La tenace résistance des électriciens
La tenace résistance des électriciens
Il y a dix-huit mois, le gouvernement
de Felipe Calderón tentait de liquider le Syndicat mexicain des
electriciens (Sme), en faisant fermer de manière brutale
lentreprise publique Luz y Fuerza del Centro.
Du jour au lendemain, quarante-quatre mille travailleurs·euses
se retrouvent sur le carreau. Objectif du gouvernement : briser les
reins du mouvement ouvrier en sattaquant frontalement à
lun des syndicats les plus puissants, ouvrir la voie à la
privatisation du secteur électrique, et notamment de la fibre
optique, ainsi quà dautres attaques contre le
monde du travail, comme la réforme de la loi sur le travail.
A ce jour, seize-mille travailleurseuses se maintiennent en
résistance et ont refusé leur « liquidation
», cest-à-dire le paiement dune
indemnité pour licenciement proportionnelle à
lancienneté. La résistance a pris des formes
multiples, combinant occupation de la rue, recours juridiques afin que
le décret présidentiel soit déclaré
anticonstitutionnel, interventions au Congrès par le biais de
député·es favorables à leur cause, et une
grève de la faim. Menée par une centaine de
travailleurs·euses, pendant près de deux mois,
cette grève a été sur le point de faire plier les
autorités politiques sensibles au coût politique sans
doute trop élevé quaurait constitué un
mort.
Toujours est-il que le gouvernement a su manuvrer
habilement, profitant dun rapport de force favorable, et que la
revendication principale du SME, la réouverture dune
entreprise publique, et le réengagement de tous les
travailleurs-euses licenciés na toujours pas
été satisfaite. Cest dans un contexte de
répression et de criminalisation croissante, orchestrée
par le gouvernement et ses alliés médiatiques, que le SME
a réinstallé son campement permanent sur le Zocalo, ou
Place de la Constitution, face au Palais Présidentiel. Le SME
est également à lorigine dune initiative
politique, soutenue par dautres syndicats et organisations
sociales, nommée provisoirement, lOrganisation Politique
Nationale (OPN), dont le congrès fondateur aura lieu les 27 et
28 août prochains. Elle se propose de doter les
travailleurs·euses, des villes et des campagnes, dun
instrument politique propre, afin de lutter pour un autre model social,
au-delà du capitalisme. Cette initiative, dans un contexte de
mécontentement social grandissant, peut représenter un
pas important dans la nécessaire organisation des
dominé·e·s. Nous y reviendrons dans un prochain
article.
Héctor Márquez
correspondant de solidaritéS à Mexico