Prendre l’argent là où il est, si compliqué que ça?

Prendre l’argent là où il est, si compliqué que ça?

Dans son édition du 7 février, l’Express/Impartial
donne la parole, en libre opinion, à Monika Maire-Hefti, la nouvelle
présidente du Parti socialiste neuchâtelois (PSN). Le titre «Une
situation bien compliquée
» illustre l’embarras des
socialistes face à un Conseil d’État à majorité de
gauche qui applique une politique néolibérale absolument orthodoxe,
et qui, pour rétablir un équilibre budgétaire, coupe dans
les prestations sociales, diminue les subsides aux personnes les plus démunies
et entend réduire de 10% le personnel de l’État.

Mais Monika
Maire-Hefti se réfugie derrière le même argument
que le Conseil d’État: «Le peuple neuchâtelois
a plébiscité il y a moins d’une année des mécanismes
de frein à l’endettement. Ainsi 85% des votant(e)s ont clairement
indiqué qu’il fallait assainir les finances cantonales et limiter
drastiquement les déficits. Tous ces gens se seraient-ils trompés?
La nouvelle majorité devrait-elle se moquer de cette décision
démocratique?
»

C’est passer sous silence au moins trois
faits:

  • le Parti Socialiste Neuchâtelois a défendu, avec
    toute la droite, ce «frein à l’endettement» qui
    est aussi et surtout un frein à de nouvelles recettes (pour tout nouvel
    impôt, il exige du Grand Conseil une majorité inatteignable des
    3/5). Le PSN a soutenu ce mécanisme au Grand Conseil (ancienne majorité);
    puis, lors des votations en juin, alors que la majorité avait changé,
    il a refusé d’expliquer que cet instrument était un piège
    tendu par la droite. Celle qui, pendant des années, a multiplié les
    cadeaux fiscaux aux fortunés et aux entreprises en vidant les caisses
    de l’État, tout cela en prenant des décisions à la
    majorité simple. En juin 2005, le PSN a appelé les Neuchâtelois-e-s à voter
    OUI; maintenant il se réfugie derrière «l’avis
    des électeurs et électrices
    » qu’il a contribué à tromper…
  • Il
    n’y aura pas de solution pour défendre une politique
    sociale sans trouver de nouvelles recettes. Mais dans sa prise de position,
    Monika Maire-Hefti évite d’aborder le sujet. Serait-ce pour ne
    pas parler du présent refus du PSN de participer à la préparation
    d’une initiative cantonale pour un impôt sur les grandes fortunes?
    Combien de temps le PSN cherchera-t-il à se dérober à cette
    question?
  • Monika Maire-Hefti se garde aussi bien de rappeler que le PSN
    a signé un programme électoral en 12 points avec PopVertsSol.
    Aucun de ces points n’a pu être réalisé à ce
    jour, alors que 4 points avaient été présentés à la
    presse comme des «réalisations immédiates en cas de
    double majorité de la gauche
    ». Pour l’heure, la nouvelle
    présidente du PSN croit peut-être rassurer les Neuchâtelois-e-s
    qui ont voté à gauche en leur annonçant que le PSN vient
    de tenir un congrès extraordinaire consacré à la politique
    sociale…

Henri VUILLIOMENET