Olivier de Marcellus inculpé… C’est toute l’opposition qu’on veut criminaliser

Olivier de Marcellus inculpé… C’est toute l’opposition qu’on veut criminaliser

Des dizaines de militant-e-s, altermondialistes, syndicalistes, antinucléaires… se sont retrouvés ce 25 février au matin pour soutenir Olivier de Marcellus, convoqué au Palais de Justice de Genève pour être inculpé, dans le cadre de ce que l’éditorialiste du Courrier a qualifié de «tentative persistante et planifiée de réduire les droits démocratiques sous prétexte de maintien de l’ordre» et de ce que celui de la Tribune qualifiait de «virage dangereux» de la justice!

Dans notre dernier numéro nous avons mis en lumière les origines de la loi d’exception (votée en 1941 par un parlement dont la gauche avait été exclue et sous l’inspiration du Conseiller d’Etat libéral, responsable du massacre du 9 novembre 1932) dont on a invoqué dans cette affaire l’art. 26 qui punit l’incitation publique à la désobéissance par un fonctionnaire et dont l’utilisation aujourd’hui est sans précédent.

L’inculpation d’Olivier de Marcellus, dont la position constante à l’occasion du G8 a été celle du Forum social lémanique: appel au «défilé pacifique» qu’a été la grande manifestation anti-G8 et à des «sit-in ou autres types de blocage non violents des accès au sommet», précisant l’opposition du FSL «à toute atteinte aux personnes ou aux biens», jette un éclairage cru et préfigure la mise en œuvre des projets de la droite genevoise, qui entend aujourd’hui faire adopter une nouvelle loi particulièrement liberticide visant le droit de manifester (v. ci-contre) et dont l’un des représentants, l’avocat libéral Lüscher, représente les «parties civiles» prétendument lésées par la faute d’Olivier de Marcellus.

Il a été inculpé, la semaine dernière, pour l’incitation à la désobéissance civile, mais aussi au motif d’émeute, de dommages à la propriété et de violation de domicile. Or à la question de savoir quels dommages concrets, «émeute», «domicile» violé lui étaient attribués, comme instigateur, le juge s’est contenté de répondre, que ces choses étaient «dans le domaine public»… à défaut d’être dans son dossier. Autre aspect scandaleux, on reproche aussi à Olivier sa participation à plusieurs manifs postérieures au G8, qui se sont déroulées sans aucun problème: par exemple le rassemblement de protestation de quelques dizaines de personnes devant le Consulat de France à l’occasion de l’arrestation de José Bové, ou le piquet en septembre dernier devant l’OMC, avec des militant-e-s paysans de Via Campesina, au moment du sommet de Cancun…

A côté d’Olivier, nous sommes des centaines, voire des milliers, à Genève contre lesquels on pourrait porter de telles «accusations». Dans cette affaire, faisant bon marché du droit, la justice genevoise apparaît dans le rôle d’un instrument docile d’une politique antidémocratique de criminalisation de l’opposition au cours néolibéral dominant. Elle se met au diapason d’une droite qui – jusqu’au parlement – sabre les droits de l’opposition par une série de mesures antidémocratiques, dont l’une des dernières a été la suppression des «interpellations urgentes» permettant aux député-e-s de questionner publiquement le gouvernement genevois… La résistance est à l’ordre du jour!

(pv)