Berne, 21 septembre 2013
Berne, 21 septembre 2013 : Un rendez-vous à ne pas manquer en défense des salaires et des retraites
Nous serons des milliers dans les rues de Berne à crier « Salaires de managers comptés en millions, ça suffit ! Menaces et attaques contre nos retraites, ça suffit ! 4000 francs minimum maintenant ! ». Cette manifestation participe d’un combat, ponctué par plusieurs votations, qui exigera une mobilisation sociale maximale, de longue durée.
La campagne pour l’initiative 1:12 s’annonce rude. Avec son affiche aux hamburgers empilés, dans toutes les gares, UNIA a commencé à préparer le terrain, mais en face, un comité regroupant tous les défenseurs du capital – des verts libéraux à l’UDC- engage non seulement des millions pour défendre les hauts salaires, mais annonce déjà avec l’arrogance des possédants que même si une loi limitait les salaires à 12 fois le salaire minimum, ils la contourneront facilement.
Si le salaire mensuel le plus bas était de 4000 francs, celui des dirigeants pourrait atteindre 576 000 francs par an, bien plus qu’ils ne peuvent consommer. Une part importante de l’argent gagné par les managers est utilisé pour spéculer sur toutes sortes de marché et joue un rôle éminemment déstabilisateur. Finalement, c’est une mesure de salubrité publique que d’empêcher les quelque 10 000 personnes qui gagnent plus d’un demi-million par an de continuer à nuire sans scrupules.
Les 4000.- minimum sont dans la ligne de mire du patronat ! Le vote est pour l’an prochain, mais l’empoignade a déjà commencé. Les effets positifs de la mise à l’ordre du jour du salaire minimum, à laquelle nous avons contribué, déploient déjà leurs effets. Il n’y a plus de conventions collectives ou tout autre type de contrat qui échappent à cette discussion; certes avec au final des niveaux de salaires qui restent bien moindres que ce qu’exigent l’initiative et la nécessité sociale, mais le chemin est pris.
C’est un début de réponse aux inégalités de revenus qui vont croissantes, en Suisse comme dans la plupart des pays dits avancés. Depuis 1990, l’écart entre les salaires les plus élevés et les bas et moyens salaires s’est fortement creusé et les bas salaires sont toujours légion. Dans sa revue de juillet l’UBS s’inquiète des incidences de l’introduction d’un salaire minimum à 4000 fr. « D’après nos calculs, dans l’industrie hôtelière et le tourisme, il faudrait par exemple relever les salaires d’environ 45 % des employés. Cette hausse des salaires des employés serait de 39 % dans le secteur de la gestion des bâtiments, de l’horticulture et du paysagisme et de l’ordre de 19 % dans le commerce de détail et les garages ». Pour gagner dans les urnes, ils n’hésiteront pas à manipuler l’opinion publique et à utiliser, comme souvent, menaces et chantage.
Nos rentes sont en danger ! C’est l’autre grand thème de la manifestation. Une retraite digne, avec un revenu qui permette aux travailleuses et travailleurs de maintenir leur niveau de vie antérieur après avoir contribué à la richesse du pays, voilà ce que nos ancêtres du mouvement ouvrier se sont engagés à mettre en place et à améliorer. Année après année, les promesses s’envolent. Les projections de rentes des caisses de pension que les salariés actifs sont sensés toucher à l’âge de leur retraite sont régulièrement revues à la baisse. La retraite, c’est un des piliers de l’Etat social, et la bataille contre sa réduction est engagée sur plusieurs fronts dans tous les pays dits économiquement développés.
Le droit constitutionnel à une AVS suffisante pour vivre dignement est loin d’être atteint, et nous ne laisserons pas tomber ce qui a été si durement acquis. L’USS a déposé cet été l’initiative « AVS plus », pour une augmentation des rentes AVS de 10 %. 100 000 signatures récoltées, avec notre contribution, en quatre mois seulement, voilà qui témoigne de la sensibilité de la question. Du même coup, la manifestation prépare la lutte contre le projet du Conseiller fédéral Berset qui va en sens contraire : augmenter l’âge de la retraite des femmes, aucune augmentation de l’AVS, réduction des possibilités de prendre une retraite anticipée, baisse du taux de conversion du 2e pilier, donc baisse des rentes.
Le front le plus large doit s’organiser dès à présent contre ce projet antisocial. Comme le disent les syndicats « l’AVS c’est la prévoyance vieillesses la moins chère et la plus fiable », c’est elle qu’il faut renforcer, c’est pourquoi solidaritéS a élaboré un concept de fusion de l’AVS et du 2e piler à même de garantir le maintien et le développement des rentes sur le long terme.
Cette proposition serait favorable pour tous les salarié·e·s, et particulièrement pour les travailleuses qui, aujourd’hui, sont les plus nombreuses à vivre leur retraite dans la pauvreté. Nous soumettrons le 21 septembre notre proposition à la discussion de tout le mouvement social, syndical, politique et associatif en Suisse dans l’espoir d’ouvrir ainsi un débat qui saura trouver son envol.
La manifestation du 21, avec son caractère un peu rituel, ne suffira bien sûr pas à elle seule à imposer nos revendications. Nous avons besoin – au-delà – d’une mobilisation sociale large, dans les régions et sur les lieux de travail, pour déstabiliser la domination patronale. Mais plus la manif à Berne sera massive, mieux nous serons prêt·e·s pour mener dans ce sens les batailles sociales à l’ordre du jour.
Henri Vuilliomenet