PV 2020

PV 2020 : Une table ronde d'Alain Berset riche en enseignements

Le 27 octobre, le Conseiller fédéral Alain Berset convoquait une table ronde suite au refus de la réforme Prévoyance Vieillesse 2020. La discussion visait à réunir l’ensemble des acteurs concernés par ce rejet et par les suites à donner en matière de retraites. Un exercice alibi qui a pourtant livré quelques précieux enseignements.

En réunissant une table ronde sur le non à PV2020, les intentions d’Alain Berset étaient évidentes: gagner du temps et essayer de repousser la mise en chantier d’un futur projet à la prochaine législature. Néanmoins, les prises de position des 27 associations, groupements et partis invités ont mis en lumière quelques tendances intéressantes.

Du côté du patronat et de la droite bourgeoise, il faut d’abord souligner le recul manifeste des revendications sur l’âge de la retraite. A l’exception des jeunes PLR, aucun·e des représentant·e·s bourgeois n’a proposé une élévation de l’âge de la retraite à 66 ou 67 ans. Comme nous, ils ont compris que le refus populaire s’était essentiellement construit autour du rejet de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes.

Par contre, le camp bourgeois a présenté différents points à propos desquels il va mener bataille dans le cadre d’une future réforme des retraites. Sa revendication principale a été la «dépolitisation» du taux de conversion, autrement dit son retrait de la loi, afin de le soumettre à des négociations ad hoc. Les organisations bourgeoises soutiennent aussi presque unanimement la réduction ou la suppression du montant de coordination. Enfin, elles ont plaidé pour le traitement séparé des réformes du 1er et du 2e pilier, avec un point de convergence autour de l’élévation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.

Du côté syndical et des partis de centre-gauche, si la position du parti socialiste n’a que peu bougé, celle de l’USS a connu un revirement important. Paul Rechsteiner a repris l’essentiel des arguments et des positions du comité référendaire, s’engouffrant ainsi dans l’espace ouvert part la victoire du 24 septembre… Une réaction malheureusement bien tardive, mais qui confirme que la bataille sur la gauche a été remportée par le comité référendaire.

La seule demi-surprise vient des jeunesses des partis, notamment la jeunesse socialiste et les jeunes Verts. Les deux formations ont, à travers leurs prises de position, appelé à une intégration du 2e pilier dans le 1er, soutenant ainsi explicitement le projet de solidaritéS. L’anecdote démontre, si besoin était, que notre campagne a été utile et a permis de faire progresser nos propositions.

Avec une droite qui se replie et veut attaquer le 2e pilier, et un centre-gauche qui fuit le débat et a déjà abdiqué, l’espace politique à prendre est gigantesque. Le moment de sortir avec un projet concret redéfinissant un horizon de lutte autour de la question des retraites est venu. A nous de le saisir.

Pablo Cruchon