Algérie

Algérie : Bouteflika sur le départ

Après des semaines de mobilisations massives, un communiqué a annoncé la démission du président algérien Abdelaziz Bouteflika avant l’expiration de son mandat, le 28 avril.

Selon la Constitution, une fois sa démission actée, c’est le président du Conseil de la Nation, la chambre haute du Parlement, Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assurera l’intérim durant une période maximale de 90 jours au cours de laquelle une élection présidentielle sera organisée.

Après avoir renoncé à briguer un 5e mandat à la suite de la fronde populaire sans précédent depuis des décennies que cette perspective avait provoqué, Bouteflika avait reporté la présidentielle prévue initialement le 18 avril et proposé de remettre ses pouvoirs à un successeur élu à l’issue d’une Conférence nationale censée réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution. Cette option impliquait qu’il reste au pouvoir au-delà de l’expiration de son mandat et jusqu’à une date indéterminée. Elle a été catégoriquement rejetée par les millions de manifestant·e·s en Algérie dont les mobilisations n’ont cessé de croître depuis le 22 février.

Victoire d’étape

C’est l’intensité et la profondeur du mouvement populaire qui a poussé le chef d’état-major de l’armée, le puissant général Ahmed Gaïd Salah, à affirmer que le départ du président du pouvoir était la solution à la crise, position à laquelle se sont rallié rapidement l’essentiel des piliers de son régime.

La clique dirigeante tente en fait à nouveau de gagner du temps à travers la décision d’imposer une transition politique contrôlée pour éviter la chute du régime en place, en sacrifiant uniquement sa tête. La priorité pour les dirigeants est de maintenir leur domination politique et économique sur le pays.

La démission de Bouteflika est sans conteste une victoire d’étape, mais comme l’ont exprimé des millions d’Algérien·ne·s, ce n’est pas seulement le président qui doit dégager, mais ce système injuste socialement et politiquement dans son entier.

La lutte des classes populaires d’Algérie pour la liberté et la dignité n’est encore qu’à ses débuts.

Joe Daher