La maladie, cest le capitalisme!
La maladie, cest le capitalisme!
Nous affichons à la une «Travailler peut nuire gravement
à votre santé», titre dun ouvrage
récent, que présente François Iselin dans nos
colonnes, en mettant laccent sur le fait que les
phénomènes décrits dans celui-ci dépassent
le débat sur les mesures de prévention ou de
sécurité au travail traditionnelles et quils
mettent en cause, sur le fond, un mode de production capitaliste de
plus en plus mortel littéralement pour les
travailleurs-euses. Au-delà de la pression au rendement toujours
plus démente au profit des actionnaires, au nom des exigences de
la compétitivité et des «marchés», il
y a la dépossession toujours plus grande des travailleurs-euses
de ce qui devrait être «leur» appareil de production.
Au nom de la division du travail, de la flexibilité, de
lautorité des chefs toujours plus lointains, on
crée des situations littéralement
«invivables», rendues pires encore par le poids dun
travail dont les produits sont bien souvent frappés du sceau
dune inutilité sociale manifeste, polluants,
dangereux
En Suisse, les médecins constatent que les atteintes à la
santé en lien avec le monde du travail ont augmenté ces
dernières années. La peur du chômage, de la
précarité, linsécurité liée
aux changements dans le monde du travail lui-même, ainsi que
lépuisement, le stress, la dépression,
langoisse et les souffrances physiques découlant de la
pression croissante de la hiérarchie et ses exigences de
rendement occupent toujours plus de place dans les consultations des
professionnels de la santé. Plus dun tiers des
salarié-e-s décrit une telle souffrance dans les
enquêtes officielles. Ce durcissement dans le monde du travail et
non les «abuseurs» que met en scène lUDC, est
lune des principales causes de laugmentation de demandes
de prestations à lAssurance Invalidité et un
élément essentiel, que nous avons mis en avant dès
le début de la campagne référendaire dans laquelle
nous nous sommes engagés contre la 5e révision.
Nous étions au départ une poignée
pour porter ce référendum. Aujourdhui, le poids du
front en faveur du NON se fait chaque jour plus fort
Le lobby
patronal économiesuisse lavoue dans son dernier papier
sur la question, dans lequel il écrit: «La 5e
révision est soutenue par une large coalition, formée par
les partis bourgeois, ladministration, les offices AI et les
experts.» Bel aveu disolement, pas une seule organisation
de handicapé-e-s ne soutient la
révision
Et, au contraire, chaque jour, des
forces vives sannoncent pour sengager dans une campagne
«par en bas» qui sera dautant plus forte, du fait
que cest comme ça quest parti le
référendum.
Rappelons au passage que le PSS, qui aujourdhui prétend
faire son examen de conscience après sa défaite aux
élections zurichoise, qui écrit aujourdhui
quune «mobilisation efficace débute dans la
rue» dans son service de presse, qui se targue dêtre
un bastion de la défense du social et entend à ce titre
expliquer aux électeurs «tout lintérêt
quil y a à accorder leurs voix au PS» lors des
prochaines élections fédérales
navait pas voulu lancer ce référendum.
Comme il a renoncé en bloc à
sengager dans le référendum tout aussi
nécessaire contre la contre-réforme structurelle que
représente marchandisation-privatisation de
lélectricité. Référendum
qu«A Gauche toute!» a défendu au Conseil
national et qui aurait eu, si les forces pour le faire aboutir
sétaient trouvées, de très réelles
chances de succès. Jusquau Comité directeur de ce
PS genevois qui se veut «ancré à gauche», qui
na pas hésité à cautionner post hoc le vote
de ses élu-e-s en faveur de la LME-bis, en contradiction avec
une résolution récente de son propre Congrès
cantonal.
En létat, ce référendum-là
naura pas lieu. Nous navons en effet
matériellement pas les forces den être moteur et de
mener de front, notamment la campagne contre la 5e révision de
lAI et différents référendums cantonaux
(LASI, Chômage à Genève, privatisation du SAN dans
le canton de VD
) Nous nen avons pas les forces, sauf
à répéter lexpérience du
référendum que nous avions lancé en 2005, sans
réussir à le faire aboutir, mais en le portant à
hauteur dune trentaine de milliers de signatures, contre ce
démantèlement du «droit de timbre» sur les
transactions boursières, pourtant refusé lui aussi une
première fois par le peuple… Là aussi, contrairement
à ses engagements précédents, comme cest le
cas pour la LME-bis, le PSS avait refusé tout appui au
référendum.
De notre côté, nos faiblesses doivent être
analysées sans complaisances. Les réponses à
celles-ci ne sont pas dabord ou essentiellement sur le terrain
électoral. Mais indéniablement, pour reprendre la formule
du PSS, «lintérêt quil y à
accorder ses voix» aux listes «A Gauche toute!» aux
prochaines élections fédérales cest de
renforcer une gauche dopposition, anticapitaliste, qui ne
subordonne pas les batailles dans lesquelles elle sengage
à lagenda de marketing dun parti gouvernemental
largement dominé par le social-libéralisme, et dont
lengagement vert va à la racine du mal, le processus de
production capitaliste.