Sortir du nucléaire par la voie Leuenberger? Le principal intéressé dément...
Sortir du
nucléaire par la voie Leuenberger?
Le principal intéressé dément…
Lundi 3 septembre, le ministre PSS Moritz Leuenberger a mis en
consultation une liste de mesures concernant
lefficacité énergétique et
laugmentation des énergies renouvelables. Nombre
des mesures préconisées, mises en consultation
à la veille des élections et non
décidées comme lont laissé
entendre certains médias, sont sans aucun doute positives et
méritent dêtre soutenues. Nous aurons
loccasion dy revenir.
Le problème se situe au niveau du cadre, des objectifs et
des moyens. Sur ce plan, le Communiqué du
département de Moritz Leuenberger précise bien
que le cadre cest celui de la décision du Conseil
fédéral de prétendue
«réorientation» de la politique
énergétique suisse, prise en février
et qui confirme que le Conseil fédéral «continue à miser sur
lénergie nucléaire»
et quil «estime
nécessaire de remplacer les centrales nucléaires
existantes ou den construire des nouvelles».
Ainsi, il est permis de sourire de lapparente
naïveté de Leuenberger qui, sur son blog perso dit
sa «surprise » du fait que «les journalistes ont surtout
voulu savoir si ces mesures permettraient de faire
léconomie dune nouvelle centrale
nucléaire.» Et, à cette
même question au TJ, Leuenberger répond
quil faut «être
réaliste» et que ses mesures
permettraient, au mieux, d«éviter
davoir un centrale nucléaire de plus».
Ainsi, ce plan ne se présente pas comme permettant
déviter lun des termes de
loption nucléaire du Conseil
fédéral celui du remplacement des centrales
existantes.
Pas de réduction de la consommation
électrique
Face au spectre agité de la «pénurie
énergétique» fondée sur le
postulat de référence dune croissance
massive de la consommation énergétique et
notamment électrique, le scénario de Leuenberger
parle defficacité
énergétique accrue, mais nenvisage pas
de réduire la consommation électrique, mais
simplement de la «stabiliser» si possible
à son niveau actuel. Sur le plan des sources renouvelables
délectricité, ce scénario
ne vise pas à se substituer au nucléaire
existant, mais aux «nouvelles centrales
nucléaires» supplémentaires
considérées comme simposant
naturellement. En plus, on ne se fixe pas un but, en
définissant les mesures pour latteindre, mais on
évoque des mesures en disant qui si elles sont prises, et si
ça marche, on atteindra éventuellement cet
objectif. Il est vrai quavec la
libéralisation-privatisation électrique,
imposée par Leuenberger contre la volonté
populaire exprimée en 2002, cest le
«marché» ou plutôt les grands
trusts du secteur qui commandent et toute idée de
planification démocratique à long terme en la
matière est anathème.
LUDC et les patrons poussent de hauts cris
Pas de révolution donc, encore moins de changement de cap
radical
proposé. Citons à ce sujet le
communiqué du DETEC: «Fondées sur les
bases légales existantes, ces mesures devront consolider la
politique
énergétique menée
jusquà présent. […] Elles devront
être compatibles
avec les intérêts de
léconomie, ne pas avoir dincidence sur
les
budgets publics, être en accord avec les
évolutions internationales et
coordonnées avec les cantons et les milieux
économiques.» Pas très
exaltant, on ne touche ni aux «bases
légales» actuelles, ni aux
budgets… et on répète, deux fois
plutôt quune, quil faudra
laval
des «milieux économiques», en clair la
bénédiction de la droite
patronale.Dailleurs, économiesuisse a
participé à un groupe du travail du DETEC
chargé délaborer ces nouvelles
stratégies. Comble dingratitude, ce lobby
patronal fustige les mesures annoncées en affirmant
quelles auraient pour conséquence: «une hausse massive des
coûts pour léconomie» et une
«diminution de la compétitivité
internationale.» Pour la droite patronale, il
est dune urgence absolue… de ne rien faire!
Lobjectif de stabiliser la consommation
électrique est révolutionnaire,
lobjectif de diminuer de 1,5% par an la consommation
dénergies fossiles est de la folie furieuse… Du
côté de lUDC, pour ne pas
être en reste, on déclare solennellement par la
bouche du Conseiller national argovien évidemment
pronucléaire, Ulrich Giezendanner, que: «Léconomie
sopposera par tous les moyens aux mesures
proposées.»
Et pourtant, ce qui est annoncé est modeste, globalement
dici 2020 on évoque lidée
de faire passer les renouvelables de 16,2% aujourdhui de
lénergie consommée en Suisse
à 24%. Ainsi dans treize ans, si tout va bien, on aurait
encore une consommation énergétique
dépendant pour plus des trois-quarts de sources
dénergie non renouvelables.