1er juin au Port-Noir: pauvres sabstenir !
1er juin au Port-Noir: pauvres s’abstenir !
Le Conseil d’Etat genevois continue à clamer haut et fort qu’il n’entend pas «réduire l’éventail et la qualité des prestations servies à la population» mais avalise la disparition, depuis le 1er janvier dernier de deux aides financières pour les bénéficiaires de l’assistance (allocation de transport et forfait vêtements). Devant la péjoration de leur situation, des «bénéficiaires» de l’aide sociale se sont organisés avec l’appui des syndicats SIT et SSP/VPOD et ont déposé auprès des autorités, en avril, un «livre blanc» de leurs difficultés à vivre dans la dignité: ainsi ce père de famille pour qui les coupes représentent la somme de 600 Fr. (soit de l’aide de l’Hospice) et qui conclut «quand on vit avec le minimum, cette perte ne rend pas seulement les fins de mois difficiles, elle rend la vie angoissante.»
Le 1er juin, les autorités politiques et militaires de la République genevoise commémoraient l’arrivée des Suisses au Port-Noir, venus en 1815 aider les patriciens à restaurer l’ancien régime.
Une vingtaine de bénéficiaires de l’aide sociale et quelques syndicalistes étaient au rendez-vous, saisissant cette occasion pour rappeler aux autorités que cette année, comme en 1815, les plus humbles et les plus démunis ne sont pas de la fête! Ils voient leurs droits restreints, leur précarité accentuée dans la Genève de l’ouverture, de la démocratie, de la générosité que vante le discours officiel.
Pour dénoncer l’indifférence que rencontrent leurs difficultés et l’hypocrisie officielle, à l’arrivée du gouvernement sur la Neptune, deux banderoles sont déployées face au lac. Un cordon de policiers sont venus en hâte, et en fourgon grillagé, sévir contre cette «manifestation non autorisée» et empêcher tout contact avec les autorités. On ne peut que marquer son désaccord avec les propos ronflants sur les vertus sociales de Genève!
Au moment de la dispersion, la police intervient: contrôle d’identité, intimidation, recherche de responsables, menace de contraventions. Pour les bénéficiaires de l’aide sociale, déjà spoliés d’une part de leur dignité, nul droit de dire leur détresse sans encourir de menaces, sans être soumis à l’intimidation répressive de la police.
Ils reviendront pourtant le 14 juin manifester contre la nouvelle baisse des prestations qui est déjà programmée pour le 1er juillet! (aj)