Opération coup de poing d'EAG

Opération coup de poing d'EAG : Contre la spéculation immobilière

Lundi 2 septembre, des candidat·e·s et militant·e·s d’Ensemble à Gauche (Liste 1) ont occupé et « réaménagé » un bureau vide dans un immeuble de logements à la rue de Lausanne, victime d’une opération spéculative emblématique. Retour sur cette affaire.

 

Dans cet immeuble, qui comp­te 27 appartements, ne subsistent aujourd’hui que 3 locataires, qui se sont défendus avec l’ASLOCA pour rester. En outre, les appartements du premier étage ont été cassés pour être transformés illégalement en bureaux. Encore aujourd’hui ces bureaux sont vides, comme pratiquement l’ensemble de l’immeuble. L’historique de cette affaire (voir encadré) est édifiant.

Or les bureaux vides prolifèrent à Genève, en effet : «Parmi les quatre types de surfaces d’activités vacantes recensées par l’enquête annuelle de l’Office cantonal de la statistique, celles de bureaux enregistrent la plus forte variation: de 52183 m2 en 2012 à 83570 m2 en 2013 (+60,1%). Les bureaux représentent désormais 70% de l’ensemble des surfaces vacantes, contre 57% en 2012 et 42% en 2011.» (Communiqué de l’OCSTAT du 27.8.2013)

Et lesdits bureaux vides sont pour bonne part des anciens logements transformés illégalement en bureaux. Il faut dont les remettre à leur destination première de logements locatifs.

Ensemble à Gauche dénonce évi­dem­ment cette situation alors que la pénurie de logements continue d’étrangler Genève et exige:

Que soient répertoriés tous les bureaux actuellement vides qui ont été transformés illégalement par les propriétaires d’immeubles ces 20 dernières années.

Que sur la base de ce répertoire, ils soient remis en location comme logements au prix initial LDTR.

Dans ce sens qu’une lettre de mise en demeure soit envoyée puis si nécessaire une remise en état soit le cas échéant effectuée par l’Etat aux frais du propriétaire immobilier récalcitrant.

 

Il est en effet inconcevable que des milliers de mètres carrés de plancher, soit des centaines d’appartements, soient vides alors que des ha­bi­tant·e·s de Genève doivent s’expatrier en France voisine et dans le canton de Vaud pour trouver à se loger, engendrant des déplacements et des coûts écologiques et en infrastructure importants. PV

 

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Historique d’une opération spéculative emblématique

 

En 2006   cet immeuble de logements locatifs est surélevé de 2 étages pour y construire 3 appartements pour un total de 11 pièces. Le premier étage est illégalement transformé en bureaux. L’état locatif de l’immeuble – sans la surélévation – est de 23 appartements soit au total 66 et demi pièces.

Au Printemps 2011   Vision Genève SA, derrière laquelle se cache peut-être l’ancien propriétaire, rachète l’immeuble pour 18 millions. Les locataires reçoivent une lettre de résiliation. 5 locataires font recours avec l’Asloca. Aucun des appartements de la surélévation n’a été loué au prix autorisé, ce des logements meublés non conformes à la LDTR.

Au courant de l’hiver 2011–2012   débutent les travaux qui ne sont pas autorisés: portes et sanitaires sont cassés à tous les étages, chauffage et eau chaude ne fonctionnent pas pendant le week-end. Deux autres locataires quittent l’immeuble.

Mai 2012   le Département cantonal de l’urbanisme (DU) constate que l’immeuble a été pratiquement vidé de ses locataires et que des travaux de démolition complète ont été entrepris sans aucune autorisation.

Août 2012   le propriétaire dépose une demande pour «rénovation intérieure d’un immeuble de logements pour aménagement d’appartements meublés».

Octobre 2012   l’Asloca obtient gain de cause: les locataires pourront garder leur appartement au même loyer après rénovation et l’Association d’ha-bi-tant·e·s des Pâquis Survap tient une conférence de presse pour dénoncer les abus qui font exploser les loyers dans le quartier des Pâquis. Interrogé dans ce contexte par la Tribune de Genève, l’administrateur de Vision Genève admet vouloir tripler le rendement locatif de l’immeuble: «Le projet consiste à augmenter le nombre d’appartements en créant beaucoup de studios et de deux-pièces.» Par ailleurs, «ces logements sont destinés à des gens des Nations Unies qui viennent à Genève temporairement.?»

En février 2013   la société reformule une demande définitive pour «transformation d’un immeuble de logements.?» Survap s’adresse à M. Longchamp, président du DU, pour lui demander d’activer les dossiers des 80 appartements en travaux ou inoccupés dans le quartier.

En mars 2013   La famille d’une personne fortement handicapée subit des pressions de Vision SA, qui menace de mettre ses moyens auxiliaires à la rue. A la publication dans la FAO, concernant le projet, Survap réagit en contestant le changement d’affectation des logements en meublés, la diminution des surfaces par appartement, le triplement prévu des loyers. L’association demande que les 3 logements encore habités le restent aux mêmes conditions. Le conseiller d’Etat PLR Longchamp répond: «les travaux, ainsi que les loyers après travaux seront conformes aux dispositions de la LDTR.»

En avril 2013   la Ville de Genève préavise défavorablement le projet qui supprime 30 logements et «demande la préservation de toutes les surfaces de logements selon la LDTR.»

Aujourd’hui:   On attend toujours la détermination de l’Etat. Dans un tel cas l’Etat a-t-il adressé un procès-verbal d’infraction pour les travaux illégaux et sanctionné la location illégale des appartements meublés dans la surélévation? L’Etat pourrait reprendre la main et faire réaliser les travaux rapidement pour remettre en location 23 appartements qui font cruellement défaut à la population.