L'UBS prise la main dans le sac

La concurrence tant vantée dans les milieux bourgeois mène aux désastres écologiques et à la criminalité de grands groupes industriels et financiers. La récente condamnation en France de l’UBS a dévoilé une série de pratiques illégales.


Occupy Paradeplatz, 2011. – The Cassandra Project

Au début des années 2000, l’UBS fait la promotion des nouveaux services de sa filiale française en organisant des centaines d’événements prestigieux parfois même en présence des plus haut·e·s représentant·e·s de l’État.

Un dispositif d’évasion fiscale vers la Suisse

Il s’agit évidemment d’attirer une clientèle fortunée, pas les smicard·e·s. Les parcours de golfs et autres soirées «culturelles» ont un autre objectif que le simple démarchage. Des chargé·e·s d’affaire «spéciaux·ales» sont aussi invité·e·s. Ils et elles ont la particularité d’être citoyen·ne·s helvétiques et employé·e·s par UBS Suisse. Leur mission est très particulière. Convaincre toutes ces belles fortunes d’ouvrir un compte UBS… en Suisse, à l’abri du fisc français grâce au célèbre secret bancaire.

Évidemment, ce sont des pratiques totalement illégales. La direction le sait parfaitement. C’est pourquoi outre le secret de ces opérations, un «carnet du lait» est mis sur pied pour comptabiliser ces capitaux qui vont atterrir dans des coffres helvétiques. Il s’agit en fait d’un système parallèle de comptabilité enregistrant des opérations d’évasion fiscale.

La bombe américaine.

Mais en 2007 éclate aux USA l’affaire «Birkenfeld». Ce chargé d’affaires a avoué aux autorités avoir aidé de riches contribuables à échapper à l’impôt en leur proposant des placements à l’étranger. La banque doit livrer une liste de 4450 client·e·s qui ont fraudé le fisc et payer une amende record de 800 millions de dollars. En juin 2008, une perquisition a lieu dans le bureau du directeur général d’UBS France, créant la panique. Des employe·é·s reçoivent l’ordre de détruire des fichiers. Certain·e·s hésitent et deviennent des cibles pour la hiérarchie.1

L’amende de 3,7 milliards d’euros pour l’UBS est faramineuse, mais elle reste bien inférieure à la masse d’argent évadé, estimée à 10 milliards.

Les estimations du manque à gagner du fait de l’évasion fiscale en France font apparaître des sommes gigantesques. En juillet 2012, le sénateur Eric Bocquet déclarait «selon les estimations ce sont 40 à 50 milliards d’euros qui manqueraient au budget de l’État». Depuis les estimations sont montées à 80 milliards d’euros. Soit l’équivalent du déficit 2018. Ce ne sont pas des miettes.

À l’heure des politiques d’austérité et des cadeaux fiscaux, en France comme en Suisse, la lutte intransigeante contre la fraude et l’évasion fiscale des capitalistes doit se renforcer.

José Sanchez

Une employée qui est à l’origine de ces révélations a écrit son expérience dans le livre La femme qui en savait vraiment trop, Stéphanie Gibaud, Le Cherche Midi, 2014