Afrique du Sud
Le principal syndicat du pays appelle à combattre le capitalisme
Du 17 au 20 décembre 2013, dans la banlieue de Johannesburg, s’est tenu le Congrès national spécial du NUMSA (Syndicat national des travailleurs de la métallurgie d’Afrique du Sud). Ses 1200 délégué·e·s ont appelé les travailleurs.euses du pays à rompre avec l’ANC pour défendre une politique socialiste combative.
Le NUMSA s’est félicité de la croissance de ses effectifs : 10 % de plus depuis le précédent congrès (soit 38 000 nouvelles adhésions), ce qui porte le nombre de ses membres à 338 000. D’où la perspective de passer la barre des 400 000 adhérent·e·s d’ici le prochain congrès, en 2016.
Rompre avec l’ANC…
Cette croissance numérique s’est accompagnée d’un virage à gauche. Alors que, depuis la chute de l’apartheid, la stabilité sociale du pays avait été garantie par la triple alliance ente l’ANC, le SACP (Parti communiste sud-africain) et la COSATU (grande centrale syndicale issue des luttes contre l’Apartheid), après plus de 20 ans d’expérience, un nombre croissant de travailleurs·euses et de militant·e·s ouvriers sont arrivés à la conclusion que cette orientation politique était nuisible pour la majorité de la population du pays. Ceux qui détenaient la richesse l’ont conservée, tandis que les quelques milliers de cadres de l’ANC qui avaient accédé à des responsabilités politique s’en sont mis plein les poches, gagnant un ticket d’entrée dans la classe capitaliste. Pour des millions d’autres, c’était la misère et les bidonvilles, sans eau ni électricité ni égouts : l’apartheid social s’est perpétué au-delà de l’apartheid racial.
Il est très significatif que l’un des syndicats les plus combatifs du pays, avec des traditions de lutte remontant aux combats des années 70, ait réussi à tenir un congrès national extraordinaire pour exiger que la COSATU rompe avec l’ANC, parti de la nouvelle classe capitaliste, et revienne à ses traditions de lutte et à sa pratique de centrale syndicale indépendante.
…pour créer un parti socialiste de classe
Le congrès a aussi voté un appel à la démission du président Zuma en raison de sa politique néolibérale et anti-ouvrière, mais aussi de la corruption et du népotisme de son administration dont la presse s’est largement fait l’écho. Il a décidé de ne plus soutenir les candidat·e·s de l’ANC aux prochaines élections législatives. Enfin le congrès du NUMSA a affirmé la nécessité de fonder un parti socialiste des travailleurs·euses, non seulement pour conquérir des améliorations sociales, mais aussi pour en finir avec le capitalisme.
Le NUMSA se présente comme « le bouclier et le javelot des salarié·e·s ». Il fait écho aux mouvements grévistes comme celui des mineurs de Marikana, dont 34 militants ont été massacrés par la police de l’ANC, en août 2012, pour le compte du trust Lonmin, domicilié à Londres. La délégation des mineurs de Marikana a d’ailleurs reçu une vibrante ovation des métallos, tandis que les délégué·e·s se cotisaient pour les soutenir.
Adapté d’après « Militant », nº 139, 5 janvier 2014.