Sri Lanka: non au massacre ! Solidarité avec le peuple tamoul

Sri Lanka: non au massacre ! Solidarité avec le peuple tamoul

Le 12 février 2009 à 20
heures, Murukathasan, un jeune ingénieur tamoul
réfugié en Angleterre, s’est immolé par le
feu sur la Place des Nations à Genève. Pour faire
partager la tragédie que subit son peuple. Avec la conviction
qu’une humanité généreuse pourra
éveiller sa conscience à la cause du peuple tamoul et de
tous les peuples.

Le Sri Lanka est indépendant de la Grande-Bretagne depuis le 4
février 1948. Il y a juste un mois, le président
Rajapakse fêtait le 61e anniversaire du pays, auquel il impose sa
loi nationaliste et raciste sous un déluge de feu.

    Pourquoi cette guerre de trente ans ? Plus de
70 000 personnes sont mortes dans les combats, des millions
d’autres ont été déplacées sur
l’île ou se sont réfugiées à
l’étranger, l’exil menace à nouveau des
centaines de milliers de personnes. De vastes régions du pays
ont été dévastées et leurs ressources
économiques pillées au profit d’une politique
nationaliste à laquelle la classe dirigeante recourt en divisant
pour régner.

Guerre totale contre les Tamouls

Au pouvoir depuis 2005, le président Rajapakse reprend
aussitôt des hostilités qu’un cessez-le-feu avait
suspendues en 2002. Début 2008, il le rompt officiellement pour
déclencher une guerre totale contre les Tigres de
libération de l’Eelam tamoul (LTTE) qui défendent
la patrie traditionnelle de la minorité tamoule (18 % de
la population actuelle) au nord et à l’est du Sri Lanka.

    Le bombardement des zones où les patriotes
tamouls se battent encore frappe sans répit la population
civile. La haine raciste que nourrissent les dirigeants sri lankais
déchaîne l’armée contre les civils sans
défense. Contre les femmes évidemment,
désignées comme butin et systématiquement
violées, contre les enfants, les vieillards, les blessés,
les malades.

    Les images sont rares. Le régime, qui cache
les massacres qu’il commet derrière le black out
qu’il impose, semble sur le point de remporter une cruelle
victoire militaire et de provoquer un désastre humanitaire. Il
entend imposer son chauvinisme sanguinaire en réponse aux
tensions suscitées par des décennies de discrimination et
de racisme.

Racines historiques du conflit

En 1948, le premier gouvernement indépendant prive de
citoyenneté plus d’un million de travailleurs-euses
agricoles tamouls, que l’Empire britannique était
allé chercher, dès le 19e siècle, au sud de
l’Inde, pour les exploiter dans ses plantations de thé et
de caoutchouc. Les Tamouls se voient ainsi refuser les droits
politiques dans le nouvel Etat 1.

    En août 1953, un soulèvement populaire
ébranle le nouveau pouvoir. Il réunit toutes les
communautés – Tamouls, Cingalais et Musulmans 2
– contre la hausse des prix et les coupes dans l’aide
sociale. Le ministère se réfugie à bord d’un
navire de guerre britannique, dans le port de la capitale, et annule
nombre de mesures contestées.

    La bourgeoisie sri lankaise, traumatisée par
cette expérience, en tire la leçon habituelle des classes
dominantes aux abois : diviser pour régner. Le
gouvernement prône la suprématie cingalaise, exige que le
cingalais devienne la seule langue officielle de l’île et
exclut les Tamouls. Le pouvoir habille son racisme d’une
rhétorique socialiste et de mesures d’aide aux pauvres.

    En 1965, dans le sillage des
« années tiers-monde » se forme le
Janatha Vimukthi Peramuna (JVP, Front de libération nationale).
Au début des années 1970, le gouvernement commence
l’application des mesures d’austérité
qu’exige déjà le FMI. Le tournant que prend un
régime auquel participent des partis ouvriers suscite la
colère. En 1971, il réprime sauvagement un
soulèvement armé de jeunes Cingalais de la campagne,
qu’avait soutenu le JVP :
« l’ordre » est rétabli au prix
de plus de 10 000 morts et de 15 000
interné·e·s dans des camps de concentration.

Flambée nationaliste cingalaise

Une fois de plus, le gouvernement stimule le communautarisme cingalais.
Il baptise le pays République démocratique socialiste du
Sri Lanka. Pas plus socialiste que démocratique, sa nouvelle
Constitution feint d’éradiquer les vestiges de la
domination britannique pour intégrer la discrimination des
Tamouls. Ces derniers parlent leur langue et sont hindouistes. Le
bouddhisme devient religion d’Etat et le cingalais, seule langue
officielle. 

    Une soi-disant
« nationalisation » met les grandes
plantations de thé sous contrôle de dirigeants cingalais.
Des milliers de travailleurs-euses agricoles tamouls sont
déportés de force et leurs terres remises à des
fermiers cingalais. Dans les zones de plantation, les personnes
désignées à la déportation sont
privées de gagne-pain. Beaucoup meurent de faim.

    Simultanément, le gouvernement
« normalise » les examens
d’entrée à l’université. Ce type de
mesures est bien connu en Europe. En Allemagne, en France, en Pologne,
il a été appliqué aux Juifs durant les
années 1930. Il s’agit d’avantager les
étudiant·e·s cingalais par rapport à leurs
homologues tamouls. Nombre d’entre eux-elles se tournent ainsi
vers le séparatisme du LTTE, qui vient de se créer, ou
vers d’autres groupes armés.

    En 1980, le gouvernement répond à une
grève générale contre la privatisation et les
pertes d’emploi par le licenciement sommaire de plus de
100 000 travailleurs-euses. Pour détourner
l’attention de la révolte sociale, il manipule des gangs
de voyous qui commettent des pogroms. En 1981, la bibliothèque
de Jaffna, capitale des Tamouls, est entièrement
brûlée. Sa collection de manuscrits et de livres originaux
est détruite.

    En juillet 1983, les Tamouls subissent de terribles
émeutes racistes : trois mille morts, des milliers de
maisons et d’entreprises brûlées. Des centaines de
milliers de Tamouls prennent ainsi le chemin de l’exil. La Suisse
découvre avec ces réfugié·e·s une
question tamoule dont elle ne savait rien. Comme en 1938, à
l’égard des Juifs, les autorités modifient la
législation pour s’opposer à leur refuge. Le Sri
Lanka entre dans la guerre civile.

Dans l’étau de la globalisation

Depuis 2005, la « solution finale » de la
question tamoule est exigée par de puissants
intérêts internationaux attachés au contrôle
des grandes voies commerciales de l’Océan indien et
soutenus par les Etats-Unis, l’Inde et la Chine. « La
principale de celles-ci part de la mer Rouge, contourne la
péninsule arabique, passe au sud de l’Iran, de
l’Inde (où elle traverse littéralement
l’île du Sri Lanka) et aboutit au détroit de
Malacca. Elle permet le contrôle stratégique des
débouchés commerciaux de toute l’Asie ainsi que du
transit du pétrole du Golfe vers l’Asie orientale et
constitue un des grands enjeux politiques de la
région.» 3

    Les intérêts de la
minorité tamoule sont de peu de poids par rapport à de
tels enjeux. Ceci d’autant plus que les Etats-Unis ont le projet
d’établir une base militaire dans le port de Trincomalee,
au nord-est de l’île, en territoire tamoul, ce qui
nécessite le contrôle gouvernemental de toute la
région.

    Menant la lutte pour une solution séparatiste
ou fédéraliste, le LTTE combat avec le plus grand courage
les discriminations infligées aux Tamouls. Cependant, son
isolement ne lui a pas permis de bâtir un nouveau régime
social favorable aux masses populaires et susceptible de susciter la
solidarité des masses cingalaises.

    Comment combattre la terreur qui frappe les
Tamouls ? Comment imposer la fin immédiate et
inconditionnelle de l’occupation militaire de la patrie tamoule
au nord et à l’est du Sri Lanka ? Le moment
n’est-il pas venu de développer un véritable
mouvement de solidarité internationale avec ce peuple ?

    43 000 Tamouls et citoyens suisses
d’origine tamoule vivent aujourd’hui en Suisse. Une raison
de plus d’exiger du Conseil fédéral qu’il
dénonce la guerre génocidaire menée par les
autorités sri lankaises contre la minorité tamoule et
qu’il réclame un cessez-le-feu immédiat pour
assurer l’aide humanitaire dont la population civile a un urgent
besoin et pour faciliter l’ouverture de négociations. La
commission des affaires étrangères du Conseil national a
demandé la suspension de toute expulsion de requérant
d’asile tamoul. C’est la moindre! Nous devons aussi
revendiquer la levée des restrictions à l’accueil
de nouveaux réfugié·e·s.

Karl Grünberg

ACOR SOS Racisme


1
Pour l’historique du conflit, voir: « L’indépendance du Sri Lanka
: soixante ans de communautarisme, de déclin social et de
guerre » du Parti de l’égalité socialiste (Sri Lanka). http://www.wsws.org
2 Les Musulmans représentent 8 à 9 % du la population
actuelle du Sri Lanka. Ils vivent pour l’essentiel avec les Tamouls,
dont ils parlent la langue et adoptent souvent les coutumes
3 Quentin de Ghellinck, « Tamouls du Sri Lanka et rôle de la
communauté internationale », CETRI, 11 février 2009. www.cetri.be

Je m’appelle Murukathasan. Je suis né le 2 février 1982

Moi, Murukathasan, civil Tamoul innocent, exilé du Sri Lanka, vivant actuellement au Royaume-Uni.

    J’exprime ouvertement et clairement mes
dernières volontés dans cette déclaration 
à la communauté internationale qui a échoué
à stopper le génocide contre les Tamouls vivant dans leur
patrie traditionnelle (les provinces du nord et de l’est du Sri
Lanka), commis par le gouvernement nationaliste bouddhiste du Sri
Lanka, pour réveiller le cœur de la communauté
mondiale.

    Cette communauté mondiale qu’anime une
vision toujours unilatérale déraisonnable sur les
esclaves, les pauvres et les minorités opprimées qui
vivent dans de nombreux pays parmi lesquels le Sri Lanka.

    Cette approche indifférente,
antidémocratique et inhumaine de la communauté
internationale et des organisations internationales, parmi lesquelles
l’ONU, ne cesse d’aider le terrorisme d’Etat qui
frappe toujours les minorités sur cette terre, parmi lesquelles
les Tamouls du Sri Lanka. Pour exposer cette vérité, je
ne parviens à trouver de meilleur moyen que de sacrifier ma
propre vie, si précieuse, en me brûlant moi-même
devant le monde entier.

    Je crois que les flammes sur mon corps, sur mon
cœur, et sur mon âme, aideront la communauté
mondiale à regarder de façon vraiment humaine les grandes
souffrances des Tamouls du Sri Lanka.

    En ce moment encore, les actions génocides
accomplies par le gouvernement sri-lankais contre les Tamouls sont
acceptées en silence par la communauté internationale qui
aide le terrorisme d’état cingalais en lui fournissant des
armes, des munitions, de l’aide militaire et des renseignements,
ouvertement et en secret, qui stimule le régime de Mahinda
Rajakapakse à poursuivre sa guerre civile contre les Tamouls.

    Le gouvernement sri lankais rejette toutes les
demandes de la communauté internationale et refuse clairement le
droit international de la guerre et les Droits de l’homme et
ordonne et poursuit son génocide brutal sous le prétexte
d’activités antiterroristes. Le gouvernement sri lankais
ignore complètement toutes les lois de la guerre et toutes les
règles la concernant, y compris les conventions de
Genève. Il trompe l’ONU. Il s’oppose constamment au
CICR et à Amnesty International. Il poursuit ouvertement sa
guerre génocidaire.

    C’est une grande tragédie.

    La communauté internationale peut facilement
comprendre la situation à Vanni. Quelque 450 000 Tamouls
de tous âges et des deux sexes, piégés sur une
toute petite surface – une zone de guerre –
affron­tant  toutes les difficultés.
 
    Pas d’abri.
    Pas de nourriture.
    Pas de médicament.
    Aucun moyen de gagner sa vie.
    Pas d’école.

    Pas d’ONG pour les aider, les orienter et les consoler.

    Sous les bombardements aériens, cibles des
tirs des obus, les jeunes Tamouls et les vieux, les nourrissons et les
enfants, les hommes et les femmes, les femmes enceintes, les personnes
handicapées souffrent beaucoup.

Comment trouver les mots pour le dire ?

Je n’y parviens pas. Mais je pense que les Citoyens du Monde qui
peuvent penser raisonnablement vont comprendre ce que j’essaie de
dire avec mon corps et mon âme.

    Les morceaux déchiquetés des corps
morts, les rues tachées de sang, les maisons incendiées,
le mouvement incessant des personnes déplacées et
leurs visages effrayés et désespérés.
Le son des obus qui passent, des balles, le tir de mitrailleuses,
les bombes. Les ressources naturelles détruites.

    Les bâtiments, les maisons, les temples et les
hôpitaux, les magasins vides, les rues sales et les cours de
maisons, devenues dangereuses.

    Pouvez-vous imaginer un pays qui souffre ?

    Voilà ma patrie, un portrait de la vie des
Tamouls. Aucun journaliste ne peut voir ce que vivent les Tamouls de
Vanni. La plupart des médias s’expriment à partir
des mensonges que leur crache le gouvernement à propos de la
situation à Vanni.
    Une fois encore je veux dire que cette situation est
vraiment tragique, que la communauté internationale doit
agir rapidement pour mettre fin au Génocide des Tamouls et sauver
leurs vies.

    A votre intérêt attentif et avec ma
profonde considération, je communique les informations
suivantes :

    Le 26 janvier 2009, après avoir hissé
leur drapeau, les fonctionnaires du Programme alimentaire mondial (ONU)
ont commencé la distribution de nourriture et d’autres
biens aux milliers de personnes déplacées
rassemblées à la jonction de Mullaithivu –
Suthanthirapuram.

    Pendant la distribution ils subissent du matin au
soir les obus des forces de sécurité sri lankaises (Sri
Lankan Securities Forces, SLSF). Au cours de cette attaque le bureau du
CICR a été gravement endommagé. Ce jour-là
302 Tamouls innocents civils ont été tués et 1199
grièvement blessés. Ce jour beaucoup de corps non
identifiés de Tamouls ont été trouvés
à proximité de l’hôpital d’Udayarkaddu.

    Lorsque j’ai appris cet
événement par l’appel téléphonique
d’un parent, j’ai subi un grand choc. 

    Personne n’était là pour prendre
soin des blessés. Personne pour s’occuper des vivants et
des morts.

    Les seuls témoins de ce tragique incident
étaient les fonctionnaires de l’ONU et du CICR qui se sont
eux aussi réfugiés dans les petits abris inondés
pour sauver leurs vies pour ensuite quitter les lieux et établir
le rapport de cet incident.

    Le gouvernement sri lankais avait
déclaré que cette place était une zone de
sécurité. Ce point est important.

    Le gouvernement n’a pas réagi à
ce rapport, il l’ignore et poursuit ses attaques de plus en plus
vigoureusement.

Que pensez-vous de cela ? Comment nommez-vous cela ?
Moi je le dis ouvertement, c’est du terrorisme d’Etat.

Du 2 février 2009 au 4 février 2009, c’est
l’hôpital de Puthukkudiyiruppu que le gouvernement avait
déclaré zone de sécurité. Cet hôpital
fut violemment attaqué. Il était sous la supervision de
fonctionnaires du CICR et de l’ONU dont les fonctionnaires
occupaient les bâtiments de l’hôpital lorsque les
Forces de sécurité sri lankaises ont tué et
blessé beaucoup de patients. 

    Les fonctionnaires du CICR et de l’ONU présents peuvent en témoigner.

    Le 4 février 2009, l’hôpital de
Puthukkudiyiruppu était complètement détruit par
un gouvernement qui célébrait ce jour-là,
d’une bien cruelle manière, la journée de
l’indépendance du Sri Lanka.

    Les fonctionnaires du CICR ont confirmé que
l’hôpital de Puthukkudiyiruppu comptait plus de 500
patients lorsque les forces aériennes sri lankaises (SLAF) et
l’artillerie l’ont attaqué à coups de bombes
à fragmentation.

    Je veux que la communauté internationale
m’explique en quoi consiste une attaque comme celle-là.
    Est-ce cela une attaque contre le terrorisme ?

    Avant la destruction de Puthukkudiyiruppu,
c’est l’hôpital d’Udayarkaddu qui avait
été attaqué le 26 janvier 2009, et de nombreux
patients y ont été tués. Au cours d’une
interview à la BBC, le brigadier Udhaya Nanayakkara,
porte-parole des forces de sécurités sri lankaises,
s’est demandé pourquoi les patients se rendaient à
l’hôpital d’Udayarkaddu plutôt
qu’à celui de Puthukkudiyiruppu. Il exposait alors une
absurde raison pour expliquer le brutal bombardement. Peu de jours
avant cette agression, le gouvernement avait déclaré la
région d’Udayarkaddu zone de sécurité et
avait demandé aux gens de s’y déplacer pour sauver
leurs vies. M. Nanayakkara ignorait-il cette déclaration du
gouvernement ?

    Tout en cherchant des explications à ces
attaques sur des hôpitaux, M. Gothabaya Rajapakse,
secrétaire à la défense du Sri Lanka, frère
du président, spécialement interviewé par la
chaîne britannique TV Sky, affirmait qu’aucun hôpital
ne devrait opérer en dehors de la zone de
sécurité, que quiconque se trouve au-delà de la
zone de sécurité est une cible légitime. Il
donnait ainsi une réponse ridicule à la communauté
mondiale.

    La communauté mondiale va-t-elle accepter la réponse de Gothabaya Rajapakse ?

    L’hôpital général de
Mullaithivu, qui fonctionnait auparavant à Mulliavalai puis
à Vallipunam, l’hôpital de Kilinochchi qui
fonctionnait à Visuvamadu puis à Udhayarkaddu,
l’hôpital de Mallavi qui fonctionnait à Moonkilaru
et l’hôpital de Puthukkudiyiruppu, ont tous
été attaqués et complètement
détruits par la SLAF parce que le gouvernement ne voulait pas
permettre que les Tamouls bénéficient de soins pour
sauver leurs vies.

    La communauté internationale et les
organisations de l’ONU demandent aux deux parties de respecter
les lois humanitaires internationales, mais elles gardent le silence et
ne prennent aucune sanction contre un gouvernement sri lankais qui
ignore toutes les requêtes raisonnables que formulent cette
même communauté et ces mêmes organisations.

    Voilà la raison principale de la tragique situation actuelle.
    Victimes du nationalisme du gouvernement sri
lankais, les Tamouls subissent la cruelle oppression des dirigeants
cingalais qui leur refusent les droits politiques et leur imposent des
lois inacceptables.

    Après l’indépendance du Sri
Lanka, les leaders cingalais ont graduellement et constamment
planifié la construction du pays comme une nation exclusivement
bouddhiste et organisé l’exclusion politique,
économique, culturelle et scolaire de la minorité
tamoule.
    La colonisation cingalaise de la patrie tamoule a
engendré un grave problème, provoqué des
émeutes puis la guerre civile. 
    Durant les périodes de pourparlers de paix en
vue d’une solution politique raisonnable, les leaders cingalais
recoururent à diverses tactiques pour tromper les leaders
tamouls.
    Alors qu’ils parlaient de paix et de solution
politique les leaders cingalais croyaient en réalité
à la seule solution militaire et leur folle politique
génocidaire ne peut permettre de trouver une solution politique
au problème ethnique. Durant les quatre dernières
décennies les leaders cingalais ont mené une guerre
civile qui est devenue maintenant une guerre ouverte entre Cingalais et
Tamouls.
    Sous le masque d’une lutte contre le
terrorisme, les leaders nationalistes sri lankais et les moines
bouddhistes mènent une guerre totale contre les Tamouls qui
comporte clairement le plan de détruire la communauté
tamoule du Sri Lanka.

Ce processus se poursuit

La communauté internationale regardant silencieusement tout cela
a gardé les oreilles fermées aux cris des Tamouls. La
voix des Tamouls pour leur droit politique à
l’autodétermination est raisonnable et
démocratiquement acceptable par la communauté
internationale.
    Pourquoi la communauté internationale garde-t-elle le silence ?

    Je ne peux pas comprendre la politique réelle
de la communauté démocratique internationale.
    Les Tamouls ont pris les armes dans le seul but de
se protéger des forces armées sri lankaises.

    Chacun sait ce que l’histoire nous apprend.
Les Tamouls se sont vu refuser leurs droits durant les quatre cents
dernières années par les régimes coloniaux. Quand
les Britanniques ont quitté notre pays ils ont remis le pouvoir
entre les mains de la majorité cingalaise. Les Tamouls se sont
alors battus de façon paisible et démocratique pour leurs
droits politiques qui ont été violemment rejetés
par les dirigeants cingalais. Cette approche inhumaine a conduit les
Tamouls à prendre la même voie pour répondre aux
Cingalais.
    C’est inévitable. C’est raisonnable et acceptable.

    Après que la communauté mondiale a
compris qu’une solution politique devait être
trouvée pour mettre fin à ce problème
communautaire, la Norvège a entamé il y a cinq ans un
processus avec l’aide de co-présidents.

    Ce processus montre que ce problème politique
doit trouver une solution politique raisonnable et durable.
    Mais le gouvernement sri lankais a poursuivi sa voie pour imposer  une solution guerrière.

    Le silence de la communauté mondiale me
conduit à me demander si elle aussi prend une position
anti-tamoule.

    Cette question m’a conduit à la
décision de sacrifier ma vie et de me brûler devant la
communauté mondiale pour porter mon message en faveur
d’une décision raisonnable et sauver la vie des Tamouls au
Sri Lanka.

    La déclaration émise par les
co-présidents le 3 février 2009 a gravement
préoccupé les Tamouls qui leur faisaient
profondément confiance. Cette déclaration était
déraisonnable car elle favorisait le gouvernement sri lankais et
faisait perdre leur dernier espoir aux Tamouls

    Les pays co-présidents veulent-ils aider les
nationalistes sri lankais dans leurs activités génocides
contre les Tamouls ?
    Je sais que les pays des co-présidents ont
pris une position pro-sri lankaise durant les pourparlers de paix de
Norvège qui a aidé le gouvernement sri lankais à
développer leurs forces armées et à mentir aux
Tamouls.
 
    Je ne sais pas si les co-présidents
connaissent la situation dans les régions du nord et de
l’est du Sri Lanka. La vie que mènent les Tamouls dans
cette région est invivable. Les kidnappings, les meurtres, les
viols et autres violations des droits humains continuent dans cette
région.

    Les gens vivent comme les prisonniers d’une
prison ouverte. Les médias sont menacés. Les
organisations des droits de l’homme ne peuvent que rarement
exposer leurs informations.

    Mais la communauté mondiale, les
co-présidents, gardent leurs lèvres fermées et
demandent à notre peuple de se rendre dans les régions
contrôlées par les militaires. Les co-présidents
peuvent-ils prendre la responsabilité de la
sécurité des gens vivant dans des régions
contrôlées par l’Etat ?
    Ils ne le pourront jamais.

    Nous, Tamouls, nous croyons que la communauté
internationale, y compris les co-présidents, qui parlent
beaucoup de la souveraineté des pays, aident le terrorisme
d’Etat lorsqu’ils ignorent la souveraineté des
minorités qui, comme les Tamouls, combattent pour leurs droits
politiques raisonnables et qualifient leur combat pour la
libération de terrorisme.

Je suis préoccupé et j’ai honte de cela.

    Nous les Tamouls déplacés et notre
diaspora dans le monde entier, nous avons fermement exposé notre
problème et nous avons, dans votre langue, demandé de
l’aide à la communauté internationale dans votre
langue durant trois décennies. Rien ne s’est passé.

    Comment, face à une telle situation, exprimer
mes sentiments ?  Je n’ai pas de mots pour
éveiller la communauté internationale, lui demander de
porter un regard humain sur notre problème, d’agir pour
sauver nos vies.

    J’ai donc décidé de me
brûler devant la Communauté internationale et le quartier
général de l’ONU.
    Cet éclatant message atteindra vos cœurs et vos esprits et réveillera votre âme.

    Je crois fermement que la fin de ma vie peut
conduire la communauté internationale à ouvrir son
cœur et commencer une ère nouvelle qui aidera à
libérer les Tamouls du Sri Lanka.

    Je veux dire une chose à la communauté tamoule.

    S’il vous plaît, joignez vos mains,
élevez la voix tous ensemble pour gagner les droits de notre
peuple, et gagner les cœurs et les esprits de toutes les
nationalités du monde.
    C’est une grande dernière chance.

    Les flammes sur mon corps seront une torche pour vous guider sur le chemin de la libération.
    Je suis trop loin de vous par le corps, mais je suis très près de vous par le cœur.

    Ne croyez jamais les leaders nationalistes
cingalais, qui ne tourneront jamais leurs cœurs et leurs esprits
vers la justice et la paix.
Nous avons toujours demandé et combattu pour nos droits raisonnables devant la communauté mondiale.

    La Bible dit : « Demandez et il
vous sera donné, frappez et la porte sera ouverte. » Et un
jour le cœur du monde, l’esprit et l’âme seront
éveillés.

    Ce jour-là, nous nous libérerons
nous-même, notre patrie, et entrerons dans une nouvelle
ère.
    Avec espoir et confiance…

Votre  Murukathasan