Algérie
Soudan
De nouveaux espoirs pour la région?
Les soulèvements populaires soudanais et algériens ont ravivé des espoirs, bien que prudents, dans la région. Les processus révolutionnaires débutés à la fin 2010 et au début 2011 démontrent encore toute leur actualité.
Dans les deux pays, le renversement des personnalités à la tête de ces régimes est loin d’avoir été suffisant pour les manifestant·e·s. Les appels à continuer les manifestations et les oppositions face à ces régimes et à leurs représentants se sont multipliés, afin d’obtenir de réels changements politiques et socio-économiques en faveur des classes populaires.
Contre l’impérialisme
Les puissances régionales et impérialistes internationales ont assisté avec crainte à l’évolution de ces soulèvements populaires, les considérant comme une menace pour leurs propres intérêts et pour leur pouvoir. En réponse, ils ont exprimé leur soutien soit aux chefs des armées soudanaise et algérienne soit à une transition contrôlée par en haut sans changement radical. L’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont d’ailleurs proposé une aide de 3 milliards de dollars au régime de Khartoum, laquelle a été rejetée par de nombreux·euses manifestant·e·s.
Des secteurs de l’opposition populaire soudanaise ont demandé la fin de la participation militaire du Soudan à la guerre menée par le royaume saoudien au Yémen et ont rejeté toute intrusion du régime despotique égyptien de al-Sissi dans les affaires internes du pays. En Algérie, les manifestant·e·s ont également dénoncé le rôle impérialiste de la France et son soutien au régime algérien.
Une seule solution: la lutte par en bas
Pour tenter d’apaiser les frustrations populaires, les régimes annoncent des « réformes » pour « améliorer » et « nettoyer » le système de l’intérieur ou des soi-disant campagnes de luttes « contre la corruption » qui visent d’anciens hommes d’affaires liés aux autocrates déchus.
De même, la prudence est de mise au Soudan où un accord a été conclu le 28 avril 2019 par les leaders de l’opposition représentant le mouvement populaire avec les hauts généraux de l’armée pour la mise en place d’un Conseil conjoint qui sera formé de 15 membres (huit civils et sept généraux) et qui remplacera le Conseil militaire. Ce nouveau Conseil constituera l’autorité suprême du pays et sera chargé de former un gouvernement de transition pour gérer les affaires courantes et ouvrir la voie aux premières élections post-el-Béchir. Les rassemblements et les sit-in devant le QG de l’armée sont néanmoins maintenus jusqu’à l’instauration effective de ce Conseil.
Les manifestant·e·s soudanais·es et algérien·ne·s ont appris de leurs propres histoires politiques et des luttes révolutionnaires dans les pays avoisinants que ce n’est que par la résistance populaire, la participation de masse et l’auto–organisation par en bas qu’ils·elles seront en mesure de réaliser un changement radical et d’obtenir des droits démocratiques et socio-économiques. Seule une véritable remise en cause de leurs systèmes et des élites politiques et économiques dans leurs pays redonnera du courage aux classes populaires régionales.
Joe Daher