Un déni de démocratie: le contre-projet à «Avanti»
Un déni de démocratie: le contre-projet à «Avanti»
Le 8 février prochain, le peuple suisse sera appelé, entre autres sujets, à se prononcer sur le contre-projet à linitiative «Avanti». Celle-ci a été retirée par ses initiants, le contre-projet allant plus loin et plus fort. Il a été développé par la majorité de droite du Parlement fédéral contre la position initiale du DETEC et de son chef Moritz Leuenberger; qui répondait à «Avanti» en affirmant que les problèmes de congestion routière nétaient pas entre les villes ou au Gothard mais dans les agglomérations et que cétait là quil fallait faire porter leffort.
Or le contre-projet, qui va avoir lappui du DETEC et du Conseil Fédéral, ne retient le soutien du trafic dagglomérations que comme un des éléments de lamélioration des transports, limportant étant dachever le réseau de routes nationales.
Toutefois alors que linitiative précisait les travaux à entreprendre (3ème voie sur les autoroutes entre Genève et Lausanne et entre Berne et Zurich, 2ème tube au Gothard) le contre-projet se garde bien de ces précisions laissant au Parlement et à sa majorité pro-bagnoles et pro-pétrole de faire les choix pour lavenir. Pour le Gothard le contre-projet lève seulement linterdiction de nouvelles voies pourtant imposée par lInitiative des Alpes votée par le peuple en 1994. Quand au trafic dagglomérations aucune précision nest donnée sur léquilibre attendu entre trafic individuel motorisé et transports publics.
De plus certains objets inclus dans ce «fourre-tout» sont déjà traités par dautres dispositions en particulier pour le trafic dagglomérations.
Et sur le plan financier, sil est prévu de créer un fonds spécial alimenté, entre autres, par les taxes sur les carburants, aucun chiffre nest précisé (contrairement au «paquet ferroviaire» accepté par le peuple en 1998 qui était très précis). On estime à 30 milliards en dix ans la manne ainsi envisagée, mais pour quoi faire?
On est en présence dun vaste rideau de fumée. En demandant au peuple de revenir sur sa décision pour la protection des vallées alpines et en lui proposant une «boîte noire» sans précisions, la majorité de droite voudrait le voir voter les yeux fermés. Le contre-projet cest un chèque sans destinataire, sans affectation, «à votre bon coeur Messieurs-Dames et nous nous occuperons du reste»! Et ce au moment où les «allégements» de Mr Villiger portent entre autres sur les projets ferroviaires dont delui de La Praille – Eaux-Vives!
Les auteurs de linitiative «Avanti» qui soutiennent maintenant le contre-projet, en particulier le TCS, affirment leur souhait dun développement conjoint et équilibré de la route et du rail. A qui fera-t-on croire cela quand on connaît leur passé? Et à aucun moment il ne leur vient à lesprit la nécessité de réduire de façon importante le trafic automobile. LATE leur a déjà opposé la protection contre le bruit lequel atteint des niveaux intolérables. Et quand on leur parle de Kyoto, de leffet de serre et du réchauffement de latmosphère ils sortent des chiffres pour disculper lautomobile et renvoyer la cause au chauffage domestique: ne vous chauffez plus lhiver mais continuez à rouler!
Le problème est suffisamment important, grave et complexe, avec des aspects très subjectifs, pour quil ne soit pas traité hâtivement par le vote dun paquet ficelé qui risque fort de cacher une boîte de Pandore. Il faut refuser ce contre-projet et exiger du Parlement et du Conseil Fédéral quils abordent cette question sérieusement. Sinon cest la démocratie qui serait bafouée.
Michel COMTE
Quelques bons morceaux du contre-projet
[La Confédération] semploie à ce que la capacité des infrastructures de transport soit appropriée. Dans les limites de ses compétences, elle encourage le développement et lentretien des infrastructures de la circulation routière et du transport ferroviaire et contribue à éliminer les goulets détranglement.
La Construction de voies de circulation supplémentaires entre Amsteg et Airolo et les routes de contournement qui déchargent les localités du trafic de transit ne sont pas soumises à cette disposition [La protection des Alpes]. La loi règle le transfert de la route au rail.
- Un an après lacceptation de lart. 81, al. 2, le Conseil fédéral soumet à lAssemblée fédérale un programme limité dans le temps destiné à:
- achever la construction du réseau des routes nationales conformément à la liste prévue par la législation fédérale au moment de lentrée en vigueur de la présente disposition;
- accroître la capacité du réseau des routes nationales;
- accorder des contributions pour des mesures tendant à améliorer linfrastructure des transports dans les agglomérations; sont concernées les routes et les voies ferrées pour autant quelles se trouvent à lintérieur des aires touchées, quelles servent à y optimiser les transports et quelles ne puissent bénéficier dun autre cofinancement fédéral; les contributions prennent en compte limportance des deux modes de transport et contribuent à un développement urbain national équilibré.
La mise en oeuvre du programme […] sera financée par un fonds juridiquement dépendant de la Confédération et doté dune comptabilité propre. LAssemblée fédérale édicte le règlement du fonds sous la forme dune ordonnance.
Le fonds est alimenté comme suit:
- par le transfert de la moitié des ressources du financement spécial «circulation routière» dès lentrée en vigueur de lart. 81, al. 2, à titre de premier apport;
- par une partie du produit net selon lart. 86, fixée par lAssemblée fédérale.
Le montant des apports au fonds sera fixé de telle sorte que les tâches financées par le biais du fonds ainsi que les tâches visées à lart. 86 disposent de ressources suffisantes.
Le fonds ne doit pas sendetter. Sa fortune ne porte pas intérêts.