Contre l'escalade US

Contre l'escalade US : Solidarité avec la Révolution Bolivarienne

Le 9 mars 2015, le président étasunien Barack Obama a signé un décret exécutif selon lequel le Venezuela «constitue une inhabituelle et extraordinaire menace pour la sécurité nationale et pour la politique extérieure des Etats-Unis». Il déclarait donc «l’état d’urgence nationale pour traiter cette menace». Une telle déclaration permet à Barack Obama d’appliquer des sanctions à des personnes ou à un pays, dans certaines circonstances, sans approbation préalable du Congrès. Il peut ainsi établir des interdictions commerciales et financières contre un pays jugé hostile et même confisquer les biens de celui-ci sur sol étasunien.

 

Pourtant, dira-t-on, en décembre 2014, les USA avaient bien rétabli les relations diplomatiques avec Cuba. Une analyse superficielle pourrait ainsi faire croire qu’ils développent une nouvelle vision des rapports avec l’Amérique latine. En réalité, «Cuba est un marché-vitrine et a un rôle politiquement stratégique: le capitalisme en général, étasunien en particulier, comprend – contrairement aux troglodytes de l’extrême-droite US – l’intérêt de tenter de réabsorber cette île, perdue en raison des mesures contre-révolutionnaires prises en 1959–1960, avec le blocus qui a jeté Cuba dans les bras de l’URSS. Obama, en ce sens, ne cède pas seulement à la pression cubaine et mondiale: il agit aussi de façon réaliste, dans l’intérêt du capitalisme, et cherche à obtenir par les armes du commerce ce qu’aucun autre président impérialiste n’a réussi en un demi-siècle» (Guillermo Almeyra, La Jornada, 21 déc. 2014). 

 

En ce qui concerne le Venezuela, les dirigeants étasuniens estiment ne pas devoir attendre un demi-siècle pour y remettre les pendules à l’heure néolibérale. Il ne faut pas oublier que, républicains ou démocrates, les présidents US et leurs services sont experts en déstabilisation. Un exemple pas si ancien : le coup d’Etat de juin 2009 contre le président hondurien Manuel Zelaya – « coupable » aux yeux de l’oligarchie locale et des USA d’avoir intégré son pays à l’Alliance bolivarienne des peuples de notre Amérique (ALBA) – s’est produite au cours du premier mandat du démocrate Barack Obama…

 

Dans le cas vénézuélien, qui donc menace qui ?
Le 12 février 2015 devait avoir lieu un coup d’Etat mené par des officiers de l’aviation vénézuélienne, en lien avec des secteurs de l’opposition. Parmi les cibles visées : le palais présidentiel, le ministère de la Défense et le siège de la chaîne Telesur. Dans le cadre de ces préparatifs, un appel à la formation d’un gouvernement de transition avait été signé par Antonio Ledezma (maire de Caracas), par Leopoldo Lopez (chef du parti Voluntad Popular) et par l’ex-députée Maria Corina Machado : les trois avaient pris part au coup d’Etat d’avril 2002 et ont été les promoteurs, l’année passée, de l’agitation visant à renverser le gouvernement en dehors de toute échéance électorale. Des paramilitaires colombiens « démobilisés » étaient d’ailleurs clairement impliqués dans ces troubles, survenus notamment dans les Etats frontaliers (Zulia, Tachira), contrôlés par l’opposition.

 

Le Venezuela vit actuellement une situation économique difficile, liée avant tout à la baisse des cours du pétrole, principale ressource ayant permis de financer les programmes sociaux mis en place par le gouvernement bolivarien. Il subit aussi les conséquences des mesures économiques discutables prises par le gouvernement de Nicolas Maduro. Ainsi, «la réduction des importations pour payer une dette extérieure qu’on peut suspecter d’être illégitime […], l’élévation constante des prix des produits de base – poulet, viande, sucre, farine, riz, transports publics – la prochaine augmentation du prix de l’essence, ainsi que des salaires extrêmement comprimés» (Marea Socialista, 23.02.2015). Cependant, on ne peut faire abstraction des pénuries consciemment organisées, selon une recette déjà éprouvée au Chili, pendant le gouvernement de l’Unité populaire (1970–1973).

 

La victoire électorale de Hugo Chávez, en 1998, avait ouvert la voie à une vague de gouvernements post-néolibéraux en Amérique latine, après une « décennie perdue » d’ajustements structurels menés sous l’égide du Fonds monétaire international. D’où l’inquiétude suscitée par les difficultés actuelles du Venezuela et par les tentatives de déstabilisation de cette expérience : «L’Amérique latine joue son destin au Venezuela. Si le Venezuela tombe, l’Amérique latine aura perdu. Le Venezuela est la clé de l’Amérique latine, il a marqué le début et ne doit pas être le point du commencement de la fin» (Álvaro García Linera, vice-président de Bolivie). L’heure est donc au développement d’une solidarité active et lucide. 

 

Hans-Peter Renk