TPG : Vert... Libéral contre rouge écolo!
TPG : Vert… Libéral contre rouge écolo!
Le 19 mai dernier, le Grand Conseil genevois a admis la recevabilité, sur le plan légal, de l’initiative pour des transports publics gratuits, tout en l’assortissant d’un préavis, sans précédent à ce stade de la procédure parlementaire, la déclarant «inexécutable». Ce débat a été l’occasion pour les Verts et les socialistes de fustiger le caractère «irréaliste» de la proposition et pour la commission législative – comme l’écrit sa rapporteuse PS – d’émettre en considérant selon lequel: «La réalisation de l’initiative est de nature a créer des difficultés importantes, pour le Canton de Genève, à l’heure ou des économies drastiques sont recherchées de toute part.»
A signaler que ce besoin d’«économies drastiques» n’a – par contre – pas embarrassé les ténors de la droite patronale, quand il s’est agi, lors de la séance du 9 juin du parlement cantonal, de remettre en selle l’idée d’une nouvelle traversée routière de la rade pour «accompagner», à coups de centaines de millions, la croissance projetée du trafic à Genève de plus 40% d’ici 2020.
Un reniement… radical!
Pour en revenir au chapitre de l’irréalisme, l’idée que la majorité actuelle du Grand Conseil puisse adopter le «contre-projet» des Verts est évidemment non pas «irréaliste» mais impossible! Comme aussi l’idée que leur proposition de taxe recevrait la bénédiction dérogatoire au droit fédéral de la majorité des Chambres, nécessaire à sa mise en oeuvre. Ainsi, l’exercice politique auquel les Verts se sont livrés est avant tout propagandiste, l’occasion de défendre un certain nombre d’idées… et d’en renier aussi. Sur ce dernier point, on peut en effet rappeler que le programme municipal des Verts en Ville de Genève, portant sur la législature 1999-2003, mettait en avant la nécessité de «tendre vers la gratuité des transports publics comme cela se fait à Hasselt en Belgique.» Aujourd’hui, les Verts pensent apparemment qu’il est indispensable de «tendre»… dans l’autre sens pour «échapper» comme l’a dit leur président à l’«opposition absurde entre transports publics et privés.»
Ils avancent notamment trois objections de fond aux idées des initiants. Evoquons-les rapidement. Première idée, celle que le prix ne serait pas un élément décisif pour obtenir un transfert modal en direction des transports en commun. Pourtant, l’expérience genevoise a montré que l’introduction en 1986 de la carte de «libre parcours» des TPG pour 45 francs par mois a eu – à l’époque – un effet fantastique sur l’augmentation du nombre des passagers des TPG et le développement souhaité des transports publics.
Pas d’arrosage
Deuxième idée «verte», que l’initiative «pratiquerait la politique de l’arrosoir» et qu’ainsi «on subventionne tous les utilisateurs, même ceux qui peuvent se payer un abonnement de bus.» Objection classique – de droite – à tout service public gratuit. A quand – sur cette inquiétante lancée – un soutien des Verts à la suppression de la gratuité de l’école publique qui «arrose» tout le monde. Cette objection est assortie du considérant incongru selon lequel la gratuité «conforte l’idée que le bus est le transport du pauvre par opposition à la voiture qui est le transport du riche.» et que ce serait dégradant. Alors qu’au contraire, l’idée que les transports en commun sont un moyen de transport essentiellement populaire est évidemment positive.
Sus au prolo pollueur
Enfin, les Verts avancent l’idée que si le bilan environnemental des transports en commun est meilleur que celui de la bagnole, ils n’en restent pas moins un facteur de pollution et qu’au nom du principe «pollueur-payeur» il faut que les utilisateurs des TPG continuent à payer pour compenser ce «coût environnemental». Position en apparence impeccablement écologique: en effet, même les transports en commun servent – pour partie – à une mobilité inutile et antiécologique Mais celle-ci est largement contrainte par des raisons liées à l’aménagement du territoire et à l’organisation sociale et économique. Celui qui, forcé d’habiter en périphérie prend les TPG pour aller travailler à des kilomètres de chez lui est-il bien le «pollueur» responsable qu’il faut faire payer? Cette problématique du combat contre les transports et la mobilité inutile, nous avions proposé de l’inscrire en 2003 dans la «conception générale de l’énergie» dont est doté le canton. Les Verts ont alors… refusé d’appuyer cette idée! n
Pierre VANEK