Honduras: résistance et répression

Honduras: résistance et répression

Un mois et demi après le coup
d’Etat, le peuple hondurien résiste toujours, mais dans
des conditions difficiles. Il est nécessaire de relancer la
solidarité, vu la répression qui n’a cessé
de croître depuis la deuxième tentative de retour de
Manuel Zelaya à partir du Nicaragua (fin juillet)
jusqu’aux manifestations du 12 août à Tegucigalpa et
à San Pedro Sula.

La manifestation organisée par le « Front national
de résistance contre le coup d’Etat » a
rassemblé le 12 août plus de 10 000 personnes. Elle
a été réprimée par la police, comme celle
de San Pedro Sula, le même jour : le bataillon
spécial « Cobras » a
arrêté au moins 26 manifestants, ainsi que des
journalistes et des photographes. Mais le bilan pourrait être
plus lourd, selon les rapports de diverses missions.

    L’Université pédagogique
nationale a été investie par la police, qui a ouvert le
feu et procédé à des rafles pour arrêter un
maximum de manifestants. Autres cibles visées : le
collège des professeurs d’éducation secondaire et
le Syndicat des travailleurs de l’industrie des boissons
(STIBYS).

    Blessé par balle, Marvin Ponce
(député du parti de gauche « Union
démocratique ») a dû être
hospitalisé et se trouve sous surveillance policière.

    Dans la nuit du 12 au 13 août, le siège
de l’association paysanne « Via
Campesina » a été mitraillé par des
« inconnus ». Ceci, alors que les putschistes
viennent de rétablir le couvre-feu de 10 h du soir
à 5 h du matin…

    Le Conseil civique des organisations populaires et
indigènes du Honduras (COPINH) a dénoncé la
disparition de cinq de ses membres, qui ne se trouvent dans aucune
prison de la capitale.
    Le Congrès hondurien discute la
réintroduction du service militaire obligatoire, qui permettrait
le recrutement forcé des jeunes Honduriens dans
l’armée. De son côté, le ministère
public prépare des procédures contre les dirigeants du
mouvement populaire, accusés de
« sédition » et
« terrorisme ».

Le retour des « escadrons de la mort »

Les déclarations officielles des autorités US ne doivent
pas faire illusion. Les putschistes ont l’appui du lobby des
guerres contre-insurrectionnelles en Amérique centrale durant
les années 1980 (l’ambassadeur John Negroponte ou
l’émissaire de G.W. Bush en Amérique latine, Otto
Reich).

    Au Honduras même – voir le mitraillage
de « Via Campesina » – les
« escadrons de la mort » sont de retour. Au
plus haut niveau, puisque le responsable de la sécurité
de Roberto Micheletti (président de facto) est un certain
Fernando Joya, connu pour son appartenance aux escadrons. Selon le
rapport de deux représentants de la CGT, rentrés du
Honduras, « 120 noms de dirigeants et militants syndicaux
à abattre figurent sur une liste noire (…) On compte
déjà plus d’une centaine de disparus et 15
assassinats depuis le début du putsch. La
Confédération unitaire des travailleurs honduriens
dispose d’informations sûres et vérifiées,
sur la participation de conseillers et assesseurs colombiens, ainsi que
de Vénézuéliens [anti-chavistes], de Cubains
anticastristes et même d’ex-militaires argentins qui
avaient entraîné les contras nicaraguayens dans les
années 1980 » (L’Humanité, 14.8.2009).

Le but de la répression

La politique des putschistes est claire : il s’agit pour
eux de briser le mouvement populaire, afin d’ouvrir la voie
à une « normalisation » de la
situation. Dans ce contexte, la médiation (ratée, pour
l’instant) du président costaricain Oscar Arías,
coïncide étrangement avec l’un de leurs objectifs,
à savoir empêcher le processus constituant.

Hans-Peter Renk


Le Plan Arias

1) Rétablissement de Manuel
Zelaya à la présidence de la République,
« jusqu’à la fin de la période
constitutionnelle (…) le 27 janvier de l’année
prochaine ».


2) Formation d’un
gouvernement d’unité et de réconciliation
nationale, avec les principaux partis politiques.


3) Amnistie
générale concernant les délits politiques commis
dans le cadre du conflit en cours, avant et après le 28 juin
dernier.


4) Renonciation du
président Zelaya et de son gouvernement « à
la prétention de placer une ‘quatrième urne’
aux prochaines élections ou de réaliser toute
consultation populaire non autorisée expressément par la
Constitution de la République du Honduras ».


5) Anticipation au 25 octobre
des élections générales prévues pour le 29
octobre et ouverture début août de la campagne
électorale prévue initialement en septembre (Nda:
proposition caduque, vu l’avancée du temps).


6) Transfert du commandement des
forces armées de l’exécutif au Tribunal
suprême électoral, un mois avant les élections,
« afin de garantir la transparence et la normalité
du scrutin »


7) Une commission formée
de notables honduriens et de membres d’organismes internationaux,
dont des représentants de l’Organisation des Etats
américains, surveillera l’application de ces accords et
supervisera le retour à l’ordre constitutionnel.

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L’une des rares sources d’information au Honduras,
c’est Radio Globo que l’armée tente de faire
taire : www.radioglobohonduras.com