Honduras: chronique du « porfiriato » *

Honduras: chronique du « porfiriato » *

Suite à l’accord de Carthagène du 22 mai dernier « pour la réconciliation nationale et la consolidation du système démocratique » (signé par manuel Zelaya, coordinateur du Front national de résistance populaire, FNrP, et Porfirio Lobo, président « de facto »), manuel Zelaya est rentré au pays le 30 mai, où une foule immense l’a accueilli. Retour de Zelaya au Honduras. une foule immense l’accueille.


Réintégré au Système
d’intégration centreaméricain, le Honduras a fait
son retour, le 1er juin, à l’Organisation des Etats
américains – avec la seule opposition de l’Equateur
et l’approbation « avec réserves » du
Venezuela.  « Tout est bien qui finit bien », affirme
l’éditorial d’El Pais du 30 mai dernier. Rien de
moins sûr… Depuis le sommet d’avril 2011 entre les
présidents colombien et vénézuélien
à Carthagène, la répression n’a pas
cessé. Début mai, la police a réprimé une
manifestation syndicale à San Pedro Sula contre une exposition
de promotion économique « Honduras abierto a los negocios
». Dans la vallée de l’Aguán, en 15 mois, le
conflit pour la terre a déjà coûté la vie
à 28 militant·e·s des mouvements paysans (les deux
derniers cas datent du 31 mai…). L’évêque de
Santa Rosa de Copán, qui soutient les paysans, vient
d’être attaqué en diffamation par le latifundiste
Miguel Facussé !
 
 S’il salue le retour de Manuel Zelaya, le Comité des
familles de détenu·es et disparu·es réclame
le châtiment des violations des droits humains. Pour le
Comité civique des organisations populaires, le retour du
Honduras à l’OEA « laisse le peuple sans
défense face au régime ».

 Car le système post-putschiste reste en place :
gouvernement, parlement, armée et police, justice, oligarchie
(avec ses tueurs à gages). Il est même « blanchi
» internationalement. Comment parler de «
réconciliation » dans ce contexte ? Comme le soutien Tomas
Andino Mencía : «Nous voulons voir d’abord tous ces
putschistes jugés et en prison, et ensuite nous nous
réconcilierons avec eux… ». Au sein du FNRP, une
discussion nécessaire va s’ouvrir sur les tâches
liées à cette étape : élections de 2013 et
conditions de convocation d’une Assemblée constituante.

 En ce moment, le peuple hondurien a peut-être gagné
une bataille, mais pas la guerre. Dans ce contexte, solidarité
et contre-information restent nécessaires.

Hans-Peter Renk
(source: www.rebelion ; http://nicaraguaymasespanol.blogspot.com)


*
Porfiriato : désignant la dictature de Porfirio Diaz, au Mexique
(1876-1911), le terme est approprié, vu l’homonymie entre
l’actuel président hondurien et son lointain homologue
mexicain.