Fortune: toujours moins d'impôt
Les riches donnent le ton: l’accumulation d’argent doit augmenter et les impôts diminuer. En complément du Projet fiscal 17, qui divise l’impôt sur le bénéfice par deux, plusieurs motions demandent une réduction de l’impôt sur la fortune.
Les riches se portent bien dans le canton de Fribourg et le nombre de millionnaires a doublé, passant de 2279 en 2003 à 4545 en 2015. L’impôt cantonal qu’ils·elles paient sur leur fortune est dérisoire: 3200 francs par million (rappelons qu’il n’y a pas d’impôt fédéral sur la fortune). Pourtant, ils·elles ne sont pas satisfaits et mobilisent leurs député·e·s pour obtenir de nouveaux privilèges.
Arrête ton char, Ruedi
Le député Ruedi Schläfli est candidat UDC au Conseil d’Etat. L’entrepreneur-agriculteur-apiculteur veut donner du canton une image «non seulement innovatrice mais également compétitive dans le domaine de la fiscalité». Il propose de réduire de 25 % le coefficient d’impôt sur la fortune. Cela représenterait une perte de recettes d’environ 22 millions. Aucun problème pour lui, qui estime qu’on pourrait sûrement économiser cet argent.
Dans sa réponse, le Conseil d’Etat considère qu’une baisse aussi massive est impossible mais que «la baisse durable de l’impôt sur la fortune est prioritaire aux yeux du Conseil d’Etat».
Rauber & Bapst
Thomas Rauber est lui un député PDC bien comme il faut. Président du conseil d’administration de TR Invest, membre de la direction de TR Management, il collectionne également une vingtaine d’autres conseils d’administration. Avec son collègue de parti Markus Bapst, directeur de Triform SA, ils ont déposé une motion visant à diminuer l’impôt sur la fortune.
Leur argumentation laisse songeur. Ils estiment que l’impôt sur la fortune «frappe en particulier les personnes qui investissent leur argent dans leur propre entreprise». Ces derniers se retrouvent souvent dans une situation telle… qu’ils·elles doivent prendre sur leurs dividendes pour payer l’impôt. Les deux lascars estiment également qu’une baisse d’impôt permettrait de «créer un environnement favorable pour les personnes fortunées».
Le Conseil d’Etat est plein de compréhension pour leurs demandes. Il reconnait la «nécessité d’agir en vue d’alléger l’impôt sur la fortune des entrepreneurs qui disposent de titres non cotés suisses». Il est également favorable à une réduction du barème de l’impôt sur la fortune pour l’ensemble des contribuables, à condition que le coût de ces différentes mesures ne dépasse pas 25 à 30 millions.
Pierre-André Charrière