Quand Casanova prend le taureau par les cornes

Quand Casanova prend le taureau par les cornes

On se souvient de la bataille que nous avons soutenue, en 2009, contre
la liquidation du Centre pour l’image contemporaine (CIC) et les
menaces sur le théâtre St. Gervais. 42,2 % des
électeurs·trices en Ville s’étaient
prononcés contre la décision du magistrat vert, chef du
Département de la culture, soutenu pourtant par tous les partis,
sauf A Gauche Toute ! (le PS ayant laissé la
liberté de vote). Mais nous avions perdu… une bataille.

Règlement de compte

Depuis, les trois employé·e·s restants du CIC ont
été licenciés, en violation des assurances
données au Municipal et à la population avant le vote.
Quant au grand projet de réorganisation de la Maison, sous
direction provisoire du directeur de son théâtre, le moins
qu’on puisse dire, un an et demi plus tard, c’est
qu’il brille par sa discrétion…

Pourtant, le Conseil de fondation de Saint-Gervais (FSGG), aux mains du
Département de la culture, des
délégué·e·s du Conseil municipal et
de l’Etat, n’est pas resté absolument inactif. Fin
mai dernier, il a « libéré » le
délégué syndical de la Maison, notre ami Paolino
Casanova, « de ses obligations
professionnelles », trois mois avant sa retraite,
invoquant un « rapport de confiance totalement
rompu ».

Des ordinateurs peu bavards

Cette sanction mesquine, à l’égard du plus ancien
employé de la FSGG, était soi-disant fondée sur
une « analyse forensique » (la traque visait
un « cyber-criminel ») du matériel
informatique de St. Gervais, confiée à la
société « Objectif
Sécurité ». Les pieds nickelés de la
FSGG, ayant tremblé à l’idée de perdre le
vote de 2009, croyaient tenir ainsi leur pauvre revanche, pensant que
l’affaire en resterait là.

    C’était mal connaître Paolino, le
personnel de la FSGG solidaire et le Syndicat des services publics
(SSP). Le conflit a été porté aux
Prud’hommes pour exiger que la Fondation prouve ses accusations.
Or la montagne a accouché d’un… courant
d’air. Les experts ont révélé que le site
Sauvons-le-cic.ch avait été ouvert au nom du
délégué syndical de la FSGG et qu’on y
trouvait même l’affiche référendaire
d’Exem : « Non à la culture au front de
taureau ». La belle affaire !

La Ville doit payer

Ce dossier vide n’a pas convaincu les juges, forçant la
Fondation à verser 1000 fr. pour « tort
moral » à Paolino Casanova, afin de leur
éviter un échec public devant la justice, coïncidant
avec… les municipales. Comme le directeur général
vert des affaires culturelles de la Ville, qui n’est pas sans
influence sur la FSGG, brigue le siège du magistrat vert
sortant, cette triste affaire n’aurait pas plaidé en sa
faveur.

    Quoi qu’il en soit, la FSGG, et
derrière elle les responsables de la culture municipale, ont
donné un très mauvais exemple de flicage du personnel et
de répression antisyndicale. Leur échec nous
réjouit donc.

Jean Batou