Turquie
Turquie : Les campagnes de répressions continuent et s'intensifient
Les forces armées turques ont intensifié leurs campagnes de répressions dans les zones civiles du sud-est du pays à majorité kurde ces dernières semaines, provoquant l’exode de quelques 200 000 personnes.
10 000 hommes au total, appuyés par des chars, ont été mobilisés pour cette offensive qui vise à déloger les militant·e·s kurdes des centres urbains et se concentre sur deux villes proches des frontières syrienne et irakienne, Cizre et Silopi. L’armée turque a détruit des maisons, écoles et hôpitaux. L’année scolaire a été abruptement interrompue tout comme les services sanitaires, faute de médecins.
Le 14 décembre dernier, le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a promis que les forces de sécurité allaient nettoyer « quartier par quartier, rue par rue, maison par maison » les villes du sud-est des « éléments terroristes ». Les opérations militaires des forces de sécurité turques contre les groupes de résistances kurdes locales, y compris avec des militant·e·s du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont conduit a de nombreux affrontements meurtriers. Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, les forces de sécurité turques ont tué des centaines de civils durant ces périodes de couvre-feu.
Selon les données publiées par l’Association des Droits de l’Homme et la Fondation des Droits de l’Homme de Turquie, 173 civils ont été victimes d’exécutions arbitraires et 226 autres ont été blessés par la police ou l’armée turque dans le courant de l’année 2015. Parallèlement à ces massacres de civils, les autorités turques tentent d’étouffer la volonté politique des Kurdes en arrêtant des militants et représentants politiques. Selon un rapport récent de l’Association des Droits de l’Homme de Turquie, cette répression politique s’est soldée par plus de 6000 arrestations de militants kurdes pour la seule année 2015, dont près de 1300 ont été incarcérés. Parmi ces derniers, figurent 17 Maires et de nombreux autres élus locaux.
En même temps, les blocus des villes de Sûr/Diyarbakir, Nusaybin, Kerboran, Cizre et Sirnak se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Des couvre-feux répétitifs ont été imposés sur ces localités au cours desquels la police et l’armée turques se livrent à des exactions et des exécutions arbitraires contre les civils. Les quartiers kurdes sont bombardés par des tanks et des hélicoptères. Ils sont totalement encerclés par des unités militaires lourdement armées. Toute circulation, entrée ou sortie est interdite. La fourniture d’eau et d’électricité est interrompue.
Face à ces campagnes de répressions violentes, les habitant·e·s de nombreuses villes kurdes ont tenté de mettre en place des structures locales d’autogestion pour se défendre face à la répression militaire de l’armée. Nous déclarons notre solidarité avec les populations kurdes et les forces démocratiques en Turquie ! JD