Contre la Genève du Tout-pour-le-fric: reprendre L’espace et le temps

Contre la Genève du Tout-pour-le-fric: reprendre L’espace et le temps



Une soixantaine de jeunes ont investi
dimanche une arcade vide 10 rue des Etuves. Ils projetaient d’en
faire « un lieu collectif où se mélangent
différentes activités
autogérées ». Nous reproduisons ici des
extraits expliquant leur projet. (PV)

Nous voulons un espace de plus grande liberté
s’éloignant des clivages habituels qui rendent les lieux
à usage unique plus contrôlables et vendables. Ici les
activités dépendent des envies et propositions. Par
exemple : projections de films, repas, musique, ateliers pour
créer et apprendre (couture, sérigraphie,
réparation vélo, etc.), magasins gratuits
(vêtements, livres). Sans hiérarchie, sans salaires ni
services, qui écrasent nos envies de changement, de partages et
d’entraide. Pas de prix, à part s’il est gratuit ou
libre.

    En revendiquant des lieux comme celui-ci, on exprime
l’envie de reprendre un peu d’espace et de temps contre ce
mode de vie absurde qu’on voudrait nous imposer. Ce mode de vie
où tout est calculé, où la seule option est de
rentrer dans cette logique circulaire de travailler pour consommer. On
a l’envie et le besoin de mélanger les activités,
de trouver des solutions collectives aux problèmes de logement,
de bouffe, d’habits et de faire les choses qu’on aime.

    On occupe ce lieu parce que demander la permission
c’est déjà s’inscrire dans une dynamique que
l’on réprouve. […] Parce que faire un tour dans cette
ville est à chaque fois un peu plus étouffant. Voir les
masses de consommateurs·trices passer devant des
kilomètres de vitrines, les limousines parquées sur les
trottoirs de centaines de magasins de luxe, ces hôtels, bureaux,
assurances, banques nous répulse.

    Ces endroits n’ont qu’un but toujours le
même : se faire le plus de cash possible par
n’importe quel moyen en exploitant et contrôlant des
milliers de personnes. Tous ces lieux, dont la gestion (par les
régies, proprios, administrations) suit toujours la même
règle de rentabilité, nous donnent envie de nous battre
pour quelque chose d’autre.


Notre camarade Rémy Pagani est
allé plusieurs fois sur les lieux, s’est interposé
lors de l’intervention de la police et s’est fait bousculer
par les pandores. Nous lui avons demandé :
« Pourquoi es-tu allé sur place soutenir les
occupant·e·s ?

RP : Je m’oppose
à la gentrification de St. Gervais. Dans le quartier, ces dix
dernières années, sur trente arcades cinq ont disparu et
treize ont été transformées en commerces de luxe.

    Le commerce de proximité se meurt à
St. Gervais. Je déplore que les petits commerces, comme les
locataires, subissent une pression terrible, purement
spéculative. De plus, ces arcades occupées –
à juste titre ! – vont être
transformées en salle de conférence pour la Banque
HSBC…

    Je m’y suis opposé dans le cadre des
préavis que j’ai donné lors de la demande
d’autorisation de construire. Enfin, ces arcades sont vides
depuis des années et le procureur général veut
faire évacuer les occupant·e·s sans
qu’aucune autorisation de transformer les lieux ne soit en force.
Je ne suis pas d’accord avec cette pratique.