La Poste est mécontente de ses résultats financiers !
La poste est mécontente de ses résultats financiers !
Avec 6022 milliards de francs de chiffres daffaires et une plus-value de 118 millions, la direction du géant jaune constate qu«un bénéfice de cet ordre ne suffit pas à la Poste pour autofinancer ses investissements futurs sur le marché libéralisé»1.
Lobjectif stratégique de la direction de La Poste et de son conseil dadministration (cf encadré) où siègent des représentants de multinationales, ont un objectif clair: obtenir à moyen terme les rendements suffisants pour affronter la complète libéralisation. La Loi fédérale sur la Poste (LPO) précise la teneur du service postal public. La contrepartie de lexploitation du service universel est établie par lexistence du monopole de la distribution des objets de moins de 2 kg. Comme cette entrave à la liberté du commerce devrait tôt ou tard disparaître, la Poste doit se préparer à affronter ses concurrents. La poste à des obligations de rentabilité et elle doit sy attacher. Laspect du service au public nest évoqué, par la direction, que dans la mesure où il représente un enjeux de sa politique de communication. Ainsi ce dispositif légal extrê-mement sommaire ne constitue pas une garantie à terme de la pérennité du réseau des offices postaux. Aucune entrave légale nest faite à lexploitant pour la suppression des offices. On peut imaginer la généralisation de guichets motorisés, déjà proposés par la Poste.
Une initiative pour sauver la Poste ?
Au printemps 2000, un début de mobilisation des usagers avait pris forme et la pétition, du syndicat Communications, «touche pas à ma poste» rassemblait plus de 125 000 signatures. Nous avions, avec lAlliance de gauche, en janvier 2000, soumis à la gauche romande, un projet dinitiative fédérale2 définissant dans la Constitution les obligations de maintien du service public. Ce projet na malheureusement pas abouti et la mobilisation citoyenne na pas fait sourcillé le conseil dadministration de la Poste. Cependant aujourdhui, le syndicat Communications propose un nouveau texte dinitiative fédérale et se prépare à le lancer cet automne. (Cf encadré) Nous ne pouvons malheureusement que constater que le projet soumis est dérisoire. Il est vrai que la direction du syndicat en question, ne sest jamais clairement opposé à la privatisation des services postaux et que depuis 1997, il fait avaler la pilule aux salariés-ées du secteur. Il sagit donc plus dune opération de dédouanement quune réelle offensive politique. En effet, la sauvegarde du réseau postal et dun service public digne de ce nom ne peut-être réalisée par le texte proposé. Il est illusoire de penser que cette initiative qui pourrait être soumise au verdict populaire dans cinq ans, freinerait aujourdhui le démantèlement du secteur postal. La Poste a planifié sa restructuration et elle arrivera à un premier terme en 2005.
Marché ou service public
Fondamentalement le débat se situe sur cet axe. On oppose la soi-disant efficacité du marché à la bureaucratie du service public. Les chantres du néo-libéralisme avec lappui dune large couche de la social-démocratie, travaillent dans ce sens. La lutte contre le démontage des offices postaux sarticule dans cette problématique. Nous refusons de libéraliser les créneaux les plus juteux aux profits des actionnaires et déponger les déficits de la distribution citoyenne. Les gros clients verront leurs coûts baisser et la collectivité assumera les déficits dun hypothétique futur réseau postal. Seul un monopole public de qualité est à même déviter que la collectivité ne sacquitte par la fiscalité des tâches non rentables. Force est de constater quaujourdhui personne ne sy retrouve. Les salariés nont aucune garantie, les usagers encore moins.
Quelle lutte pour battre la libéralisation?
Les assises de la poste, convoquées à linitiative dAttac, seront un premier pas. Il faut créer les conditions dun réel débat public, et drainer les couches émergeantes dune jeunesse radicale contre la mondialisation, vers la lutte de la défense des services publics de base que sont la Poste ou la distribution de lélectricité. Malheureusement, lHelvétie na que trop rarement connu des niveaux de mobilisation populaire suffisants pour faire reculer les lobby économiques et les chiens de garde du Conseil fédéral. Il nous faudra peut-être utiliser les moyens dune initiative fédérale radicale pour ouvrir un réel débat de société. En son temps, quelques utopistes voulaient supprimer larmée…
- Communiqué n°13 – La Poste – du 10.4.2001
- solidaritéS – n°102 du 24.1.2000
Linitiative fédérale proposée par le syndicat Communications
Art. 92
al. 1 actuel
Les services postaux et le télécommunications relèvent de la compétence de la Confédération.
al. 2 actuel
La Confédération veille à ce quun service postal universel suffisant en matière de services postaux et de télécommunications soit assuré à des prix raisonnables dans toutes les régions du pays. Les tarifs sont fixés selon des principes uniformes.
al. 3 nouveau
La Confédération garantit un service postal universel conforme aux besoins et aux attentes de la population et de léconomie. Cet objectif nécessite un réseau doffices de poste qui couvre lensemble du pays. La Confédération veille à ce que les communes soient associées aux décisions relatives au réseau des offices de poste.
al. 4 nouveau
Les coûts occasionnés par le service postal universel, qui ne sont couverts ni par les recettes du domaine réservé, ni par les taxes de concessions, sont pris en charge par la Confédération.