Un marché prometteur: biotechnologies et génomique
Un marché prometteur: biotechnologies et génomique
Un des enjeux principaux est lié à la politique dinvestissement dans la recherche. Alors que les dépenses consacrées à la recherche par les STN ont doublé en Europe entre 1990 et 2000, elles ont quintuplé aux U.S.A dans la même période. Le fabriquant empoche en moyenne 60% du prix de vente dun médicament, et réinvestit 20 % dans la recherche, le développement et lacquisition de licences.
Depuis une dizaine dannées, une nouvelle orientation des investissements est impulsée vers lappropriation privée des connaissances du vivant et en particulier du patrimoine génétique humain. Selon Jean-Pierre Garnier, ancien directeur général de Smithklein Beecham et président exécutif de Glaxo SmithKlein, «le génome humain est en train de livrer ses secrets. Il y a une urgence à se positionner très vite pour semparer de toutes les pistes ouvertes par cette révolution des connaissances. Par ailleurs, la taille nous permet de rendre, franchement, la recherche plus productive quautrefois (…) Pour la première fois de lhistoire, nous avons à notre disposition linformation génomique, de celles qui autorisent une compréhension cellulaire de la maladie. La recherche de nouveaux médicaments est en train de passer dun stade empirique à une méthode beaucoup plus rationnelle»1.
La «nouvelle économie»
Les premiers pas de lindustrie américaine dans les biotechnologies ont été marqués par la création de nouvelles sociétés («start-ups») en lien avec la recherche universitaire. Genentech, née en 1976 sous limpulsion dun scientifique de luniversité de Californie, Herbert Boyer, et dun financier «capital
-risqueur», Robert Swanson, a initié le mouvement.2 La première génération de ces petites entreprises a fourni ainsi un savoir-faire aux grandes sociétés, qui sont les seules à posséder les moyens industriels et financiers nécessaires à la production et à la commercialisation. Ainsi, Merck, Roche et Glaxo ont conclu dans les années 80 une centaine de contrats avec les jeunes entreprises biotech. La «nouvelle économie» était alors en plein essor. Ces nouvelles sociétés à risque ont commencé lentement leur développement en Europe. Leur succès sera lié à leur degré dintégration dans le tissu industriel et au mode de commercialisation des résultats de la recherche publique.
En 1994, ces jeunes sociétés essentiellement américaines voyaient leur capitalisation boursière atteindre plusieurs centaines de millions de dollars.3 Actuellement 430 entreprises de biotechnologies sont cotées en bourse, dont 350 aux U.S.A. Près de 3000 sociétés se développent hors des marchés boursiers. En Suisse, ces entreprises biotech ont doublé entre 1998 et 2000; et ont généré 3 milliards de chiffre daffaire en 2001. On en dénombre 130 à ce jour.4 Un premier forum, «Bio-Data», sest tenu à Genève en janvier 2002, réunissant 45 entreprises de ce secteur. Ainsi, la recherche génétique devient très lucrative. Le président du Forum, Hervé de Kergrohen, spécialiste en génie génétique, pouvait affirmer : «Cest lopportunité pour les investisseurs suisses de pouvoir rencontrer les futurs Bill Gates».5
(gg)
- Le Monde, 8.4 2000
- Start-up européennes: le déclic? Luisi Orsenigo Revue Biofutur, N°194, 2000
- Capitalizing the genome, Nature Genetics, New-York, janvier 1995
- Le Temps, 23.01.2002
- Tribune de Genève, 9.1.2002