Mexique

Mexique : AMLO élu président, et après?

Cette fois-ci, contrairement à ce qui s’était produit en 1988 lors de la candidature de Cuauthémoc Cárdenas (Partido de la revolución democratica), les ordinateurs ne sont pas tombés en panne.

Au terme de la campagne électorale la plus violente qu’ait jamais connue le Mexique – 145 candidat·e·s assassinés – Andrés Manuel López Obrador (AMLO), candidat de la coalition Juntos Haremos Historia (JHH) et dirigeant du MORENA (Movimiento de regeneración nacional), l’a emporté par 53,7% des suffrages contre 22,7% à Ricardo Anaya Cortés (Partido Acción nacional, PAN) et 15,3% à José Antonio Meade Kuribeña (Parti revolucionario institucional, PRI). Une déconfiture cinglante pour ce parti qui avait dominé depuis 1929 la vie politique mexicaine.

Les résultats des élections législatives ne sont pas encore connus, mais des décomptes partiels enregistrent une montée de la coalition JHH. Elle emporte également cinq des neuf États où se tenaient des élections régionales, ainsi que la mairie de México, qui sera occupée par Claudia Sheinbaum.

AMLO a promis de changer un pays rongé par la corruption et d’agir contre la pauvreté pour faire reculer la violence. Il vendra l’avion présidentiel et transformera le siège de la présidence, Los Pinos, en centre culturel. Il a promis de baisser de moitié le salaire des hauts fonctionnaires (y compris celui du président de la République).

Si AMLO a bénéficié d’un ras-le-bol envers les partis traditionnels, les organisations de la gauche radicale relèvent que, depuis 2006, il avait mis beaucoup d’eau dans sa tequila… Celles-ci n’appelaient donc pas à voter pour lui, mais se déclaraient prêtes à se mobiliser contre une possible fraude électorale (dont le PRI était spécialiste).

Hormis les soutiens d’anciens hiérarques des partis traditionnels, on trouve dans la coalition JHH le Partido Encuentro social (PES), d’obédience évangéliste, et donc ultra-conservateur sur les questions sociétales. «Sans programme réel pour les droits de la femme – les politiques de genre, l’avortement et le mariage homosexuel sont les grands tabous des élections mexicaines» (El Pais, 28.6.2018).

Il y aura un avant et un après dans un Mexique ravagé par les homicides et les féminicides, les inégalités sociales, la corruption et la dépendance économique vis-à-vis des États-Unis. La solution à ces problèmes ne viendra toutefois pas d’un président, si bien intentionné soit-il, mais de la mobilisation des mouvements sociaux.

Hans-Peter Renk