Qui a peur du salaire minimum ?
Qui a peur du salaire minimum ?
A lissue de trois débats
successifs au parlement vaudois, une majorité de droite (UDC,
radicaux, libéraux) a invalidé le 17 novembre 09, par 72
voix contre 67 et 1 abstention, linitiative cantonale pour le
droit à un salaire minimum sous prétexte de
non-conformité avec le droit supérieur.
La droite patronale a serré les rangs : elle a
mobilisé toutes ses troupes pour arriver à ce
résultat. Lors dun premier débat, une
majorité de député·e·s avait admis
la validité de linitiative, lors dun second,
validité et non-validité avaient obtenus
légalité des voix, le président UDC du
législatif tranchant pour la non-validité ! Cette
valse-hésitation illustre bien quil sagit avant
tout dune décision politique. Les avis de droit, brandis
dans le débat, sont en effet largement contradictoires: celui du
Service juridique et législatif (SJL), donné avant le
lancement de linitiative, tranche en faveur de la
validité, celui dun professeur de droit, commandé
après le dépôt de linitiative par le
Département de léconomie, contre. La
décision majoritaire du Grand Conseil foule aux pieds les droits
populaires et démocratiques ! Elle va à
lencontre du principe « in dubio pro
populo » posé par le Tribunal fédéral
en la matière. Il implique quen cas de doute sur la
validité dune initiative, il faut lasser le peuple
trancher. Le coup de force de la droite patronale met en
évidence que tous les moyens sont bons afin
déviter un vote populaire sur la proposition du droit au
salaire minimum. Elle répond en effet à un besoin
très largement ressenti dans la population, celui de disposer
dune rémunération de son travail qui permette de
vivre décemment. Un vote nétait pas gagné
davance, doù la volonté politique de ne pas
laisser les citoyennes et citoyens trancher. Un recours contre la
décision inique de la majorité parlementaire va
être formé auprès de la Cour constitutionnelle par
le comité dinitiative, porté par le POP et
solidaritéS Vaud.
Jean-Michel Dolivo