L'argent ne travaille pas - Nous oui!

Nous oui!

Les jeunesses socialistes suisses (JUSO) ont choisi de lancer une initiative populaire à l’issue d’une joyeuse braderie de quelques 12 propositions lors de son assemblée des délégué·e·s. C’est une revendication fiscale qui a été retenue avec l’initiative dite des 99 %. Nous la soutenons


«We are the 99%», slogan emblématique du mouvement Occupy Wall Street. – Elee Photography

Les droits sociaux et nos services publics sont financés par deux moyens principaux: la cotisation salariale et l’impôt progressif sur le revenu et la fortune. Proposer de nouveaux revenus par l’impôt et garantir leur redistribution directement aux salarié·e·s est de ce point de vue bienvenu et devrait désenclaver la question fiscale de combats purement défensifs, comme la RIE 3 (renommée PF17) cantonale et fédérale.

Un contenu revendicatif contre le capital

L’initiative 99 % s’inscrit dans le système fiscal suisse, qu’elle veut modifier par le changement de deux paramètres: d’une part les revenus tirés de la propriété du capital devraient être imposés 1,5 fois plus que ceux des salaires ; d’autre part, les recettes supplémentaires découlant de cette «taxation des revenus du capital» devraient être redistribuées, soit par le biais de rabais d’impôts aux personnes à bas et moyens revenus, soit par une affectation à des missions sociales des collectivités publiques (par exemple, des subventions au système de santé).

Aujourd’hui les impôts sont prélevés sur les revenus et la fortune, mais pas sur les gains en capitaux, c’est-à-dire la différence entre prix d’achat et prix de vente d’actions, d’immeubles, etc. C’est probablement l’imposition des revenus tirés des gains en capitaux qui devrait toucher le plus fortement les gros propriétaires et actionnaires, et constitue donc la mesure phare de cette initiative.

Une initiative pédagogique

Malheureusement, il n’est pas sûr que cette initiative, très brève dans sa formulation, ne présente pas une certaine faiblesse en utilisant le lexique de l’analyse économique, plutôt que celui du droit. S’ouvre ainsi la nécessité de mener deux combats de front: l’explicitation d’un langage peu utilisé et mal connu du public et le commentaire d’une proposition fiscale assez radicale. Il sera difficile de faire les deux à la fois, même si la thématisation du conflit d’intérêts entre salarié·e·s et actionnaires/spéculateurs contribue bien au développement d’une conscience anticapitaliste.

On peut regretter que la JUSO se cantonne à des thématiques propagandistes générales, alors qu’elle pourrait mener des campagnes de rupture en prise plus directe avec des dossiers nationaux brûlants. Bien sûr, ce faisant, elle se confronterait aussi beaucoup plus à la politique quotidienne du PSS, comme la politique des retraites d’Alain Berset ou la politique d’asile de Simonetta Sommaruga. Ce faisant, la JUSO ne risque-t-elle pas de se cantonner à une politique «de jour de fête», tandis que le PSS se charge d’un business quotidien moins reluisant?

Pour la prospérité sociale!

Cela dit, la JUSO fait un bon usage de sa capacité d’imposer des débats nationaux en mettant en cause cette fois-ci l’envolée des profits des possédants et l’austérité imposée au plus grand nombre. L’impôt fortement progressif et redistributeur n’est-il pas au cœur de tout projet de développement de services publics et d’une prévoyance sociale échappant à la tutelle des marchés? C’est pourquoi notre Coordination interrégionale a décidé de soutenir cette initiative des Jeunesses Socialistes.

Dimitri Paratte

Infos: 99pourcent.ch