement et les classes.

La version intégrale de cet article est disponible en
anglais sous le titre «The Unemployed Workers
Movement in Argentina
» dans Monthly Review,
53(8), janvier 1992 (www.monthlyreview.org).
Titre, intertitres, coupures et extraits encadrés par nos
soins.