Iran: lettre syndicale au Conseil des Droits Humains des Nations Unies

Iran: lettre syndicale au Conseil des Droits Humains des Nations Unies



Lors de la septième session de
l’examen du rapport des droits humains qui a eu lieu du 15 au 17
février 2010 au siège de l’ONU à
Genève, la situation des droits humains en Iran a
été examinée.

Le début de cette session coïncide avec le quatrième
anniversaire de la journée de solidarité internationale
avec les travailleurs emprisonnés de la compagnie iranienne des
transports. Le 15 février 2006, de nombreuses organisations
ouvrières internationale et des syndicalistes ont
manifesté leur soutien à ces travailleurs
emprisonnés et ont fait entendre leurs voix pour protester
contre l’activité anti-­syndicale en Iran face aux
autorités de la République Islamique d’Iran.

    Pendant toutes ces années qui ont suivi
l’arrestation de militants ouvriers et syndicaux, les
autorités de la république Islamique ont dit que les
travailleurs emprisonnés seraient libérés
s’ils signaient une déclaration de ne plus participer
à aucune activité syndicale. Les forces de
sécurité ont déclaré, malgré le fait
que la République Islamique soit signataire de traités
internationaux, que ce n’est pas dans leur intérêt
national de permettre la formation d’organisations
ouvrières et de syndicats, et que quiconque tenterait de le
faire serait considéré comme un ennemi de la
République Islamique et condamné comme tel.

La classe ouvrière d’Iran durement frappée

Ces trente dernières années, malgré les
principales revendications de la révolution de 1979, non
seulement la condition économique de la classe ouvrière
en Iran ne s’est pas améliorée, mais la
pauvreté, la misère et l’absence de revenu sont
devenus endémiques chez les travailleuses et travailleurs. La
situation est si mauvaise que l’Organisation Internationale du
Travail (OIT) a classé l’Iran parmi les trois pires pays
en ce qui concerne les conditions de travail et les droits fondamentaux
des travailleurs. La situation des jeunes ouvriers et des travailleuses
a atteint des proportions catastrophiques. Le manque de
sécurité au travail, les contrats de travail temporaires
d’un mois et les contrats blancs [contrats
particulièrement précaires où les travailleurs
n’ont aucun droit (note du trad.)] sont devenus des pratiques
courantes pour licencier les travailleurs. Le salaire minimum en Iran
est quatre fois en dessous du seuil de pauvreté. Les familles de
millions de travailleurs sont dans une situation
désespérée pour satisfaire leurs besoins
quotidiens à cause des retards de paiement de salaires. Et le
nombre immense de chômeurs et de ceux qui sont menacés de
devenir des travailleurs sans emploi a créé un enfer sur
terre pour les ouvriers, leurs familles et ceux qu’ils font
vivre. Pour les travailleurs, le seul moyen de sortir de telles
conditions inhumaines est de parvenir à des transformations
radicales au niveau économique et social.

    Ces conditions inhumaines sont imposées aux
travailleuses et travailleurs alors qu’on leur a refusé
ces trente dernières années tous leurs droits reconnus au
niveau international. La moindre grève, protestation ou
tentative d’organisation doit faire face à la
répression, aux menaces, aux licenciements et à des
accusations d’atteintes à la sécurité
nationale.

    Malgré le danger évident et
immédiat de la répression et du chômage, les
travailleurs iraniens entrent en scène avec leurs protestations
contre ces conditions insupportables. Dans des centaines de centres
industriels et de production, ils ont organisé plusieurs
rassemblements pour montrer qu’ils ne veulent plus continuer
à subir de telles conditions de vie et de travail inhumaines.
Nous avons vu quelques aspects de leurs protestations ces derniers mois
où de nombreux participants aux protestations de rue sont des
femmes, des jeunes et leurs familles.
  
 La septième session de l’ONU pour l’examen du
rapport des droits humains se tient alors qu’Ossalou et Madadi,
le président et le vice président du Syndicat des
Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et
Banlieue, Ali Nejati et Alizera Saghafy, du Syndicat des Travailleurs
de la Compagnie de Sucre de Canne d’Haft Tapeh ainsi que de
nombreux autres militants ouvriers sont en prison et qu’un
enseignant comme Farzad Kamangar est condamné à la
pendaison. De nombreux participants aux célébrations du
1er Mai attendent toujours d’être jugés et des
nombreux autres membres de syndicats sont sous la menace directe
d’une suspension de leurs contrats de travail.

Les revendications des travailleurs·euses iraniens

Nous espérons que les revendications des travailleuses et
travailleurs iraniens pour des conditions de vie décentes, loin
de la peur d’un environnement de menaces et de répression,
sera pris en compte par votre session et que cette question sera mise
à l’ordre du jour de la septième session de
l’examen du rapport des droits humains des Nations Unies.

    Les revendications les plus urgentes et les plus fondamentales sont à l’heure actuelle :

• Abolition des
exécutions, libération immédiate et
inconditionnelle des militants ouvriers et des militants des autres
mouvements sociaux ;


• Annulation de toutes les accusations contre les militants arrêtés du mouvement ouvrier ;


• Liberté
immédiate et inconditionnelle de formation de syndicats
ouvriers, sans que la permission des directions d’entreprise soit
nécessaire, et ce en accord avec toutes les conventions
internationales du travail sur le sujet, expulsion des institutions
non-ouvrières des lieux de travail, et jugement de ceux qui ont
réprimé et refusé les droits humains des
travailleurs ;



• Droit inconditionnel de grève, de protestation et liberté d’expression ;



• Égalité complète entre les femmes et les
hommes au travail et dans tous les autres aspects de la vie sociale,
économique et familiale ;



• Suppression totale du travail des enfants et garantie
d’éducation et de soins médicaux pour tous les
enfants.



Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et Banlieue

Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Sucre de Canne Haft Tapeh

Syndicat Libre des Ouvriers d’Iran