Hôpitaux neuchâtelois
Hôpitaux neuchâtelois : On est loin d'une solution satisfaisant toute la population
Le débat sur les hôpitaux neuchâtelois, leurs missions et leurs localisations a une nouvelle fois enflammé le Grand Conseil. La veille, le « Haut veut vivre », avec l’appui des communes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, présentaient une alternative passant par la vente de l’hôpital de la Cité horlogère à une société immobilière privée qui louerait l’immeuble à une société indépendante, à créer, dans laquelle les communes du Locle et de la Chaux-de-Fonds seraient majoritaires. Une privatisation des biens de l’Etat qui n’a fait qu’ajouter à la confusion qui divise le canton depuis plus de quinze ans sur la question de la santé.
L’Hôpital de la Chaux-de-Fonds
Un hôpital et une opération immobilière: un curieux mélange
Voilà que les communes du Locle et de la Chaux-de-Fonds, avec l’appui de tous les partis politiques de la région (regroupés dans le « Haut veut vivre ») sortent de leur chapeau un nouveau projet d’Hôpital. Le pivot de l’opération est la société immobilière, fondation Patrimonium, qui flaire ici une bonne affaire. Elle achèterait à bon compte des locaux pour les relouer, après rénovation, mais sans prendre la responsabilité des soins. Que sera cet hôpital? On saura ce qu’il paiera comme loyer à la société Patrimonium, éventuellement ce qu’il paiera pour les conseils de gestion de l’hôpital du Jura Bernois, mais ça ne dit pas encore ce que seront les soins octroyés aux patient·e·s, ni les conditions de travail du personnel soignant.
On ne voit pas bien les contours de cette nouvelle entité et on ne peut que rester perplexes devant ce montage surprenant. Laisser des financiers se glisser dans la brèche béante laissée par une classe politique incapable de prendre des décisions répondant réellement aux besoins de toute la population du canton, c’est se mettre sur une pente savonneuse. Croire qu’on pourra ainsi sauver l’Hôpital du Haut est une illusion. La dérive paraît complète.
La santé est un bien précieux , non une marchandise, on l’a déjà dit
La santé doit être un service et un bien publics sous le contrôle de la collectivité. Convaincu qu’elle ne doit pas être l’occasion de faire de l’argent à bon compte et que multiplier les Conseils d’adminitrations pour chapeauter les divers secteurs de soins – Hôpital de soins généraux et aigus, Hôpitaux psychiatriques, soins à domicile, … – augmente aussi bien les coûts que la confusion, solidaritéS a dès le départ combattu l’autonomisation d’HNe et vainement proposé au Grand Conseil de changer la loi pour y inscire la santé comme un bien et un service publics. Aujourd’hui, nous continuons de défendre le maintien d’un hôpital et d’une maternité à La Chaux-de-Fonds, sous contrôle public. Mais nous voilà bien isolés.
Le Grand Conseil suit le Conseil d’Etat, mais le conflit n’est pas apaisé
C’est finalement à une très large majorité que les député·e·s ont soutenu le projet du Conseil d’Etat, qui propose de centraliser les soins aigus à Neuchâtel et prévoit la construction d’un nouvel hôpital à La Chaux-de-Fonds consacré au centre de traitement et de réadaptation cantonal, comprenant aussi une policlinique.
Rendez-vous est pris pour février: le vote opposera l’initiative populaire « Deux hôpitaux sûrs, autonomes et complémentaires » à cette proposition du Grand Conseil, qui continue de diviser le « Haut » et le « Bas ». Facteur aggravant: loin d’être choyé dans ce contexte difficile, le personnel soignant se retrouve avec une CCT qui instaure le passage de 40 à 41 h, mesure assortie d’une baisse des salaires…. Motivant.
Marianne Ebel