La droite chasse les PUS

La droite chasse les PUS

Stupeur et indignation: en fin de séance de commission
d´aménagement du Grand Conseil genevois du 9 janvier,
le député libéral Marc Muller de la chambre genevoise
immobilière, annonçait que la droite unanime, profitant
du traitement d´un projet de loi sur le plan directeur localisé
communal, entendait sous la rubrique « modification à
d´autres lois », abroger toutes les dispositions concernant
les Plans d´Utilisation du Sol (PUS) dans les deux lois qui
les ont institués. La droite voulait évidemment, par ce
procédé discret éviter le dépôt d´une loi ad hoc. Pour tous
ceux qui ne se rappelleraient pas à quel point ces PUS
sont très importants pour l´aménagement du territoire
urbain, notamment en Ville Genève, il faut rappeler quelques
faits.

Les P. U. S. un véritable outil d´aménagement urbain

Les PUS existent depuis 18 ans maintenant. C´est une
votation populaire qui les a institués. C´est Guy Olivier
Segond qui élabora un règlement transitoire en Ville de
Genève qui, subsiste à ce jour faute de règlement définitif.
Ces PUS ont permis de freiner, voire dans certains cas,
d´inverser la tendance a la disparition d´appartements
bon marché au centre-ville. En effet, cette disposition
impose, lors de toutes nouvelles constructions, un pourcentage
de logements d´environ 70 %.

De manière générale, cette loi cantonale permet aux
municipalités urbaines de lutter efficacement contre les
velléités des propriétaires privés de construire un maximum
de bureaux au centre-ville. On comprend toute son
importance, lorsque l´on sait que le rendement d´un
immeuble de bureaux est nettement plus lucratif que celui
d´un immeuble locatif. En effet dans ces conditions, la
tendance « naturelle » des propriétaires est de privilégier la
construction de bureaux au centre. Dans certains dossiers
cette législation a même permis d´obtenir des accords
avec des promoteurs pour qu´ils respectent le quota
imparti de logements à l´échelle d´un quartier. Enfin, si
ces PUS. venaient à être abrogés, il en résulterait une
impossibilité pour les autorités d´imposer l´ouverture des
arcades sur les rues. En effet, seule cette législation est
contraignante en ce qui concerne l´affectation des arcades
et leur ouverture impérative au public.

Il est évident que pour nombre de petites communes ne
subissant que sporadiquement ces phénomènes spéculatifs
cette législation ne sert guère, toutefois ces dernières
années la commune de Carouge par exemple a vu l´utilité
de cette loi pour freiner l´appétit de certains promoteurs
et a mis en route un processus d´adoption d´un tel
règlement.

Une attaque au droit d´habiter au centre-ville

Le procédé qu´a utilisé la droite pour tenter de faire passer
cette importante modification de la législation cantonale
est choquant et reflète bien leur tactique actuelle
pour mener à bien leur programme antisocial. Dans ce
cas, il s´agit d´une attaque en règle contre le droit à habiter
au centre-ville pour l´ensemble des habitant-e-s et des
couches populaires de notre cité.

Il nous faut donc organiser la résistance à la base avec les
militant-e-s, habitant-e-s de la ville de Genève et d´ailleurs,
qui savent à quel point cette législation, avec bien
entendu la loi sur les démolitions de transformation et
rénovation (LDTR), a permis à Genève, contrairement à
toutes les villes de Suisse, de récupérer les habitant-e-s
qu´elle avait perdus depuis le début des années 60.

En effet, les statistiques le démontrent: seule la Ville de
Genève a freiné puis inversé la tendance à l´expulsion des
habitant-e-s de son centre-ville. Durant toutes les années
1970 et 80 la ville de Genève a perdu nombre d´habitante-
s, et ce n´est qu´à la fin des années 80 que la tendance
s´est inversée. Aujourd´hui, dans notre canton entre les
habitants qui résident en ville et ceux qui résident à la
périphérie, il y a une relative égalité qui s´est forgée au
cours du temps. La droite veut s´attaquer au droit d´habiter
dans les villes, depuis des années nous lui avons
montré notre détermination et nous ne manquerons pas
de renouveler cette résistance.

Rémy PAGANI