Centrale de Mühleberg: décision irresponsable et antidémocratique: la Genève antinucléaire se mobilise !

Centrale de Mühleberg: décision irresponsable et
antidémocratique: la Genève antinucléaire se
mobilise !

Au lendemain de Noël,
l’association antinucléaire ContrAtom publiait le
communiqué ci-dessous sur la mobilisation indispensable au bout
du Lac, contre la gériatrie nucléaire de Moritz
Leuenberger concernant le réacteur de Mühleberg. Dès
le 5 janvier, les autorités de la Ville et du Canton de
Genève étaient interpellées à ce sujet leur
demandant d’agir en vertu de l’article antinucléaire
de la Constitution genevoise. Affaire à suivre…

Quelques jours avant Noël, le Département de Moritz
Leuenberger (DETEC) a pris la décision d’accorder une
autorisation d’exploitation illimitée dans le temps de la
centrale nucléaire de Mühleberg appartenant aux Forces
motrices bernoises (FMB), ceci pour remplacer l’autorisation
actuelle expirant dans deux ans. ContrAtom proteste contre cette
décision qu’elle considère comme
particulièrement grave et antidémocratique. En effet, la
centrale nucléaire de Mühleberg, la plus vieille de Suisse,
exploitée depuis 1972, présente un nombre important de
défauts: fissures croissantes dans le manteau du cœur du
réacteur, fissures dans les conduites de l’installation
destinée à refroidir le réacteur en cas
d’urgence, problèmes en cas de séismes…

    Cette installation – qui n’a jamais
auparavant bénéficié d’une autorisation
d’exploitation illimitée – est
particulièrement vieille et dangereuse. Sa mise à
l’arrêt immédiate s’impose, son exploitation
sans limite au-delà de 2012 est au contraire une folie qui
pourrait conduire à une catastrophe aux conséquences
littéralement incalculables !

    Le feu-vert de Moritz Leuenberger et de son
département à l’exploitation illimitée du
réacteur de Mühleberg ne peut être comprise que comme
découlant d’une volonté politique
d’éviter au lobby nucléaire d’avoir à
gérer la mise à l’arrêt d’une centrale
problématique, à la vielle du débat sur la relance
du nucléaire en Suisse et du référendum qui aura
lieu d’ici deux ou trois ans pour décider du sort du
premier des nouveaux projets de centrales atomiques helvétiques.
C’est un signal donné aux investisseurs que les
autorités suisses sont complaisantes et laxistes en
matière d’exigences de sécurité
nucléaire.

    Cette fuite en avant irresponsable du DETEC est
d’autant plus grave qu’elle s’accompagne
prétextes inacceptables. Pour justifier sa décision, le
DETEC prétend que « si les conditions d’une
exploitation sûre venaient à ne plus être
remplies » la centrale pourrait « être
arrêtée à tout moment ». Or, on
l’a vu, les critères d’une
« exploitation sûre » sont
particulièrement flous et laissent une marge
d’interprétation pronucléaire inacceptable. Si les
autorités n’ont pas eu le courage de simplement maintenir
la limite d’exploitation à 2012, quel niveau de
problèmes de sécurité faudra-t-il pour
décréter une décision d’arrêt
définitif « à chaud » ?

    En outre, le DETEC, affirme qu’une limitation
dans le temps de la durée d’exploitation d’une
centrale ne saurait être maintenue « pour des motifs
politiques », ceci en vertu des dispositions de la
nouvelle Loi sur l’énergie nucléaire (LENu)
entrée en vigueur en 2005. Cet argument est scandaleux, il vise
à d’escamoter le caractère politique de la
décision du DETEC elle-même et à
délégitimer l’idée que les
citoyen·ne·s ont le droit de prendre –
politiquement – des décisions démocratiques
concernant l’industrie atomique. Or la nouvelle LENu
elle-même prévoit un processus référendaire
obligatoire et une décision politique du souverain sur tout
nouveau projet de centrale.

    Le réacteur de Mühleberg – quant
à lui – devrait selon le DETEC, échapper à
ce contrôle politique et démocratique. En effet, en
février 1992 déjà, les
électeurs·trices du canton de Berne se
prononçaient – avec 10 000 voix d’avance
– en faveur du NON à une autorisation d’exploitation
illimitée pour Mühleberg.

    Tout récemment, à deux contre les
électeurs·trices vaudois·e·s ont
indiqué également – malgré une campagne
massive du lobby atomique, financée à hauteur d’un
demi-million de francs – qu’ils refusaient
l’exploitation au-delà de 2012 de ce réacteur. Ces
décisions démocratiques successives, comme les
préavis négatifs des cantons de Neuchâtel et de
Fribourg, comme celui de la Ville de Berne elle-même… viennent
d’être foulées au pied par Moritz Leuenberger et son
département dont la porte-parole a indiqué
« Nous n’avions pas le choix, une autre
décision aurait été politique » (sic).

    Dans ces conditions, les
oppo­sant·e·s au nucléaire doivent saisir tous
les moyens juridiques et politiques pour s’opposer à cette
décision. ContrAtom se mobilisera dans ce sens dès le
début de l’an prochain et appelle d’ores et
déjà les autorités genevoises cantonales et
communales à prendre les dispositions nécessaires pour
faire de même, comme l’exige l’art 160e de la
Constitution genevoise. En effet, comme l’écrivait le
Conseil administratif de la Ville de Genève l’an dernier,
le site de Mühleberg, face au risque nucléaire, fait partie
de ce « voisinage de Genève » dans le
cadre duquel la Constitution – et la volonté populaire
genevoise régulièrement réaffirmée –
oblige nos autorités à s’engager.

En particulier et dans un premier temps, les autorités
genevoises devront s’engager dans le recours contre la
récente décision du DETEC dont le délai est
à fin janvier. ContrAtom interpellera dès la
rentrée la Ville et le Canton dans ce sens.


Anne-Cécile REIMANN

Présidente de ContrAtom

Genève, le 26 décembre 2009