Les crimes de l’armée israélienne s’intensifient


Les crimes de l’armée israélienne s’intensifient


Pendant que le président US Bush distille des belles paroles sur la nécessité d’un état palestinien, pour mettre de son côté les régimes arabes dans son alliance de guerre, l’armée israélienne poursuit la guerre «amère» dans les territoires occupés.

Urs Dietelm

D’après un sondage du journal israélien Mariv, la moitié des gens interrogés veulent un «transfert» des Palestiniens hors du Jourdain ouest et de la bande de Gaza. La situation de la population palestinienne dans les territoires occupés devient ainsi de plus en plus désespérée. L’offensive militaire de l’armée israélienne dans les territoires occupés a fait plus de 50 morts depuis le 18 octobre et d’innombrables blessés. Ce sont six villes occupées par une armée israélienne recourant à un déchaîne-ment de violence devant la résistance des populations.


Terreur


Les listes des morts de différents ONGs palestiniennes donnent une image de la terreur de l’armée Joni Yousif Thaljiya, abattu alors qu’il marchait sur le Square Nativity à Bethléem. Issa Fouzi Abu Hlayel, tué par un tank devant l’hôpital Hussein à Beit Jala: Rania Kharoufa, touchée par les tirs d’un hélicoptère dans une magasin d’alimentation à Beit Jala: Aysha Odeh, tué dans sa maison dans un camp de réfugiés d’Aida. Rihab Nofal, la femme enceinte qui a succombé à ses blessures dans un Checkpoint israélien à Jérusalem-Est, parce que les soldats empêchèrent le transport de l’ambulance. Un médecin de la UNRWA fut blessé dans un camp de réfugiés par une mitrailleuse. Une témoin française a relaté devant une organisation d’entraide ECCP en Belgique que depuis des jours, des familles palestiniennes ne peuvent pas quitter leurs maisons à Ramallah. L’armée israélienne a mis sur les toits des quartiers d’habitation dans les villes administrées par les autorités palestiniennes des postes d’attaque, qui tirent sur les familles lorsqu’elles quittent leurs maisons. Elles partagent ainsi le sort de 40 000 Palestiniens à Hebron. Parmi eux, on compte 12 000 enfants palestiniens qui ne peuvent pas aller à l’école depuis une année.


Les chars entrent


Pendant que les chars israéliens se retiraient de Bethléem et de Beit Jala, 12 chars entraient dans la ville palestinienne autonome de Tulkarem. L’armée assassinait deux Palestiniens suspects par des missiles tirés d’hélicoptères. Pendant que nos médias montraient les images du retrait des tanks de Bethléem, l’armée israélienne lançait de même une offensive militaire contre trois banlieues au Sud de la ville de Gaza. L’armée israélienne utilisait son offensive ouverte pour ré-instaurer une politique de représailles collectives pour toute une série de familles de suspects dans les territoires autonomes. C’est ce qui s’est passé à Eit Rima, un village à Ramallah: des soldats ont détruit la maison de la famille Barghouti, dont le fils est soupçonné d’être un des activistes qui a perpétré le meurtre du ministre du tourisme Rehavam Zeevi. «Pendant 33 ans, mon mari a travaillé au Koweit pour construire cette maison», s’est exclamée la mère accablée après la destruction de sa maison.


Les chars sortent


Le 30 octobre 500 soldats avec 4 bulldozers sont entrés à Jérusalem- Est (territoire reconnu par Israël) et ont détruit six maisons de familles palestiniennes. Des soldats ont détruit le même matin deux maisons à Beit Hanina, dans un quartier de Jérusalem. Les familles furent surprises par l’action de destruction et ont dû quitter leurs maisons à l’arrivée de l’armée en quelques minutes. L’armée israélienne mène une véritable guerre dans les territoires occupés contre la population civile: des blindés, qui tirent pendant des jours dans des parties de la ville habitées et contre les camps de réfugiés. La chasse avec des hélicoptères et des missiles sur les gens qui fuient dans les rues ou sur les habitants des maisons, des barricades partout, des destructions de maisons. Les observateurs palestiniens rapportent que l’armée israélienne utilise actuellement beaucoup plus d’armes lourdes qu’elle ne l’a fait en 1967 pour l’acquisition des territoires. Les attaques militaires ne servent pas seulement à liquider illégalement les suspects mais à intimider la population palestinienne qui s’est opposée par une forte résistance et à l’anéantir physiquement..


Depuis une année les occupants israéliens ont détruit 480’000 arbres dont 130’000 oliviers. Les oliviers, arbres séculaires, sont devenus pour cette raison un symbole de la résistance palestinienne; ils offrent aussi pour beaucoup de familles un moyen essentiel d’existence. La Wochenzeitung cite un paysan dont les oliviers ont été détruits avec des bulldozers par l’armée: «Les Israéliens ne veulent pas faire la paix avec nous. Ils veulent le pays et veulent nous forcer à partir.» Les unités de blindés et de troupes ne sont au contraire pas seulement restées temporairement dans les zones A des territoires occupés pour détruire avec des bulldozers et des mortiers les maisons, les plantations d’oliviers et les postes de police ou pour assassiner avec des missiles tirés d’hélicoptères dirigés à longue distance des suspects et des membres des autorités palestiniennes, mais elles prévoient de rester à long terme pour enclaver et occuper les territoires autonomes palestiniens. Les déclarations qui se veulent apaisantes du gouvernement israélien ne sont qu’une tactique de dissimulation pour calmer l’opinion publique internationale.


L’initiative de Bush


«Il n’y a aucun indice, que l’initiative de Bush pour un Etat Palestinien signifie un changement réel de la politique des USA pour l’accomplissement du droit à l’autonomie du peuple palestinien ou du droit au retour et au dédommagement pour les réfugiés palestiniens» écrit l’ONG palestinienne-israélienne Badil. L’ONG a analysé jusqu’ici la proposition du président des USA qui s’est limitée à des déclarations orales seulement. L’initiative de Bush propose la reprise des négociations. La presse mondiale, étonnée par les déclarations surprenantes de Bush a tiré diverses interprétations de ces déclarations. Mais ni Bush, ni Powell, Blair ou même un ministre des affaires extérieures des USA, qui voyagent beaucoup ces temps, n’ont concrétisé en quoi que ce soit ces déclarations par des prises de positions écrites, des offres ou des dates de négociations. Les actions militaires dans les territoires occupés auraient aussi pu amener Fischer et Blair qui se trouvent justement «dans une mission de paix» en Israël à prendre parti contre les attaques militaires d’Israël. Les promesses vides pour un Etat palestinien ne peuvent cependant qu’être prises comme tactique de diversion pour mieux briser la résistance palestinienne dans les territoires occupés par Israël.


Résistance désespérée.


Il y a quelques initiatives internationales d’Israéliens, de Palestiniens, de jeunes, de femmes et d’hommes d’Europe et des USA, qui sont observa-teurs/trices, sur place et qui assistent le peuple palestinien et essaient de les protéger de la faim par des transports de nourriture ou simplement d’être là. Les actions, ignorées des médias, n’ont pas pu jusqu’à ce jour empêcher les destructions de maisons et de champs. Exclus de tout service public, complètement bouclés et spoliés de toute liberté d’action, menacés dans leur corps et dans leur vie, les Palestinien-ne-s subissent une situation de plus en plus désespérée.


Même si les manifestations à Ramallah et à Jenin sont énormes, elles ne constituent pas un moyen de pression suffisant contre la politique du gouvernement israélien, et il ne reste plus que des attaques désespérées contre Israël. Même si ce sont des actes désespérés qui le plus souvent n’atteignent pas leur véritable objectif, cela paraît être le seul moyen pour se faire entendre dans l’opinion publique israélienne et mondiale. Avec l’assassinat du secrétaire du PFLP, Abu Ali Mustafa, un courant gauche dans l’OLP, atteint directement dans son bureau par des missiles tirés par un hélicoptère, Israël poursuit sa politique d’assassinat ciblée de toutes les forces progressistes de la résistance palestinienne. Après l’assassinat du ministre des transports israélien, le prétexte était tout trouvé pour le gouvernement israélien pour entreprendre une action d’envergure, planifiée depuis longtemps contre le peuple palestinien et les dernières tentatives de résistance contre l’occupation.