Contre le vol des salariés en Italie, Sinistra Critica lance la bataille du salaire minimum

Contre le vol des salariés en Italie, Sinistra Critica lance la bataille du salaire minimum

Comme solidaritéS à Genève, solidaritéS et le POP dans le canton de Vaud, le MPS-Gauche anticapitaliste au Tessin, ou la Gauche alternative valaisanne, Sinistra Critica lance une initiative populaire pour un salaire minimum légal interprofessionnel, mais au niveau national, en Italie. Cette campagne a démarré la semaine dernière, dans la rue et sur les lieux de travail. Elle s’inscrit dans la perspective d’une bataille d’ensemble pour la reconstruction d’une gauche de gauche en Italie. Nous reproduisons ici le contenu du tract national diffusé par nos camarades italiens.

En Italie, plus encore que dans d’autre pays, durant les dernières 15 années, il y a eu un transfert colossal de richesses en faveur des profits et des rentes, et une réduction subséquente des salaires et des prestations sociales.

Selon une récente étude de la BRI (Banque des règlements internationaux), sur cette période, le transfert des salaires vers les profits représente l’équivalent de 8% du PNB. Il s’agit d’un montant énorme: plus de 120 milliards d’euros par année, ce qui équivaut en moyenne à 7000 euros par an volés à chaque travailleur-euse.

Salarié-e-s sans défense

Entre-temps, après les nombreux discours électoralistes sur l’impossibilité de finir le mois, l’inflation est en train de reprendre (il suffit de jeter un œil aux prix de l’essence) et les salarié-e-s se trouvent sans défense, exposés à une nouvelle perte de pouvoir d’achat.
Cet appauvrissement se vérifie depuis le début des années 90 au moins, lorsque le mécanisme de rattrapage automatique des salaires par rapport à l’inflation (l’échelle mobile des salaires) a été abandonné, et que les syndicats confédéraux ont accepté une modération des salaires, qui a transformé la signature des contrats collectifs de travail en une course exténuante et désespérée pour limiter la perte du pouvoir d’achat, tandis que les patrons s’enrichissaient eux de manière démesurée.

Appétits de la Confindustria et complicité gouvernementale

Aujourd’hui, la Confindustria vise une dégradation supplémentaire des mécanismes contractuels dans le but de réduire encore la valeur du contrat national pour allouer des ressources plus importantes aux rémunérations individuelles, liées à l’augmentation de l’exploitation, des horaires et des rythmes de travail, de l’arbitraire patronal et du chantage contre les travailleurs-euses.

Le gouvernement Berlusconi (avec la bénédiction du Parti démocrate de Veltroni), précisément pour cela, ampute les charges et les taxes sur les profits extraordinaires et les gains de productivité, en allant au-delà des politiques qui avaient été déjà inaugurées par le gouvernement Prodi, avec son «Protocole sur le Welfare State» [Loi 247, approuvée par le Sénat en décembre 2007, et qui prévoit une dégradation des mécanismes contractuels et l’augmentation de l’âge de la retraite, ndlr].

Ces mesures visent à produire plus avec moins de travailleurs-euses et à moindre coût. Leurs premières victimes, compte tenu de l’organisation du monde du travail, sont les femmes, mais aussi les jeunes, qui ne seront simplement pas engagés, parce que les besoins de la production seront remplis par les travailleurs-euses déjà en emploi.

Directions syndicales et modèle contractuel perdant

Les directions confédérales de la CISL, de la CGIL et de l’UIL (à la seule exception de la FIOM), non seulement ne s’opposent pas à cela, mais vont même jusqu’à favoriser cette volonté patronale en souscrivant à un projet de révision du modèle contractuel qui va dans cette direction. Dans ce projet, il est prévu que les augmentations de salaires dans les contrats nationaux puissent ne couvrir que l’inflation prévisible de façon réaliste.

Les contrats nationaux passeraient aussi de deux à trois ans, et seraient complétés par un second niveau de négociations (prévu pour une minorité d’industries et de travailleurs-euses seulement), au sein de certaines branches ou régions, prenant pour référence la productivité et le rendement.

Mobilisation collective nécessaire

On ne peut obtenir un niveau de vie décent que par la mobilisation collective, à partir des lieux de travail et de la rue.

Ce n’est qu’en luttant contre le racisme et en construisant l’unité des travailleurs-euses italien-nes avec les migrant-es (comme cela s’est fait, il y a 40 ans, entre les ouvier-e-s du Nord et du Sud), qu’on aura la force de battre le patronat et de conquérir ce rattrapage social que le gouvernement de centre-gauche n’a pas voulu concéder et qui ne sera bien évidemment pas offert par Berlusconi, Fini et Bossi.

Les propositions
de Sinistra Critica

Dans les prochaines semaines, Sinistra Critica, cohérente avec les propositions qu’elle a avancées pendant les dernières élections, commencera à recueillir des signatures pour une proposition de Loi d’initiative populaire pour:

  • Un salaire minimum interprofessionnel, comme il en existe ailleurs en Europe (en France, en Hollande, en Belgique, etc.), que nous évaluons à 1300 euros;
  • Une nouvelle échelle mobile des salaires, avec une adaptation intégrale des salaires à l’inflation;
  • Un salaire social pour les chômeurs-euses et un minimum d’aide sociale de 1000 euros.

Cette initiative vise à relancer une saison de lutte pour les salaires et contre la précarité, à construire l’opposition aux gouvernements des droites et à la Confindusria, mais aussi à reconstruire une gauche de gauche.

Sinistra Critica*

* Notre traduction du tract national diffusé par Sinistra Critica:
www.sinistracritica.org.