Transports publics gratuits: mauvaise réponse des verts

Transports publics gratuits: mauvaise réponse des verts

Les Verts qui prétendent partager les préoccupations des auteurs de l’initiative cantonale sur la gratuité des TPG estiment que ce projet est une «mauvaise réponse à un vrai problème». Vraiment? En tout cas, leur réponse – sous forme de proposition de «contre-projet» à l’initiative – va à l’encontre du volet social qui était largement contenu dans l’initiative de solidaritéS et des Communistes.

En effet, elle place tous les usagers de la route, riches ou pauvres au même niveau, une même taxe forfaitaire de 450 Fr. par tête permettrant de se procurer une «carte multimodale» donnant accès au droit de circuler ou d’utiliser tous les modes de transports privés ou publics à Genève.

Le multimillionnaire payerait donc, dans cette idée, le même prix qu’un petit artisan ou qu’un étudiant qui peine à joindre les deux bouts. Les Verts proposent sans sourciller de faire rentrer de l’ordre de 150 millions de francs dans les caisses de l’Etat de Genève, sous la forme d’une «poll tax» ad hoc. On se demande bien si nos ex-partenaires se souviennent encore d’avoir contribué à faire signer quelques initiatives cantonales pour plus de justice fiscale… Certes, la volonté affirmée par les Verts d’améliorer l’offre des transports publics est louable et on peut trouver positive leur volonté de rendre gratuits les TPG pour des jeunes de moins de 16 ans, de ne pas demander de billet entre 21 et 6 heures ou encore d’induire des rabais tarifaires pour «certaines catégories de la population»… quoique ce dernier point nous renvoie à ce que d’aucuns qualifient dans certains milieux bourgeois de bonne charité chrétienne…!

Pourtant de vraies solutions existent!

Il est tout de même étonnant que cette initiative qui faisait partie, il y a quelques années, des propositions des Verts trouve aujourd’hui une aussi mauvaise réponse alors que tout autour de nous des villes ou des communautés urbaines réalisent la gratuité des transports en prônant d’excellentes solutions de financement. A 70 kilomètres de Genève, les communes et les remontées mécaniques de la vallée de Chamonix financent, SNCF comprise, la gratuité des transports publics et aux Etats-Unis, les commerçants de Seattle passent à la caisse et paient les lignes de bus desservant la ville. Nous avons proposé à Genève une taxe d’aéroport pour soutenir cette gratuité et nous ne sommes pas en retard là-dessus, puisque la France propose également un prélèvement de ce type pour participer à la lutte contre le sida dans les pays du Sud, une excellente idée au demeurant! L’aéroport de Genève, l’un des plus grands pollueurs de la région qui annonce fièrement, cette année, avoir atteint le seuil des 10 millions de passagers est tout à fait à même de faire cet effort en faveur d’une diminution sensible du dioxyde de carbone, d’azote et des redoutables particules cancérigènes PM 10 et 2,5 dans notre canton. Cela rejoint d’ailleurs tout à fait l’esprit de nombre de dispositions figurant dans le protocole de Kyoto.

Du courage, que diable!

Alors, nous le disons: un peu de courage que diable… Notre planète est entrée, selon le prix Nobel de chimie Paul Crutzen, dans «l’Anthropocène» une période géologique qui risque d’être fatale à l’humanité! Dans 40 ans, les réserves de combustibles fossiles seront épuisées; un gigantesque nuage de cendres, d’acides et d’aérosols, épais de trois kilomètres, recouvre toute une partie de l’Asie; le taux de métaux lourds (plomb, mercure, cadmium), pesticides et détergents dans les océans a atteint des records historiques; les glaciers fondent à grande allure… allons-nous rester là sans rien faire, nous contenter de quelques vœux pieux figurant dans les invites de quelques motions ou de quelques projets de loi? L’initiative pour des transports publics gratuits, en réalisant un report modal compris entre 20 et 30% de la circulation automobile en faveur des transports publics, qui induirait une diminution de 100 000 tonnes de dioxyde de carbone par année, apporte une bonne réponse locale à ce problème. Il convient donc de la réaliser entièrement en s’adressant à l’un des plus gros pollueurs de notre canton, l’aéroport! Il en va de l’avenir de Genève et de toute notre région.

Christian ZAUGG

P.S. Il existe à solidaritéS Genève un groupe de travail environnement qui se réunit le troisième mercredi de chaque mois et qui est ouvert aux membres et aux sympathisants-e-s. Venez l’enrichir de vos propositions!