2e rapport de l'OASI

2e rapport de l'OASI : Chronique d'un préjudice annoncé

Ce 21 mai, l’Observatoire sur l’aide sociale et l’insertion (OASI) publiait son 2e rapport, une occasion, à travers une analyse qualitative, de donner encore une fois la parole aux usagers·ères et de relayer leur vécu.

Après la parution du rap­port intermédiaire d’Evaluanda, critique de la mise en œuvre de la Loi sur l’insertion et l’aide sociale individuelle (LIASI), et moins d’un mois après la publication du rapport sévère de la Cour des Comptes sur la réinsertion professionnelle des chômeurs-euses en fin de droits, c’est une accablante démonstration de plus de l’inadéquation de la LIASI et du traitement du chômage à Genève.

 

 

Entendre le terrain…

 

Créé après le rejet du référendum anti-LIASI, l’OASI a pour but de surveiller l’application de ladite loi et ses incidences sur la loi sur le chômage et celle sur les prestations complémentaires familiales. Soucieux d’identifier les manquements aux améliorations promises, il veut aussi proposer des remèdes.

Fort d’une vraie connaissance du contexte légal et institutionnel dans lequel se déploient ces lois – et porté par l’expérience du terrain des associations de défense des usa­gers·ères de l’aide sociale, des chô­meurs·euses ou des pro­fes­sionnel·le·s de l’action sociale – l’OASI a d’emblée pointé des dispositions inadéquates risquant de péjorer la situation des demandeurs d’emplois.

Ses deux rapports successifs (disponibles sur cgas.ch/oasi) confortent cette perspectives, montrant comment l’objectif de réinsertion professionnelle est dévié et devient une machine à stigmatiser, à exclure, à appauvrir. Ils illustrent comment l’activation à tout prix conduit à la dérégulation du marché du travail.

 

 

Les apprentis-sorciers doivent revoir leur copie

 

Au contraire des tenants de la loi qui promettaient monts et merveilles et n’hésitaient pas à disqualifier les référendaires, la réalité donne raison à ceux-ci. L’OASI n’est plus seul, avec ses modestes moyens, à documenter la manière dont s’applique la nouvelle loi pour les chô­meurs·euses en fin de droits. Il se retrouve en compagnie d’entités disposant de moyens plus importants, mais qui arrivent au fond aux mêmes conclusions.

Pas de triomphalisme. Il n’y a aucun avantage à tirer d’avoir eu raison quand la situation des personnes à l’aide sociale et des chô­meurs·euses en fin de droits se voit dramatiquement péjorée. La leçon à tirer de cette triste expérience, est qu’il eut mieux valu écouter les personnes concernées, entendre les professionnel·le·s de terrain et les mouvements les représentant, plutôt que de jouer les apprentis-sorciers.

Mauro Poggia, chef du DEAS, doit faire ce à quoi il s’était engagé lors du dernier débat de la référendaire, à savoir : «S’il se révèle que nous nous sommes trompés, alors il faudra corriger.» Les démonstrations sont faites. Place à la remédiation ! 

 

Jocelyne Haller