Renouveau de l'hypocrisie suisse

«La Suisse considère que les colonies israéliennes dans les territoires arabes occupés sont illégales, elles sont un obstacle à la paix, nous appelons à cesser ces implantations».

La presse suisse a relevé les mots inhabituellement «francs» que le nouveau chef du Département de la défense, l’UDC Guy Parmelin, adressait à son homologue israélien Moshe Yaalon lors de sa visite à Berne le 11 février. De son côté, le ministre israélien a répété qu’Israël considère l’accord sur le nucléaire avec l’Iran «une erreur stratégique et historique».

Il est fort possible que la posture de la Suisse, moins totalement et unilatéralement favorable à Israël que par le passé, soit dictée par la volonté de ménager quelque peu l’Iran, à la veille d’une visite dans ce pays du ministre de l’économie Johann Schneider Amman.

Ces désaccords restent toutefois sans conséquences sur les relations entre les deux pays. Parmelin a souligné que «Nous entretenons depuis toujours une relation importante avec Israël, c’est un partenaire essentiel de la Suisse au Proche-Orient ». En effet, la visite du ministre de la défense israélien a notamment permis de rappeler que la «longue tradition de collaboration militaire entre la Suisse et Israël » constitue un axe essentiel de cette «relation importante ».

 

 

Un juteux commerce de mort

Aujourd’hui, cette «longue tradition» se renouvelle avec l’achat pour 250 millions de francs des 6 drones israéliens pour l’armée suisse. Cet achat comporte des suites aux niveaux militaire et industriel qui permettront la poursuite de la collaboration et de nouvelles affaires avec le complexe militaro-industriel israélien. Dans ce cadre, les drones risquent fort bien de conduire à un prochain chapitre honteux des exportations de matériel militaire suisse, similaire à celui des avions Pilatus.

Actuellement encore, les avions Pilatus sont considérés comme des avions d’entrainement ne rentrant pas dans la catégorie du matériel de guerre soumise à des restrictions en ce qui concerne les exportations. Les innombrables révélations de bombardements par des Pilatus de populations civiles au Guatemala, au Kurdistan irakien ainsi qu’au Chiapas, n’ont jamais convaincu la droite du parlement suisse de soumettre ces avions à la législation sur le matériel de guerre.

 

 

Une collaboration militaire inacceptable

De même, les exportations depuis la Suisse vers Israël de composantes des drones, prévues dans le cadre des affaires compensatoires liées à l’achat des drones israéliens par la Suisse, ne seront pas soumises aux limitations des exportations de matériel de guerre et de leurs composantes. En effet, la Suisse ne considère pas les drones «non armés» et leurs composants comme du matériel de guerre, même si ces engins forment une partie essentielle d’un système d’armes.

Le drone «non armé» avec des composantes suisses vise sa cible, transfère les données au F-16, au char ou au navire lance-missiles et celui-ci tire sur des maisons à Gaza. Guy Parmelin s’y rendra-t-il lors de sa visite en Israël, pour exiger l’application des Conventions de Genève?

Tobia Schnebli