La guerre et le parti socialiste

La guerre et le parti socialiste

Sous le titre «Vrai débat politique» L’Express
relatait lundi 28 janvier le débat à propos de la
politique des Etats-Unis dans le monde tenu au
dernier congrès du parti socialiste neuchâtelois.
Nous n’avons pas assisté à ce débat, mais ce qui en
est rapporté dans la presse nous fait réagir.

Dans son introduction Jean-Pierre Ghelfi (économiste
à la FTMH, mais aussi membre des conseils de la BCN
et de la BNS) a salué les interventions directes des
USA -de la deuxième guerre mondiale à l’Afghanistan
en passant par l’ex-Yougoslavie- pour en souligner
l’aspect salvateur. L’orateur a tiré un bilan globalement
positif de la campagne militaire afghane, même
s’il admet que la lutte contre le terrorisme pourrait
bien signifier « la fin des années ayant été celles de
l’apogée des droits et des libertés individuelles »
en soutien à une puissance impériale qui décide unilatéralement
d’imposer son ordre sur le monde entier
nous choque, mais il a des racines profondes dans
l’histoire du mouvement ouvrier. Porter un jugement
positif sur l’intervention militaire américaine en
Afghanistan, c’est porter un regard positif sur la colonisation
du monde réalisée à coups de canons, de
destructions et de génocides. Des courants très
importants de la social-démocratie ont toujours
défendu un tel point de vue, sous prétexte qu’il fallait
remplacer des formations sociales souvent cruelles et
condamnées économiquement (et du même coup
mettre la main sur les richesses de ces pays). Si on
regarde par la petite lunette de la conjoncture économique,
on peut toujours trouver toutes les guerres
profitables ! La politique défendue par J-P Ghelfi correspond
à celle menée par tous les socialistes à la tête
de gouvernements européens, emmenés par Tony
Blair. Certains des opposants à J-P Ghelfi ont tenté de
nuancer le propos en souhaitant « un autre gendarme
mondial»: ce pourrait être l’Europe rêvaient-ils à haute
voie. Quelle horreur!

C’est moins un « vrai débat » qu’une belle dérive.
Qui peut se réjouir des bombes américaines larguées
par tonnes sur l’Afghanistan? Qui, sinon les nouveaux
maîtres de ce pays détruit, les chefs de guerres
opposés aux Talibans? Certes les oppresseurs les
plus fanatiques ont ainsi pu être chassés, mais comment
les femmes afghanes et les populations civiles
victimes des bombardements massifs pourraientelles
véritablement se réjouir? Sauf à s’illusionner sur
la fin de l’oppression…. Et quid de la destruction du
pays ? Pertes et profits de l’histoire?

Comment peut-on voir dans l’interventionnisme arrogant
des USA quoi que ce soit de positif, à part pour
les intérêts de l’industrie d’armement?

Pas étonnant dès lors que les oppositions à la domination
américaine se soient multipliées; mais cette
réalité-là, positive, n’a apparemment pas trouvé de
place dans le débat du PSN. Le soutien à la lutte des
peuples contre l’impérialisme, le débat sur les formes
de solidarités à développer pour que les mobilisations
populaires aboutissent à une révolution émancipatrice,
est-ce pour un prochain congrès du PSN?