Assurance chômage : le référendum est lancé

Assurance chômage : le référendum est lancé

La gifle ramassée par la droite
et les milieux patronaux le 7 mars dernier, avec le refus populaire
massif de la baisse des rentes du 2e pilier, n’a apparemment pas
servi de leçon aux partis bourgeois, incapables de mesurer
l’exaspération populaire face aux projets de
démantèlement du filet social.

Les parlementaires de droite ont adopté, dans la foulée
et sans sourciller, une révision de l’assurance
chômage (LACI) représentant une régression sociale
majeure. La droite s’attaque ainsi directement aux quelque
170 000 personnes inscrites au chômage actuellement dans
le pays, soit 40 000 de plus qu’il y a une année.

    Cette révision s’en prend aux jeunes de
manière particulièrement scandaleuse. Les
étudiant·e·s achevant leur formation et
jugés coupables de ne pas avoir cotisé (!) n’auront
plus droit qu’à 90 indemnités journalières,
au lieu de 260. Les jeunes de moins de 25 ans devront se contenter de
200 indemnités journalières, même s’ils ont
cotisé les 18 mois nécessaires, au lieu de 400
actuellement. Sur ce point, le Conseil National, qui avait voulu
descendre jusqu’à 130 indemnités, s’est
finalement rallié au Conseil des Etats. Si la droite patronale a
un petit peu modéré son ardeur, c’est qu’elle
se rend bien compte du caractère profondément
antipopulaire de telles mesures, à l’heure où le
taux de chômage des 20-24 ans s’élève
à 6,6 %, allant jusqu’à 8,2% pour les jeunes
immigré·e·s. Rappelons d’ailleurs que ces
chiffres, même s’ils sont en augmentation de 80 %
depuis le début de la crise, sous-estiment fortement la
réalité car ils prennent en compte uniquement les jeunes
inscrits auprès d’un office de placement, passant sous
silence ceux et celles qui sont à l’aide sociale car
exclus de l’assurance, ou sans-travail mais qui vivent aux frais
de leurs parents, celles et ceux qui sont en « semestre de
motivation », ou en stages sous-payés, voire
non-payés. En outre, les plus de 55 ans devront cotiser 24 mois,
au lieu de 18 aujourd’hui, pour avoir droit à 520
indemnités journalières ; pour 400
indemnités journalières, il faudra 18 mois de cotisation
et non plus 12 !

    Même – et c’est tout dire !
– les Jeunes Libéraux-Radicaux ont appelé au
retrait de la révision qui, selon leur communiqué du 15
mars dernier, «repose presque exclusivement sur le dos des
jeunes », précisant
qu’ « aucune réforme allant dans ce
sens n’est actuellement en mesure de remporter un soutien
populaire, aussi petite soit-elle ». Ces divisions dans le
camp bourgeois sont de bon augure, d’autant que la gauche
présente elle un front uni, en vue du référendum
qui va être lancé.

    Quant à la dette de 4,5 milliards de
l’assurance chômage qui justifie aux yeux de la bourgeoisie
de s’attaquer aux chômeur·euses, il y aurait
d’autres moyens, socialement bien plus équitables, de
l’éponger. Le Parlement a décidé
d’augmenter temporairement de 1 % les cotisations sur les
revenus compris entre 126 000 et 315 000 francs. Soit,
mais pourquoi s’arrêter à 315 000
francs ? Ne pourrait-on pas imaginer de mettre à
contribution ceux qui en ont vraiment les moyens ? A savoir ces
10 % de la population qui, selon une étude du
Département des finances parue en 2006, détiennent
70 % de la fortune nette déclarée dans le
pays…

    Il est bon d’ailleurs de rappeler que le
déficit de l’assurance chômage a été
sciemment entretenu par la droite qui lors de la dernière
révision de la loi sur l’assurance chômage en 2002
avait décidé une baisse des cotisations
« paritaires » de 3 à 2 %. 7

Hadrien Buclin