L'Usine en lutte

L'Usine en lutte : Elle a raison de se révolter - Nous avons raison de la défendre

Nous avons raison de la défendre

Vendredi 1er octobre, un public combatif s’est rassemblé sur la Place des Volontaires, devant les portes fermées de l’Usine en grève. Une action amplement justifiée, après des années de négociations infructueuses entre les autorités et le principal espace culturel alternatif et populaire genevois.

Si les dizaines de militant·e·s, salarié·e·s et bénévoles qui composent l’assemblée de l’espace autogéré ont choisi la mobilisation populaire afin d’obtenir la reconnaissance de la régularité de leurs activités, c’est en raison du constat d’échec de leurs multiples tentatives de négociation. Un échec essentiellement imputable à l’attitude du Conseiller d’Etat Pierre Maudet.

En avril 2015 un accord avait en effet été trouvé entre les représentant·e·s de l’Usine et Pierre Maudet, avec l’aval de la Magistrate en charge de la Culture, l’élue PS Anne Emery-Torracinta. À six mois de cela, le Conseil d’Etat persiste à torpiller les activités de l’Usine en bloqueant les subventions de la Loterie Romande, pour l’achat des gradins du Théatre et de matériel technique dans la salle de concerts. L’Usine attend également une autorisation de débit de boisson qui, malgré le dépôt d’une demande en bonne et due forme et malgré l’accord des Magistrats, n’a toujours pas été rendue.

Cet épisode s’insère dans la croisade menée par la droite genevoise contre les espaces culturels alternatifs, associatifs et populaires. Une offensive débutée en 2002, lorsque l’ancien Procureur général Zappelli a évaqué manu militari la quasi totalité des squats genevois et qui se poursuit désormais sous la direction de Maudet et dans le silence complice de Emery-Torracinta. La stratégie de Maudet étant d’une part d’harceler ces lieux par l’intermédiaire du Service du Commerce, de l’autre de rendre les lois cantonales toujours plus contraignantes, inadaptées à la pratique de l’autogestion et attribuant la compétence pour statuer sur les activités culturelles… au Département de l’Economie et de la Sécurité. Une dynamique qui provoque la révolte légitime des milieux culturels alternatifs et populaires, décidés à défendre une culture non-marchande et le principe de l’autogéstion.

Un mouvement populaire que nous devons soutenir pour de multiples raisons.

Premièrement, depuis des années l’Usine accueille avec enthousiasme des activités politiques de solidarité, en faveur du peuple kurde, du peuple palestinien, de la libération des prisonnier·e·s politiques ou encore de la lutte pour les droits des refugié·e·s.

Deuxièmement, dans une ville toujours plus orientées à répondre aux besoins de la grande bourgeoisie, l’Usine s’efforce de maintenir des prix populaires, repose en bonne partie sur du travail militant et ne vise pas l’obtention d’un profit.

Troisièmement, dans une société où le sexisme et le racisme sont à l’ordre du jour, l’Usine lutte activement contre ces fléaux par des campagnes ciblées, par l’absence de discrimination ainsi que par une tolérance zéro contre tout comportement raciste et sexiste dans son enceinte.

Voilà pourquoi l’Usine est en lutte. Voilà pourquoi elle a raison de se révolter. Voilà pourquoi nous avons raison de la défendre.

Pablo Cruchon