Surveillance des assurés

Surveillance des assurés : Soutien au référendum

En mars dernier, la droite du Parlement a décidé de donner aux assurances des pouvoirs très larges pour faire surveiller par des détectives privés les personnes suspectées de fraude à l’aide sociale.

Alors que le Code pénal punit déjà l’obtention illicite de prestations sociales, désormais les espions mandatés par les assurances pourraient écouter des conversations intimes tenues à domicile depuis un balcon voisin, filmer, photographier et même recourir à des drones – le tout sans l’autorisation d’un juge. Même le Service de renseignement de la Confédération ne dispose pas, selon la loi, de prérogatives aussi larges en l’absence de contrôle judiciaire.

Bien qu’ils et elles aient refusé cette révision aux Chambres fédérales, les responsables socialistes et verts ont renoncé dans un premier temps à un référendum, le jugeant perdu d’avance. Toutefois, la mobilisation d’un petit groupe de citoyen·ne·s zurichois, emmenés par l’écrivaine Sibylle Berg, a bousculé les calculs tactiques des politicien·ne·s. A travers la plateforme en ligne WeCollect, ce groupe a obtenu en une semaine 10 600 promesses de signatures pour un référendum et 25 000 francs de dons. Cet écho public positif a mis sous pression partis de gauche et syndicats, les amenant à revoir leur position et à s’engager pour le référendum.

L’aboutissement de ce dernier permettra d’alerter la population non seulement sur les dangers d’une telle réforme pour la sphère privée, mais aussi de mettre en lumière son absurdité d’un point de vue strictement comptable. Les frais de surveillance engagés pour traquer la fraude à l’aide sociale sont en effet à peine couverts par les sommes récupérées, comme le note un journaliste de la Wochenzeitung (10 août 2017) sur la base des pratiques à l’œuvre à Zurich. Le journaliste y rappelle que les pertes pour les collectivités publiques suisses provoquées par l’évasion et la fraude fiscales se monteraient à près de 20 milliards par an: une problématique brûlante que la droite semble beaucoup moins pressée de traiter. HB