Elections cantonales

Elections cantonales : Ensemble à Gauche surmonte les obstacles

Nos adversaires, PLR en tête, voulaient enterrer notre groupe Ensemble à Gauche (EAG) au parlement. En effet, après deux législatures d’absence à la gauche du PS nous sommes revenus au Grand Conseil en 2013. Malgré la modestie numérique de notre groupe, nous y avons joué un rôle croissant au cours des dernières années de législature, en termes de résistances à la politique d’austérité et de démontage social du Conseil d’Etat, comme de propositions dans nombre de domaines.

Les résultats du 15 avril ont démenti ceux qui nous voyaient hors-jeu. Nous avons conservé un groupe de 9 élu·e·s (appuyé par 2 députés suppléants), dont 6 titulaires membres de solidaritéS. Trois «jeunes» député·e·s entrent, renouvelant notre fraction, parmi lesquels Pablo Cruchon (vice-prés. de l’Asloca) et Jean Burgermeister, candidat au premier tour du Conseil d’Etat.

En termes de pourcentage, nous avons pourtant régressé, passant de 8,75 % des voix en 2013 à 7,83 % ce printemps, une baisse de 0,92 %. Ce recul reflète notamment 3 facteurs:

La présence de 3 «petites» listes données par certains, comme étant de gauche radicale et reflétant donc notre «division». Parmi elles la «Liste femmes» (volontairement démarquée de la gauche) et la liste «pour Genève» (LPG) inventée par un duo, qui disait publiquement vouloir juste torpiller EAG. Si la liste femmes, a eu un «bon» score de 3,26 %, n’atteignant cependant pas 50 % du quorum, la LPG a dû avouer l’échec de son projet avec 0,71 %… dépassée même par la liste improvisée et hétéroclite «égalité & équité» à 0,88 % des voix. Ces listes en tout ont frisé 5 % des voix… Sans elles, c’est environ 2 % en plus que pouvait enregistrer EAG… soit 1 % de mieux qu’en 2013 où EAG était seule à gauche du PS.

Un deuxième facteur d’affaiblissement à surmonter était l’absence, pour des raisons de santé, de notre camarade Christian Grobet, qui figurait encore en tête de liste pour EAG en 2013! Or Christian Grobet a participé à tous les scrutins cantonaux depuis le début de l’Alliance de Gauche en 1993 et a toujours «pesé» lourd en faveur des listes où il était candidat, du fait notamment de son rôle historique dans la mise en place du dispositif genevois de protection des locataires. Or si Christian a siégé jusqu’au bout à nos côtés, s’il nous a offert un soutien moral et matériel précieux dans cette campagne, il n’était pas avec nous sur le bulletin.

Un troisième facteur nous a fait défaut toujours, c’est l’absence d’EAG à l’échelon municipal dans les grandes populaires de la périphérie urbaine: de Carouge à Lancy, d’Onex à Meyrin en passant par Vernier… des endroits où nous étions présents avec l’Alliance de Gauche et où nous devons reconstruire une présence qui se traduira au plan cantonal.

Avec ces handicaps, face à l’opposition frontale du PLR, et aux crocs en jambe de certains, le résultat d’EAG est très honorable. On passe devant l’UDC, avec près du double des voix d’Eric Stauffer et de son PLR-bis caricatural, qui disposait de plus d’un million pour sa campagne ostentatoire fourni, selon Stauffer, par des affairistes visant à nous éliminer du parlement.

Une campagne intense et imaginative

Ce résultat est le fruit d’une excellente campagne, la meilleure que nous ayons menée depuis longtemps, dynamique, unitaire, forte, s’appuyant sur nos parlementaires et leurs propositions (allant de la récupération des milliards du sauvetage de la BCGE au concept de ce qui est devenu l’initiative «Zéro pertes» contre PF 17), comme sur un engagement militant acharné de dizaines de candidat·e·s, avec l’appui d’un noyau précieux autour du secrétariat de solidaritéS qui a su, malgré ses difficultés, répondre présent au jour le jour durant de très longs mois de campagne, dès nos premières assemblées de quartier à l’automne, jusqu’à la veille du vote.

A relever, comme élément important à l’appui du succès de cette campagne, la prestation excellente dans les débats de nos candidat·e·s au Conseil d’Etat Jocelyne Haller et Jean Burgermeister, qui a accepté d’assumer cette charge au pied-levé.

A signaler aussi, comme appui à la campagne décisif, l’appel de nombreux syndicalistes à soutenir EAG, comme «relai parlementaire solide et fiable» ayant montré «une disponibilité sans faille» sur laquelle les syndicats genevois ont pu systématiquement compter…

A noter encore, le travail important de production et de diffusion de matériel traduit dans une demi-douzaines de langues, de l’albanais, au turc, en passant par le portugais, l’italien et l’espagnol… un matériel marquant non seulement par son impact direct sur les destinataires, mais comme signe d’ouverture et prise de position sur la citoyenneté des immigré·e·s. A noter enfin, les tracts «sectoriels» édités et distribués à destination des travailleurs·euses des HUG, des TPG, du social, des étudiant·e·s, notamment.

Pierre Vanek


Ce n’est pas fini… Jocelyne Haller reste en lice!

Notre campagne au Grand Conseil a carburé fort. Elle se prolonge, aujourd’hui, par la candidature de Jocelyne Haller au 2e tour, sur une «liste» propre d’EAG, qui appelle aussi à «barrer la route à la droite». Le PS et les Verts ont en effet malheureusement refusé d’engager leurs candidat·e·s sur un taux «neutre» de 16 % d’imposition des entreprises, que notre AG à solidaritéS, avec l’appui de nos amis du PdT et du DAL, avait fixé comme condition minimum pour une «liste» commune… Nous avons cependant conduit PS et Verts à faire un pas sur ce chemin, puisque leurs candidat·e·s se sont engagés publiquement à défendre l’initiative «Zéro pertes» (appuyée aussi par les syndicats) née comme projet de loi EAG proposé au Congrès de solidaritéS-GE au début du printemps dernier. Affaire à suivre donc! PV