Dresser lEurope contre la guerre
Dresser lEurope contre la guerre
Ces 9 et 10 décembre, pour la cinquième fois, la gauche anticapitaliste a tenu une conférence à loccasion du dernier sommet de lUnion Européenne à Copenhague. Parmi les participants, le Parti de la Refondation Communiste italien, la LCR française, lAlliance Rouge et Verte danoise, le SSP écossais, lAlliance Socialiste anglaise et SolidaritéS, sétaient déjà retrouvés, il y a six mois, à Madrid. Selon leurs moyens, lensemble de ces forces oeuvrent au regroupement de pôles politiques anticapitalistes, démocratiques, pluralistes et non sectaires dans leur pays. Pour la première fois, les délégués de deux organisations grecques étaient représentés. Une manif tiendra les rues de la capitale danoise, samedi.
Les préparatifs de guerre contre lIrak et la nécessité de renforcer le mouvement anti-guerre ont occupé le centre des discussions. «Lorsque le Président Bush veut une guerre contre lIrak, ses objectifs sont comme pendant la Guerre du Golfe de 1990-91 de garantir les intérêts économiques et politiques américains, Il sagit dassurer que les ressources pétrolières de lIrak les secondes par ordre dimportance de la région soient à la disposition des économies états-unienne et occidentale», relève la résolution adoptée.
Si les gouvernements français et allemand ont jusquici surfé habilement sur le sentiment anti-guerre de lopinion publique, ils sont évidemment prêts à céder à la pression du tandem anglo-US. Mais cela risque aussi de leur poser quelques problèmes. Nest-ce pas la force du mouvement anti-guerre britannique qui a déjà contraint Blair à plaider pour un débat devant lONU, dont les faucons US se seraient bien passés!
Aujourdhui, la relance des inspections internationales ne garantit pas une elade guerrière sans obstacle. En effet, les provocations que préparent les Etats-Unis seront-elles assez «crédibles» pour justifier le lancement des opérations militaires sans une nouvelle discussion au sein de lONU? Chirac pourra-t-il renoncer du jour au lendemain à ses minauderies «gaulliennes» sans perdre la face? Schröder sera-t-il en mesure dimpliquer lAllemagne dans le conflit avec ses bases et son espace aérien – sans ouvrir une mini-crise politique au sein de sa fragile coalition gouvernementale? Le Conseil fédéral parviendra-t-il à saligner timidement sur Washington sans piétiner ouvertement la Charte des Nations Unies quil prétend défendre. Tout cela dépend dans une large mesure de nos capacités de mobilisation dans les semaines à venir.
En réalité, le renforcement du mouvement anti-guerre est une priorité absolue pour toute la gauche anticapitaliste. Dans limmédiat, afin de tout faire pour contrer la nouvelle croisade des marchands de pétrole, des maîtres doeuvre de la politique impériale US et de leurs alliés européens. A moyen terme aussi, pour barrer la route à la nouvelle escalade guerrière de limpérialisme, qui vise à asseoir la misère du plus grand nombre et la croissance sans frein des inégalités planétaires sur la répression et la violence militaire globalisées.
De ce point de vue, à la «guerre sans fin» de Bush, il nous faut répondre par une «mobilisation sans fin» contre le néocolonialisme et la guerre, dans laquelle le mouvement syndical peut jouer un rôle croissant, aux côtés des mouvements altermondialiste, pacifiste et féministe. Lex-dirigeant de la CGIL italienne, mais aussi le principal responsable de la centrale syndicale grecque, nont-ils pas avancé récemment lidée dune grève générale contre la guerre! Après Londres et Florence, la gauche anticapitaliste européenne a donc dénormes responsabilités pour préparer les prochains rendez-vous du mouvement, dans la rue, sur les lieux de travail, mais aussi dans les écoles et les universités.
Jean BATOU