Palestine
Offensive militaire et annexion continue en Cisjordanie
Alors que la guerre génocidaire se poursuit dans la bande de Gaza, la Cisjordanie est aussi le théâtre de violences coloniales. Une opération militaire de l’armée d’occupation israélienne d’une violence jamais vue depuis vingt ans a d’ailleurs eu lieu fin août.
En Jordanie, les Frères musulmans ont fait une poussée électorale en s’érigeant en héros de la cause palestinienne.
En quelques jours, des quartiers de plusieurs villes ont été pris pour cible, des dizaines de civil·es ont été assassiné·es, déplacé·es et assiégé·es, tandis que de nombreuses infrastructures ont été détruites… Ceci intervient après des mois d’escalade de la violence contre les Palestinien·nes par l’armée d’occupation israélienne et les colons en Cisjordanie, qui ont assassiné depuis le 7 octobre plus de 670 personnes et en ont déplacé de force plus de 5000 à la suite de la démolition de leurs maisons.
Plus de 2000 hectares de terres ont également été déclarés propriété de l’État et le droit exclusif de les louer a été accordés aux Juif·ves israélien·nes. Par exemple, en juin dernier, plus de 1270 hectares ont été annexés, permettant l’établissement de 5295 unités de logement dans plusieurs colonies avec la légalisation de trois nouveaux avant-postes.
Le ministre des Finances et ministre de la Défense Smotrich a transféré de vastes pans de souveraineté sur la Cisjordanie des mains des militaires à celles du gouvernement civil et son ministère, dominés par l’extrême droite, donnant ainsi les pleins pouvoirs à Israël pour le développement de nouvelles colonies.
700000 colons
Depuis 1967, début de l’occupation israélienne de la Cisjordanie et Jérusalem Est, les forces d’occupation israéliennes ont mis en place le plan Allon (du nom de son concepteur Ygal Allon, un chef militaire et homme politique israélien). Ce plan prévoyait la construction de colonies et de bases militaires, de manière à s’assurer le contrôle stratégique des territoires, sans annexer les zones où la population palestinienne est concentrée (villages et villes), qui seraient contrôlées par une autorité arabe collaborationniste. Initialement, le plan prévoyait de rendre ces zones à la monarchie jordanienne, mais à bien des égards, c’est l’Autorité Palestinienne qui joue ce rôle depuis les accords d’Oslo.
En juillet 1967, la première colonie de peuplement est établie sur le Golan. En septembre 1967, c’est au tour de la Cisjordanie occupée avec Kfar Etzion dans la région d’Hébron, tandis que le processus de judaïsation de Jérusalem annexée débute. Dans les années 1970, le général israélien Moshe Dayan encourage l’accélération de la colonisation juive de la Cisjordanie.
Aujourd’hui, 229 colonies israéliennes sont réparties en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Elles hébergent plus de 700 000 colons, dont plus de 200 000 dans la partie orientale de Jérusalem, aux côtés de quelque trois millions de Palestinien·nes.
Face à cette colonisation et annexion continue de la Cisjordanie, les États occidentaux restent relativement passifs. Malgré quelques communiqués et sanctions à l’encontre de colons, aucune mesure n’a été prise contre l’État d’Israël.
D’ailleurs, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution non contraignante en septembre réclamant la fin de l’occupation israélienne des territoires Palestiniens «dans les 12 mois». Adoptée par 124 voix, les États-Unis s’y sont opposés, tandis que de nombreux pays occidentaux, y compris la Suisse, se sont abstenus.
Cela démontre, comme dans la bande de Gaza, la complicité des États occidentaux dans les politiques criminelles et terroristes de l’État d’Israël contre les Palestinien·nes. C’est pourquoi militer pour la solidarité avec la Palestine, c’est aussi lutter contre nos propres classes dirigeantes.
Joseph Daher
Élections
en Jordanie
Le Front d’action islamique (FAI), bras politique de la branche jordanienne des Frères musulmans, a triplé sa représentation au Parlement, raflant 31 sièges sur 138 contre 10 sur 130 lors du précédent scrutin législatif en 2020. Ces élections, dont le taux de participation a été particulièrement faible (32%), sont les premières depuis l’adoption, début 2022, d’une loi augmentant de huit le nombre de sièges et accordant plus de places aux partis politiques ainsi qu’aux femmes. Si les représentants des tribus et les figures loyales à la monarchie continuent de dominer le nouveau Parlement, le FAI, principale force d’opposition, arrache son score le plus important depuis 1989.
La victoire du FAI reflète un mécontentement croissant à l’égard des politiques du royaume, non seulement concernant la guerre génocidaire à Gaza et les liens politiques, sécuritaires et économiques entre la Jordanie et Israël, mais aussi les problèmes socio-économiques et les inégalités sociales persistants dans le pays.
Depuis le 7 octobre 2023, une grande partie de la population jordanienne appelle le gouvernement à suspendre le traité de paix de Wadi Araba (1994) normalisant les relations avec Israël. Une demande appuyée lors des manifestations populaires en soutien aux Palestinien·nes, notamment organisées par le FAI, dont la popularité a augmenté en parallèle de celle du Hamas, érigé par beaucoup en héros de la cause palestinienne au cours des derniers mois.
JD