Immigration/Racisme : La parole aux migrant·e·s

Pauline Desnuelles, originaire de la Catalogne française, traductrice, voyageuse, récemment installée à Genève, a découvert et interrogé des migrant·e·s vivant ici. Des requérants d’asile, des sans-papiers, des clandestins, des travailleuses sans statut légal, des gardes d’enfants exploitées, un adopté, des Suisses récents, un fonctionnaire international, des «expats», une vingtaine de courts portraits, vibrants de vie. Une vingtaine de situations toutes différentes, ayant en commun «les problèmes administratifs, les décalages culturels, les obstacles linguistiques, l’inimitié primaire, la nostalgie de l’ailleurs». Et qui parlent en je. «Sentir battre leur pouls dans mes veines. Parler comme si j’étais eux».

Elle-même aussi sujet. Cette volontaire non mise à distance rend ces entretiens extrêmement émouvants. Et, comme le redit Sylvain Thévoz dans sa préface, émouvoir signifie mettre en mouvement. Ce livre contribuera certainement aux prises de conscience qui s’imposent. Prendre conscience que vous vivons à côté d’êtres rendus invisibles par nos politiques d’exclusion et qui participent activement à la bonne marche de notre économie!

Un des portraits concerne une amie de solidaritéS, qu’avait soutenue le groupe femmes de notre mouvement à son arrivée de Sarajevo assiégée. Elle nous rappelle le combat de l’Association des Mères seules de Bosnie, finalement victorieux. Chaque réfugiée avec ses enfants avait obtenu un permis de séjour! L’opiniâtreté et la solidarité avaient payé! Elle avait reçu en 2002 le Prix femme exilée – femme engagée, une simple distinction symbolique, créée par Alba Viotto, qui a médiatisé le courage et l’engagement d’une centaine de femmes entre 2002 et 2012. Des conseillères municipales de notre groupe sont d’ailleurs à l’initiative d’une motion demandant à la Ville de Genève de relancer cette manifestation.

Pauline Desnuelles

D’ailleurs, les gens…

Editions des Sables, Genève, 2016