Capitalisme

Capitalisme : Microfinance et néolibéralisme - Le nouveau masque du capitalisme

Le nouveau masque du capitalisme

Dans un monde de surconsommation et de saturation de la production, où les salaires sont constamment sous pression, les Etats éventrés par des réformes fiscales qui bénéficient aux plus riches et des accords internationaux qui favorisent la privatisation à outrance, la niche financière qu’il reste à exploiter est celle de la financiarisation des populations dont l’accès au crédit et à l’épargne a longtemps été refusé. Ce faisant, le plus grand marché financier au monde s’est ouvert (1).


Simon Kihiko

Evidemment, cette nouvelle orientation des visées financières n’a pas pour but de redresser la barre des inégalités de répartition des richesses. Sous couvert du combat contre la pauvreté, offrir l’accès au système bancaire aux plus pauvres de la planète a bien vite servi à renflouer les caisses des banques et des entreprises tout en vidant les poches des plus démuni·e·s. Spirale de l’endettement, intérêts disproportionnés sur le crédit, les pauvres des Etats-Unis contribuent à accroître les bénéfices des banques américaines. En Inde, les plus vulnérables financent aujourd’hui la chasse à l’évasion fiscale pour le compte de l’Etat, tandis que bon nombre de fraudeurs et de fraudeuses nantis sont intouchables.

En Afrique, des multinationales comme Orange développent, avec l’aide de la technologie numérique, un nouveau filon pour ponctionner directement les foyers les plus miséreux de notre monde. Ne nous voilons pas la face, la microfinance est un avatar du système néolibéral.

La microfinance, un dispositif néolibéral

Depuis une trentaine d’années, la microfinance (en particulier le microcrédit) s’est imposée en se présentant comme le meilleur moyen de développement pour les populations délaissées par l’accès au système bancaire, et un projet émancipateur pour les femmes (2). Le principe est simple: les établissements prêtent de très petites sommes afin de soutenir un ménage dans sa production (artisanat, agriculture…) ou sa consommation. Le risque d’un défaut de paiement étant important, l’intérêt sur ces prêts est très élevé. Basé sur des petits montants, cet intérêt représente des sommes effectives minimes, mais proportionnellement un vol organisé colossal.

Avec la retombée du soufflé médiatique au début du 21e siècle, le paradoxe fondamental de la microfinance n’a plus su se camoufler. Impossible de réduire la pauvreté d’une main et de chercher la rentabilité de l’autre. Il n’est d’ailleurs plus question de lutte contre la pauvreté depuis des années, mais bien de parvenir à inclure financièrement des populations encore loin de ce système, en les incitant à avoir un comportement économique adéquat (emprunter et rembourser dans les temps, etc.) (3).

Les institutions de microfinance (IMF) recherchent la croissance avant tout, avant même de prendre en compte les potentiels réels d’absorption des crédits par les économies locales. Par ailleurs de plus en plus nombreuses et devant faire avec l’arrivée de nouveaux intermédiaires (banques privées, multinationales, etc.), elles ont sensiblement baissé leur qualité de prestation depuis quelques années. De leur côté, les Etats ne savent pas, ou ne souhaitent pas, réguler ces entreprises.

Depuis la crise de 2008, la montée des impayés du micro­crédit a été fulgurante, attestant de la dépendance de la microfinance, telle qu’elle est pratiquée, de l’économie capitaliste. Face aux difficultés de remboursement, les IMF ont augmenté leurs moyens de contrôle pour récupérer leurs intérêts et sélectionnent progressivement les moins pauvres des emprunteurs et des emprunteuses.

Dans plusieurs pays d’Amérique latine (Bolivie, Equateur et Nicaragua notamment) (4), des résistances se sont organisées pour combattre les IMF, mais surtout pour dénoncer la transformation d’une lutte commune contre l’oppression en une lutte pour la survie individuelle, passant par la démobilisation politique et la mise en concurrence des opprimé·e·s. Entre 2008 et 2010 au Nicaragua, des client·e·s en défaut de paiement se sont confrontés directement et violemment aux IMF en refusant de rembourser, à un moment où les prix agricoles chutaient dangereusement et mettaient leur survie en péril (5).

Spirale de l’endettement des emprunteurs, exclusion des plus pauvres

Les conséquences de la «crise du microcrédit» sont aujourd’hui incontestables. Seuls 200 millions de prestataires étaient recensés comme créditeurs ou créditrices en 2012, loin des attentes des financiers et des financières. (6) Le manque de confiance des populations s’explique par l’évidente indifférence des institutions pour les intérêts des pauvres, et ce déficit de clientèle maintient les rendements des IMF faibles. Résultat, c’est le nombre des emprunteurs et emprunteuses très pauvres qui continue de chuter, au profit de personnes moins pauvres, représentant une meilleure garantie. La microfinance s’essouffle et, pour parvenir à ses fins, n’hésite plus à fragiliser les plus démuni·e·s.

Grâce à la facette humanitaire des microcrédits, les IMF obtiennent aisément des financements, qu’elles ne parviennent toutefois pas à écouler puisqu’elles rencontrent des difficultés à enrôler de nouveaux client·e·s. Elles préfèrent alors se focaliser sur les emprunteurs et emprunteuses déjà intégrés dans le processus, allant jusqu’à leur forcer la main, et les encouragent à prendre un second emprunt, augmentant au passage les montants. De cette façon, les IMF rattrapent les pertes issues du manque de clientèle. Néanmoins, la conséquence pour les débiteurs et débitrices est un cercle vicieux de l’endettement, où chaque nouveau crédit sert à financer le précédent. (7)

Aux Etats-Unis, la spirale de l’emprunt pour rembourser une dette est devenue la norme. A tel point qu’un indice d’évaluation de la capacité à s’acquitter de son dû a été mis sur pied.

La cote de (dis)crédit des pauvres étatsuniens

La crise économique de 2008 a eu des conséquences dramatiques pour les plus vulnérables dans la société américaine (pauvres, sans-papiers, migrants et migrantes, habitant·e·s d’anciennes villes industrielles…) particulièrement affectés par l’effondrement d’une partie du système bancaire même s’ils et elles n’ont aucun accès au système en question. En parallèle, les prêteurs de crédit se sont multipliés dans les quartiers pauvres des grandes villes des Etats-Unis, proposant des prêts à court terme et très coûteux. Une vaste arnaque, qui ne fait qu’aggraver les inégalités sociales.

Ces banquiers et banquières de l’informel proposent des transferts d’argent liquide ou l’encaissement de chèques, sans l’obligation d’avoir un compte en banque. A chaque transaction, une commission est touchée (en moyenne 2 %, plus des frais fixes). En outre, ils et elles proposent des prêts de très court terme, dont les intérêts peuvent atteindre 15 % dans les cas les plus agressifs (comme les prêts sur salaire). L’addition de toutes ces échoppes (des milliers à travers le pays) représente un nouveau modèle commercial hyper agressif, une industrie microfinancière puissante et multiforme, dite des «prêteurs rapaces» ou predatory lenders. Les prêts sont à court terme, mais très chers et difficilement remboursables par les client·e·s, qui généralement sont contraints de contracter un nouvel emprunt pour rembourser le premier. En 2015, ce commerce a représenté 46 milliards de dollars de profit. (8)

A l’inverse, les banques cessent d’ouvrir des succursales dans les quartiers pauvres par manque de perspective de profit, créant des zones de désert bancaire. Les client·e·s y sont jugés plus encombrants que bénéfiques: ils nécessitent d’avoir des guichets à disposition, n’ont guère d’argent à épargner, mais plutôt des prêts à demander et n’offrent que peu de garanties. Les banques recherchent des épargnant·e·s invisibles, et les défauts de comportement sont vite sanctionnés. Ainsi, en 2011, les banques ont fait un profit de 38 milliards de dollars grâce aux factures des frais entraînés par les découverts. (9)

Le contrôle sur les individus est devenu prégnant. Un·e Américain·e dans la norme emprunte et rembourse dans les temps. Un système de cote de crédit s’est d’ailleurs constitué, fonctionnant comme un identifiant (à l’image du numéro de sécurité sociale) et variant entre 100 (mauvais) et 990 (très bon) en fonction des retards de paiement. Le dossier de crédit ainsi monté définit crucialement la vie aux USA, puisqu’il est accessible aux commerces, assurances, propriétaires, employeurs, sites de rencontre en ligne… et bien évidemment aux banques, qui profitent d’une basse cote pour augmenter leurs intérêts vis-à-vis du coupable.

En cas d’absence de solvabilité, les personnes concernées tombent dans l’invisibilité bancaire totale, la vie en devient plus chère et plus compliquée. Ce cas de figure concerne un tiers des quartiers pauvres urbains, surtout les Noirs et les Hispaniques (15 % d’entre eux à l’échelle nationale, contre 9 % de Blancs (10)).

En moyenne, chaque foyer a 8 cartes de crédit et les crédits moyens à la consommation sont de 15 000 dollars par ménage. (11) Les prêts à la consommation (qui concernent l’achat de produit de base comme les médicaments ou la nourriture) atteignent des niveaux jamais vus: en 2015, ils représentaient 3 535 milliards de dollars. (12) Cette envolée des crédits a débuté dans les années 1980 avec la déréglementation du taux d’usure ou, dit autrement, l’abolition du plafond des taux d’intérêt. La contrepartie a été la liberté et l’opacité totales dans lesquelles les banques américaines ont obtenu le droit de fixer leurs taux d’intérêt (13). De ce fait, l’intervention étatique est prétendue impossible, et les exclus s’en remettent aux prêteurs privés. (14)

Aux Etats-Unis, l’Etat favorise ouvertement l’engraissement des riches en refusant d’intervenir sur le marché financier. Dans un exemple très récent, datant de la fin 2016, l’Etat indien a montré comment une intervention, prétendument bénéfique pour le peuple, pouvait au contraire se retourner contre les pauvres et protéger les plus riches.

Mesure «anti-pauvre»: l’Inde attaque la monnaie papier

En Inde comme dans la plupart des pays en développement, la grande majorité des transactions et de l’épargne se font encore en liquide (90 %), en particulier pour les pauvres qui n’ont pas accès à un compte bancaire. Or, le 8 novembre dernier, l’Etat démonétisait sans crier gare les billets de 500 (7,4 francs suisse) et 1000 roupies (Rps), soit 86 % de la masse monétaire en circulation. (15) En quelques heures, ces billets ont perdu leur valeur, remplacés plus tard par de nouveaux.

Le Premier ministre Narendra Modi, candidat du parti ultra nationaliste hindou (BJP) lors des élections législatives de 2014, avait mené sa campagne sur le thème de la lutte contre l’argent sale. La démonétisation a ainsi obtenu un alibi étatique: ce geste devait servir à combattre la fraude fiscale, l’argent sale et la fausse monnaie, en ramenant les billets vers les banques. Coup de maître qui tombe à pic, puisque cinq Etats en Inde devront voter pour élire leur représentant·e·s cette année. (16)

Dans les jours qui ont suivi l’annonce, les files d’attente devant les banques pour retourner les billets dévalués étaient sans fin. D’autant plus que le gouvernement indien a fixé une limite par personne et par jour de 4000 Rps échangeables dans les banques, durant quelques semaines seulement. Passé ce montant, le reste devait être obligatoirement déposé sur un compte bancaire… précisément inaccessible pour les pauvres qui ne remplissent pas les critères d’obtention (avoir des papiers d’identité, par exemple). Parallèlement, trop peu de distributeurs étaient opérationnels et disposaient de nouveaux billets, les échanges devaient donc se faire à la banque, ou via un marché noir créé peu de temps après l’annonce.

Tout dépôt de plus de 250 000 roupies sur un compte bancaire était supposé faire l’objet d’une enquête. Ainsi, pour ne pas freiner les classes moyennes et les plus fortunés, l’Etat a déclaré une amnistie fiscale de 50 % des fortunes non déclarées! En outre, les nantis détenant de l’argent sale ont eu tout le loisir de le blanchir rapidement. Loin d’être redistributive, cette démonétisation a plutôt encouragé fortement celles et ceux qui en avaient les moyens et intérêt à faire de l’évasion fiscale. (17) Selon le livre blanc commandé par le gouvernement en 2012, «plus de 72 % des biens acquis par l’argent sale sont conservés à l’étranger», bien souvent dans les paradis fiscaux. Le secteur bancaire, la finance, l’énergie et la technologie se trouvent ainsi parmi les plus à même de profiter du changement monétaire. (18)

Au final, la manière dont la démonétisation a été lancée a soulevé énormément de critiques, et reste passablement inefficace. La fraude est réapparue bien vite, l’argent récupéré dans les coffres bancaires bien en dessous des montants espérés, et les dépôts d’argent illégal ont trouvé d’autres subterfuges pour proliférer.

Son véritable impact a été pour le secteur informel (la construction, le textile, l’agriculture et les ventes de détails), dans lequel travaille une large majorité des Indiens et des Indiennes, et pratiquement toute la population pauvre. L’essentiel de l’argent liquide en circulation contribue à alimenter des transactions non déclarées, des salaires au noir, etc. Par conséquent, la démonétisation soudaine de 86 % de la masse monétaire en circulation a substantiellement entravé ces échanges. De nombreux employeurs et employeuses n’ont plus été en mesure de payer le salaire quotidien de leurs ouvriers et ouvrières, certain·e·s acceptant même de recevoir leur salaire en billets anciens.

De son côté, le gouvernement a profité de cette crise pour inciter les Indiens et Indiennes à ouvrir des comptes bancaires et à s’habituer aux paiements électroniques. Les infrastructures font défaut en dehors des grandes villes, et les comptes bancaires sont inaccessibles pour la plupart des pauvres du monde rural. Mais depuis peu, un nouvel outil est lancé, afin de pallier les distances et faciliter l’accès à la finance pour la population: la finance numérique.

Transactions financières numériques ou comment l’opérateur Orange parvient impunément à ponctionner l’Afrique

C’est en Afrique subsaharienne que la numérisation des transactions financières par le biais des téléphones portables a vu le jour. (19) Depuis 2008, des opérateurs comme Orange ou M-pesa offrent avec chaque carte SIM la possibilité d’ouvrir un compte numérique. Leur campagne a débuté au Kenya, à grand renfort publicitaire, offrant ce service sans frais afin d’attirer le client. Une fois ce compte numérique ouvert, il devient extrêmement simple de transférer, déposer ou retirer de l’argent via son téléphone portable à l’une des milliers de cahutes qui ont foisonné au Kenya, mais aussi au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, etc.

Ce système représente des montants faramineux, mais surtout permet de répondre à la stagnation des microcrédits en touchant beaucoup plus d’individus. En 2013, les guichets des opérateurs financiers étaient au nombre de 12 000 tandis que les banques et les IMF ne totalisaient que 1000 agences. (20) En moins de 10 ans, plus de 400 millions d’utilisateurs et utilisatrices sont recensés dans le monde, en majorité en Afrique subsaharienne. (21) Rien qu’au Kenya, 70 % de la population adulte est cliente de M-pesa, et les «portefeuilles électroniques» représentent 40 % du PIB du pays. (22)

Posséder un compte numérique offre certains avantages: la fin des longues files d’attente pour accéder au guichet, des risques de vol les jours de paie, des complications pour envoyer de l’argent aux membres de la famille dans le besoin, etc. Le principe est en outre très simple. La première opération consiste à se rendre à l’une des multiples bornes d’un opérateur téléphonique et de se faire ouvrir un compte, sur lequel de l’argent virtuel peut être déposé. En quelques clics, de l’argent peut être ajouté sur le compte numérique, comme on recharge un compte prépayé téléphonique. Il est aussi aisé de le reverser à d’autres comptes numériques où qu’ils soient, et la monnaie virtuelle peut être retirée à d’autres bornes partout dans le monde. Au niveau international, les migrants renvoient par ce biais de l’argent à la famille. Entre la Côte d’Ivoire et le Burkina par exemple, 4 à 5 envois par usager sont comptés en moyenne par trimestre.

Jusque-là, une révolution positive: les pauvres ont enfin autant de droits que les riches, bénéficient de la sécurité d’un compte et de la facilité de l’e-­finance. C’est sans compter la nécessité pour les opérateurs de grossir leurs bénéfices. A chaque transaction – ouverture du compte numérique, dépôt, retrait, transfert – les client·e·s sont taxés (par l’Etat) et doivent payer une commission à l’opérateur. (23) Et les taux peuvent s’avérer très importants (autour de 10 %, parfois plus). En somme, les pauvres ont droit aux mêmes avantages que les riches, mais à condition de les payer et bien plus cher.

Que ce soit en Inde ou dans les pays en développement assaillis par les comptes numériques, un même objectif: pousser la masse des pauvres à utiliser les services financiers. La diffusion du téléphone portable a été l’élément clé permettant ce virage, largement et rapidement propagé dans tous les pays en développement. Ce sont les citadins, dont une grande partie est habituée à envoyer régulièrement de l’argent pour soutenir leur famille à la campagne, qui sont les premiers à bénéficier de cet accès.

Le microcrédit, qui mise sur les prêts avec un meilleur rendement plutôt que sur la prudence, la formation et la protection des clients, était arrivé à saturation. A l’ère du numérique, il revient par la petite porte, en profitant des avancées technologiques.

Exploitation par le travail et financiarisation à haute dose: un capitalisme qui mute

Le néolibéralisme de la fin du XXe siècle se caractérise par une financiarisation intensive, que la microfinance a permis d’amener aux plus pauvres, aux exclus des marchés financiers. Ce faisant, les pouvoirs traditionnels de lutte syndicale s’affaiblissent face à l’augmentation du pouvoir du capital sur la manne monétaire et économique: austérité, privatisation, y compris de la création de monnaie, etc.

Les petites transactions financières cachent un profit gigantesque à l’échelle des pays en développement, prélevé dans les poches des plus démuni·e·s de cette planète. Ce sont aussi dans ces pays que le salariat formel se réduit au profit de l’informalité, plus difficile à contrôler. En Inde, la démonétisation a permis d’ébranler cette structure, sous l’argument mensonger de chercher à réduire la fraude et la corruption. Au final, ce sont les travailleurs et les travailleuses déjà victimes du système qui ont été encore plus affaiblis, alors que les capitalistes ont sans problème su tirer leur épingle du jeu et préserver leurs deniers.

Cette attaque en règle du néolibéralisme a largement pénétré la sphère privée, en s’arrangeant pour façonner les comportements des populations selon ses directives. Ainsi aux Etats-Unis, les comportements individuels sont contrôlés, dénoncés, criminalisés en fonction de la capacité à répondre aux injonctions des prêteurs et des banques. Alors que ce sont ces mêmes pratiques et ces mêmes banques qui sont à l’origine de la récente crise économique qui a dramatiquement affecté les Américain·e·s les plus vulnérables, les rendant bien incapables de rembourser leurs emprunts. Et que, parallèlement, l’encouragement à contracter de nouveaux prêts est omniprésent.

Avec des pratiques d’individualisation de plus en plus exacerbées, le capitalisme a su atomiser les luttes, divisant les travailleurs et les travailleuses. De son côté, l’Etat abandonne de plus en plus ouvertement sa charge redistributive et de protection sociale pour protéger les intérêts des plus riches. (24) En Suisse, la troisième réforme sur l’imposition des entreprises (RIE 3) ne le montre que trop clairement: tout est organisé pour bénéficier aux patrons et aux actionnaires. Face à cela, les résistances doivent être plus fortes. Aujourd’hui comme hier, peut-être même encore plus aujourd’hui, il s’agit d’appeler à la solidarité et au rassemblement des luttes pour contrer ce système délétère.

Aude Martenot

  1. Collins, D., Morduch, J., Rutherford, S., Ruthven, O. 2010. “Portfolios of the Poor: How the World’s Poor Live on $2 a Day”, Princeton University Press.
  2. Servet, J-M. 2015. «La vraie révolution du microcrédit», Odile Jacob.
  3. Morvant-Roux, S., Servet, J-M. 2016. «Promouvoir un portefeuille électronique pour les plus pauvres», Le Temps, le 28 novembre.
  4. Bédécarrats, F., Bastiaensen, J., Doligez, F. 2011. «Nouvelles Gauches et inclusion financière: la microfinance contestée en Bolivie, en Equateur et au Nicaragua», Critique internationale, 52, pp. 129-153.
  5. Bastiaensen, J., Marchetti, P., Mendoza, R., Pérez, F. 2013. «L’issue paradoxale du mouvement social contre la microfinance ‹ néolibérale › au Nicaragua: une analyse politique», Mondes en développement, 163, pp. 51-68.
  6. Morvant-Roux, S., Servet, J-M. 2016. «Promouvoir un portefeuille électronique pour les plus pauvres», Le Temps, le 28 novembre.
  7. Fouillet, C., Guérin, I., Morvant-Roux, S., Servet, J-M. 2016. «De gré ou de force: le microcrédit comme dispositif néolibéral», Revue Tiers Monde, 225(1), pp. 21-48.
  8. Robin, M. 2016. «Quelle est votre cote de crédit?», Manière de voir, 149, pp.15-18.
  9. “Graphic: Checking account risks at a glance”, The Pew Charitable Trusts, 2011.
  10. “Data point: Credit Invisibles”, Consumer Financial Protection Bureau, 2015.
  11. Robin, M. 2016. «Quelle est votre cote de crédit?», Manière de voir, 149, pp.15-18.
  12. Ibid.
  13. Mercatante, S. 2008. “The deregulation of usury ceilings, rise of easy credit, and increasing consumer debt”, South Dakota Law Review, 53, p. 37.
  14. Robin, M. 2016. «Quelle est votre cote de crédit?», , Manière de voir, 149, pp.15-18.
  15. Etwareea, R. 2016. «L’Inde repêche 80 milliards de francs du marché noir», Le Temps, le 28 novembre.
  16. Dougnac, V. 2017. «L’Inde continue à faire face à une pénurie de billets de banque», Le Temps, le 2 janvier.
  17. Etwareea, R. 2016. «L’Inde repêche 80 milliards de francs du marché noir», Le Temps, le 28 novembre.
  18. Farine, M. 2017. «L’Inde adapte son budget à la démonétisation», Le Temps, le 1er février.
  19. Il s’est depuis développé dans plusieurs pays d’Asie et d’Amérique latine.
  20. Lonie, S., Martinez, M., Oulai, R. 2015. «La finance numérique en Côte d’Ivoire: A vos marques… Prêts? Partez!», La Banque Mondiale, le 3 mars.
  21. Morvant-Roux, S., Servet, J-M. 2016. «Promouvoir un portefeuille électronique pour les plus pauvres», Le Temps, le 28 novembre.
  22. Leboucher, S. 2016. «L’Afrique, laboratoire du digital», Banque & Stratégie, le 12 juillet.
  23. Morvant-Roux, S., Servet, J-M. 2016. «Promouvoir un portefeuille électronique pour les plus pauvres», Le Temps, le 28 novembre.
  24. Servet, J-M. 2016. «Solutions liquides. Résistances dans l’après-capitalisme», Esprit, 423, pp. 216-226.