Loi sur la police (LPOL)

Loi sur la police (LPOL) : Le syndicat des services publics dit non

Ce 29 octobre à Genève, le référendum contre la LPol était déposé. Rappelons qu’Ensemble à Gauche (EAG) a – symboliquement – lancé son propre référendum pour avancer les raisons du NON de gauche et ne pas laisser le monopole de l’opposition au MCG et son rejet de la « menace » hypothétique de policiers non-suisses. Le nombre de signatures déposées rend le vote certain, en mars 2015 peut-être. Mais le front référendaire à gauche doit s’élargir. Ainsi, peu après le dépôt, le Comité de région du Syndicat des Services publics (SSP) prenait position en faveur du NON à la LPol en votation populaire.

Entretien avec Jean-Louis Carlo, membre du Comité directeur du SSP-Genève.

Comment le SSP s’est-il positionné?

Jean-Louis Carlo: Au vote, le mot d’ordre de soutien au NON à la LPol dans les urnes a fait l’unanimité du Comité de région de notre syndicat, qui ne s’était pas prononcé formellement jusqu’ici, même si des mi­li­tant·e·s ont signé le référendum. Ce refus est motivé par des raisons syndicales, mais aussi par une volonté de défendre les libertés publiques et les droits démocratiques. Cette LPol représente encore un tour de vis dans le processus de restriction des droits démocratiques par le duo Maudet-Jornot, dont une étape, que nous avions aussi combattue par référendum, a été l’imposition d’une nouvelle loi sur les manifs liberticide.

 

Quels ont été les arguments principaux contre la LPol dans votre débat?

D’abord le risque auquel la loi ouvre la porte de voir confier des tâches d’autorité à des entreprises privées. Cette loi donne les bases légales à la tactique du salami en matière de privatisation contractuelle d’activités policières. Nous luttons contre toute privatisation de service public, mais celle-ci est particulièrement inacceptable… comme l’est la logique de « marchandisation » de prestations policières par « facturation » des frais d’intervention de la police que permet la loi. Mais il y a aussi les restrictions arbitraires de libertés publiques, notamment les « mesures d’éloignement » policières, sans parler de tout le dispositif de « police préventive » que veut reconduire la loi, que même le Tribunal Fédéral a condamné.

 

Et pour les arguments spécifiquement syndicaux?

Au-delà des aspects matériels, la mise en place telle que prévue d’une « Commission du personnel » livrée à l’arbitraire du Conseil d’Etat est une manœuvre antisyndicale grossière que nous rejetons. Par ailleurs, nous défendons les Assistants en Sécurité Publique (ASP), syndiqués au SSP dont le statut n’est pas clarifié de manière satisfaisante par une loi qui livre cette catégorie de personnel à l’arbitraire du gouvernement. Rappelons que la proposition d’un cahier des charges négocié pour les ASP, reprise au Grand Conseil par EAG, a été combattue par Maudet et refusée au parlement.

 

Quelles suites aura cette décision du SSP

La campagne de vote commencera l’an prochain. L’heure est à l’élargissement du front d’opposition syndical à cette loi et à un travail pour faire comprendre à tous que le refus de la LPol a un autre visage que celui, peu ragoûtant, du MCG. J’imagine dans ce sens que nous devrions, pour commencer, susciter un débat débouchant sur une prise de position analogue à la nôtre du côté de la faîtière syndicale CGAS.

 

Propos recueillis par notre rédaction