Budget cantonal 2015

Budget cantonal 2015 : MCG et PLR unis contre les services publics et les prestations sociales. Résistance!

Le 16 décembre, 4500 manifestant·e·s, personnel et usagers des services publics au coude à coude, descendaient dans la rue à Genève contre le budget d’austérité. Trois jours plus tard, c’est bien un budget de casse écologique et sociale qui sortait du parlement.

Mais l’opposition n’a pas dit son dernier mot. Trois référendums populaires sont lancés, deux à l’initiative de l’association de défense des retraité·e·s AVIVO et un autre par l’association de défense des locataires ASLOCA, un comité « Touche pas à mes services publics » s’est constitué avec notre appui pour contribuer à impulser et à coordonner la lutte des usagers-ères, des bénéficiaires de prestations sociales et des salarié·e·s du secteur.

Les syndicats du personnel se mobilisent: grève des notes des maîtres du post-obligatoire annoncée cette semaine pour le respect des engagements du Conseil d’Etat concernant les effectifs à la rentrée 2016, une journée d’information à la population par les organisations du personnel est agendée pour le samedi 17 janvier et le jeudi 29 sera une journée de grève. Bref, la rentrée politique et sociale de janvier s’annonce brûlante.

 

 

Un ballon d’essai en matière de casse sociale

 

Les enjeux de cette confrontation sont d’autant plus importants que les mesures antisociales, anti-locataires, anti-écologiques de la majorité la plus réactionnaire qu’ait connu Genève depuis des lustres, ne sont qu’un modeste « ballon d’essai » à l’aune de ce que la droite va tenter d’imposer sous peu à Genève. Et tout ceci au prétexte du demi-milliard de coupes supplémentaires dans les recettes, que le gouvernement vend comme une fatalité et qui découle directement de la 3e réforme de l’imposition des entreprises.

 

Dans ce contexte, les débats budgétaires ont fourni quelques enseignements : 

Notre évaluation, partagée par Ensemble à Gauche (EAG), selon laquelle il n’y a pas d’alternative à la construction d’un front social et syndical d’opposition combinant la lutte dans la rue, dans les urnes et sur les lieux de travail est largement confirmée.

Les tentatives, un peu désespérées, du PS et des Verts de négocier jusqu’en dernière minute un accord « du moindre mal » pour replâtrer la façade d’une majorité gouvernementale avec le PLR et le PDC se sont montrées vaines. PS et Verts ont dû – bon gré mal gré – rejoindre EAG dans l’opposition. Leur participation gouvernementale apparait comme illusoire en tant qu’instrument de défense d’intérêts populaires quelconques.

Le MCG – avec ses acolytes UDC – s’est montré sous ses vraies couleurs de supplétif d’extrême droite du PLR. Entre les mesures anti-locataires prônées par leur député-promoteur-multimillionnaire Zacharias, le reniement de la défense des mécanismes salariaux de la fonction publique et leur soutien aux coupes dans l’aide sociale dont leur ministre Poggia a été l’artisan, le parti de Stauffer a mis bas les masques.

Ainsi, au terme du débat parlementaire, le parti même du ministre des finances PDC, partenaire du PLR dans le cadre de l’Entente bourgeoise, n’osait pas voter ce budget, tellement les coupes dans l’aide sociale étaient indécentes.

 

 

Les multimillionnaires à la fête

 

Avec un excédent de plus de 13 millions, le budget a été péjoré de plus d’une dizaine de millions au détriment des services publics, du personnel, de l’emploi et des prestations sociales. Sept millions de coupes supplémentaires sur les postes de l’Etat on fait annoncer à la ministre PS en charge du Département de l’instruction publique qu’il y «aura des licenciements», notamment au DIP qu’elle préside. Sur le plan des mécanismes salariaux, soit des engagements contractuels légaux de l’Etat envers son personnel, c’est plus de 30 millions qui sont sabrés.

Les aides au paiement de l’assurance-maladie pour les revenus les plus modestes sont réduites, les coupes dans l’aide sociale (supplément d’intégration) sont maintenues à hauteur de 150 francs par mois, on s’attaque aussi aux prestations complémentaires cantonales notamment à travers la prise en compte d’une part du subside d’assurance maladie dans le revenu des bénéficiaires.

Dans le domaine du logement, on fait passer à la caisse les locataires des logements sociaux, en augmentant de 1 % le taux d’effort demandé et en coupant dans les subventions aux locataires de logements. L’environnement et les transports publics se sont également vu refuser des moyens nécessaires.

Il va sans dire que ce budget n’est assorti d’aucune espèce d’effort du côté des recettes pour mettre à contribution, même de manière symbolique, ces nantis qui ont bénéficié à Genève de l’essentiel des 8,5 milliards de cadeaux fiscaux depuis 2000. L’environnement y est très attractif pour les nantis, ainsi – comme le rappelait le magazine Bilan de décembre 2014 – Genève compte la densité la plus forte de riches avec plus de 10 millions de fortune en Suisse, bien devant Zurich par exemple.

Le MCG clame toujours qu’en favorisant sur tous les plans les riches, les pauvres bénéficieront des miettes tombant de leur table. Pour ce qui est des nantis, le MCG est fidèle à ses engagements, pour ce qui est des miettes, les pauvres repasseront. En effet, c’est bien à eux que le bloc PLR-MCG s’en prend en première ligne.

 

Pierre Vanek

 

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1,2,3… référendums à signer et faire signer !

 

Les deux référendums, initiés par l’AVIVO contre la loi modifiant la loi sur les prestations complémentaires (LPCC 1542) d’un côté et contre la loi modifiant la loi d’application de la loi fédérale sur l’assurance maladie (LaLAMal 11540) de l’autre, ainsi que celui lancé par l’ASLOCA contre la loi modifiant la loi générale sur le logement et la protection des locataires (LGL 11537) peuvent être téléchargés sur le site www.solidarites-ge.ch